Publié il y a 2 h - Mise à jour le 04.02.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 41 fois

VINS Passée en Cru, l’appellation Laudun entame « une nouvelle ère »

Le président du Syndicat des vignerons de Laudun Luc Pélaquié et ses vice-présidents Thibault Brotte et Vincent Berne

- Thierry Allard

Le 23 novembre dernier, une publication au Journal officiel mettait fin à quatorze ans d’un travail acharné des vignerons de l’appellation Laudun. Cette publication faisait de Laudun le 18e Cru des Côtes du Rhône.

« Ce Cru, nous l’avons attendu 78 ans, rappelle le président du Syndicat des vignerons de Laudun, Luc Pélaquié. Les vignerons de Laudun sont patients. » Patients, mais opiniâtres : convaincus de leur « histoire multiséculaire et riche » qui distingue leur appellation, selon les termes de Luc Pélaquié, les vignerons ont travaillé dur pour obtenir le graal. Car il n’y a rien au-dessus de Cru dans la hiérarchie, et obtenir ce statut est assurément un plus « pour l’image des vins et leur valorisation », pose le vice-président, Vincent Berne.

Mais tout cela ne se fait pas en un claquement de doigts : la démarche a débuté officiellement en 2010, avant en 2012 le dépôt du dossier à l’INAO, l’Institut national de l’origine et de la qualité, et « entre 2013 et 2017 puis entre 2017 et 2022 deux comités d’enquêteurs, des experts, se sont rendus dans les vignes pour proposer une aire de production et valider un cahier des charges, avec des rendements plus restrictifs et des règles d’encépagement », développe Vincent Berne. Puis, à l’issue d’une enquête publique déposée dans les trois communes de l’appellation, Laudun-l’Ardoise, Saint-Victor-la-Coste et Tresques, le dossier a été validé avant la publication au JO.

Un dossier au long cours, ou plutôt « une aventure humaine », retrace Vincent Berne, qui se fait au prix d’une sélection drastique des parcelles concernées : d’environ 3 000 hectares en côtes du Rhône villages à 1 150 hectares en Cru. Avec une diversité de sols, des galets roulés au calcaire, en passant par le sable sur banc rocheux ou encore les banquettes argilo-calcaires, des sols qui font la typicité des vins du coin.

Un accent sur les vins blancs

Ce passage en Cru, s’il est un événement pour les vignerons, doit aussi marquer sur les marchés « une nouvelle ère », avance Thibault Brotte, co-président du syndicat côté négoce. Alors le syndicat a retravaillé entièrement sa charte graphique avec l’agence Clair de Lune, en « repartant d’une page blanche », avance-t-il, surtout que l’accent est mis sur les vins blancs, signature de Laudun dans la vallée du Rhône, avec 27 % de la production de ce premier millésime de Cru.

Tout sauf un hasard, puisque « aujourd’hui, les blancs ont le vent en poupe, et le style des Laudun, des blancs contemporains avec de la fraîcheur et de la finesse, est aligné sur la demande », développe Thibault Brotte. Et l’idée est de se servir des blancs pour ensuite emmener le consommateur vers les rouges, qui représentent encore la majeure partie de la production. La communication va se concentrer sur le marché français et l’hôtellerie-restauration, « pour être d’abord forts chez nous », commente Thibault Brotte. L’ensemble a pour but de « véhiculer des valeurs de fraîcheur, de finesse, d’élégance, le tout dominé par la couleur blanche », poursuit-il.

Dans un contexte contexte de crise viticole qui n’épargne pas la vallée du Rhône, loin s’en faut, ce passage en Cru est d’autant plus une bonne nouvelle pour les vignerons de Laudun. « Je ne dis pas que ça va révolutionner les ventes, mais ça nous permet de prendre la parole, d’apporter une nouveauté », estime Thibault Brotte. D’autant que les Crus se vendent plus cher. « Il y aura une augmentation très raisonnable », promet Luc Pélaquié, qui estime aussi que le Cru « va dynamiser les vignerons. » Ces tout premiers Crus Laudun seront à déguster à partir du 1er mars pour les blancs, et pas avant la fin de l’année pour les rouges.

Thierry Allard

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