Publié il y a 2 h - Mise à jour le 16.03.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 55 fois

CULTURE Puccini : Tosca, l'amour mis à mort

Scarpia et Tosca

- Photo Sandy Korzekwa

Hier soir au Théâtre de Nîmes, les amateurs d'opéra ont succombé au charme de la Tosca de Puccini et ce leitmotiv entêtant et que tout le monde connaît, qui a fait briller les étoiles pendant les trois actes.

Une église, un palais, une prison : trois lieux symboliques qui incarnent la foi, le pouvoir et la répression. Puccini brosse, en une journée intense, le portrait d’une Rome bouleversée par les conflits napoléoniens.

Tosca est amour

Angelotti, un fugitif, trouve refuge dans l'église Sant'Andrea della Valle auprès de Mario, tandis que Scarpia, chef de la police, poursuit sa traque impitoyable, habillé en officier nazi… Voici sans doute l’un des plus grands salauds du répertoire de Puccini. Lors d’un Te Deum grandiose, il exprime son désir obsessionnel pour Tosca, annonçant la tragédie à venir.

Au palais Farnese, Tosca la diva, artiste jalouse et amoureuse, contrainte par un odieux chantage, chante son désespoir Vissi d'arte, vissi d'amore (« J'ai vécu d'art, j'ai vécu d'amour »), avant de poignarder Scarpia au cœur afin de sauver Mario, l’amour de sa vie. Elle se précipite ensuite au château Saint-Ange, où Mario, emprisonné, exprime son amour et son regret dans un dernier lamento. Tosca croit à un espoir de fuite, mais Scarpia, même mort, orchestre leur malheur.

Le théâtre de Nîmes avait ouvert le Golfo Mistico pour l'occasion • Photo Sandy Korzekwa

Nouée et dénouée en moins d'une journée, l'action de Tosca est inscrite dans l'histoire et la topographie romaines. Les librettistes Luigi Illica et Giuseppe Giacosa évoquent précisément le 17 juin 1800, lorsque la Ville éternelle apprit la victoire de Bonaparte à Marengo qui scellait le succès de la campagne d'Italie. « Vittoria, vittoria », exulte alors Mario, lui qui épouse la cause des républicains. Leur éphémère gouvernement était écrasé quelques mois plus tôt par les forces conservatrices du royaume de Naples.

Triade

Puccini invente ici une écriture orchestrale et vocale exceptionnelle, où la fresque et la confession intime s'entrelacent dès les premiers accords. Un décor de paysage pasolinien, sur lequel plane l’ombre écrasante d’une croix, symbole des oppressions politiques et religieuses.

Depuis un an et demi, le Théâtre Impérial Opéra de Compiègne, créé en 2023, est en tournée dans les villes de France. Des scènes modestes, comme le théâtre de Nîmes, peuvent donc accueillir cet opéra grandiose mis en scène par Florent Siaud en trois actes, sans entracte. Orchestre réduit, dans un décor adapté, efficace, aux couleurs rouges. La soprano guyanaise Marie-laure Garnier, le baryton Christian Helmer et le ténor mexicain Joel Montero forment le trio principal. Une triade de figures complexes, sur lequel plane l’ombre de Scarpia, archétype du bourreau, probablement hanté par ses crimes, comme Macbeth.

Ce sont aussi trois apothéoses musicales, avec un Te Deum, Vissi d'arte, un adieu à la vie et… E lucevan le stelle, qui abrite, à la façon de Wagner, ce leitmotiv entêtant et que chacun de nous a déjà en tête, à écouter absolument ici à 1m25s.

Ce spectacle onirique, mais accessible, aura ravi les mélomanes Nîmois, lyriques et connaisseurs. Pour l'occasion, le Golfo mystico (fosse d'orchestre) du théâtre Bernadette Lafont a accueilli l'orchestre des Frivolités parisiennes, dirigé par Alexandra Cravero. Dernière représentation cet après-midi à 17 h.

Dimanche 16 mars 2025 17:00
Salle Bernadette Lafont

TOSCA

Théatre Impérial – Opéra De Compiegne

Giacomo Puccini

Mise En Scene Florent Siaud*
Direction Musicale
Alexandra Cravero
Conseiller Musical Fabien Waksman
Assistant A La Mise En Scene Johannes Haider
Scenographie Romain Fabre
Lumieres Nicolas Descoteaux
Video Eric Maniengui
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Coiffures Et Maquillages
Emmanuelle Verani
Arrangement Benoit Coutris
Avec
L’orchestre
Les Frivolites Parisiennes*,
Marie-Laure Garnier Soprano,
Joel Montero Tenor,
Christian Helmer Baryton,
Adrien Fournaison Et
Mathieu Gourlet Baryton-Basse,
Etienne De Benaze Tenor,
Baryton-Basse
Et La Participation Du Chœur
Les Metaboles
* Artiste en résidence
Au Theatre Imperial – Opera De Compiegne

Yannick Pons

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