Publié il y a 2 h - Mise à jour le 01.02.2025 - Thierry Allard - 4 min  - vu 39 fois

TRICASTIN Nucléaire : Orano et EDF sur leur lancée

Le directeur d'Orano Tricastin Pascal Turbiault et celui de la centrale EDF Cédrick Hausseguy

- Thierry Allard

La traditionnelle cérémonie de voeux commune des sites Orano et EDF du Tricastin (Vaucluse/Drôme) se tenait ce vendredi à Pierrelatte (Drôme), alors que le nucléaire a le vent en poupe, aussi localement.

Elles semblent loin, les années post-Fukushima, à l’époque où l’atome était décrié et voué à progressivement disparaître. Car depuis, le nucléaire a connu un net regain, son statut d’énergie bas carbone pilotable l’ayant de nouveau rendu incontournable. Et, si ces dernières années EDF a rencontré des problèmes de production, 2024 restera un grand millésime, marqué par « une performance exceptionnelle », rappelle Cédrick Hausseguy, directeur de la centrale EDF du Tricastin. EDF a « dépassé ses prévisions », souligne-t-il : le parc nucléaire français a produit pas moins de 361,7 TWh, et en a exporté 90, « un record inégalé depuis 2002 », glisse-t-il.

La centrale du Tricastin a elle aussi passé une bonne année, avec une production annuelle « de près de 22 TWh, c’était notre objectif, il a été atteint », note Cédrick Hauseguy, le tout « sans jamais transiger sur la priorité absolue : la sûreté. » Une objectif atteint alors que la centrale achevait les quatrièmes visites décennales de ses réacteurs, devenant « le premier site français » à atteindre ce stade et à terminer la première phase du programme Grand carénage, qui vise à allonger la durée d’exploitation jusqu’à 50 ans. La deuxième phase se poursuivra jusqu’en 2028, pour des investissements d’1,6 milliard d’euros en tout.

Signe de la bonne santé du secteur, « en 2024 nous avons recruté 46 collaborateurs en CDI, 210 depuis 2020, et 60 alternants », présente le directeur, qui évoque aussi les cinq nouvelles conventions avec des lycées professionnels, notamment dans le Gard. La tendance continuera en 2025, avec la poursuite des recrutements « à la même hauteur que l’an passé » et la poursuite des investissements.

Et, à plus long terme, « à partir de 2029 et jusqu’en 2034, nous entamerons une nouvelle grande étape avec les cinquièmes visites décennales », avance le directeur. L’objectif est de porter la durée de vie des réacteurs à 60 ans, avec « une vision à long terme qui pourrait, sans tabou, c’est l'offre mise sur la table par le groupe EDF, envisager une exploitation de nos réacteurs jusqu’à 80 ans, soit jusqu’en 2065. » De quoi donner « des perspectives inégalées sur le long terme » au tissu économique local et régional, souligne-t-il, d’autant que Cédrick Hausseguy « n’oublie pas dans le futur une paire d’EPR 2 sur Tricastin en parallèle de nos quatre réacteurs actuels. » Pas retenu pour la première phase de construction de ces réacteurs EPR 2, le site n’a donc pas abandonné l’idée d’en accueillir à plus long terme.

« 3 milliards d’euros d’investissements et d’achats sur les 10 prochaines années »

Côté Orano Tricastin, les voyants sont aussi au vert. Ici, l’activité principale est le cycle du combustible, notamment l’enrichissement d’uranium. « Notre production annuelle permet à nos clients d’alimenter 90 millions de foyers, soit l’équivalent de la population de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni », rappelle le directeur du site, Pascal Turbiault. Au-delà de l’enrichissement, Orano Tricastin a aussi livré ses premiers clients en isotopes stables, qui lui permettent de se positionner sur des marchés comme l’industrie, le médical, la recherche et la filière quantique.

Mais le plus gros projet de 2024 sera aussi celui de 2025 et des années suivantes : l’extension de l’usine d’enrichissement Georges-Besse 2, qui doit augmenter la capacité de production de 30 %. De quoi aider à se passer de l’uranium enrichi russe, qui représente 30 % du marché occidental. « C’est une réponse concrète aux enjeux majeurs auxquels nous sommes collectivement confrontés », pose Pascal Turbiault, évoquant « la souveraineté énergétique européenne et occidentale » dans le contexte géopolitique qu’on connaît, et « la transition énergétique ».

La production de cette extension doit démarrer en 2028. « Nous sommes en ligne avec les enjeux du planning », rassure le directeur du site, pour un investissement d’1,7 milliard d’euros, « dans le top 5 des investissements réalisés en France durant cette décennie », glisse Pascal Turbiault. Le tout matérialisé par « à 90 % des entreprises françaises, régionales pour 70 % d’entre elles », rajoute-il.

D’autres investissements sont menés en parallèles, comme la construction d’un nouvel atelier de maintenance des emballages pour 40 millions d’euros, avec une mise en service à l’automne, et le projet de développement de l’usine de défluoration, « pour lequel nous investissons 130 millions d’euros pour les besoins de nos clients », note-il. En tout, ce sont pas moins de « 3 milliards d’euros d’investissements et d’achats sur les 10 prochaines années » qui sont programmés sur le site, en comptant l’extension de l’usine Georges-Besse 2.

Sur l’emploi, au-delà du personnel présent sur le chantier d’extension, entre 300 et 1 000 personnes, « Orano a recruté dans le sud-est en 2024 près de 1 000 personnes », rappelle Pascal Turbiault, et ce chiffre devrait rester à la même hauteur en 2025. Le site du Tricastin compte aussi quelque 150 alternants. « Nous avons de beaux enjeux de production avec des carnets de commande solides », avance Pascal Turbiault.

Enfin, « 2025 sera également l’occasion de tourner une page de notre histoire, avec le début de la déconstruction des tours aéroréfrigérantes, symbole historique de notre site », annonce le directeur. Ce sera fait dans les prochains mois, dans le cadre du démantèlement de l’usine Eurodif.

Thierry Allard

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