Publié il y a 8 h - Mise à jour le 23.02.2025 - Propos recueillis par Thierry Allard - 3 min  - vu 66 fois

L’INTERVIEW L’auteur Bruno Baudart : « La nouvelle, c’est un sprint »

Bruno Baudart en compagnie de l'organisation du Festival du livre de Pont-Saint-Esprit, en novembre dernier

- Amélia Arfi

Deux fois lauréat du concours de nouvelles du Festival du livre de Pont-Saint-Esprit en 2022 et 2024, Bruno Baudart a publié un recueil de nouvelles de polar et thriller qui ont toutes un point commun : les femmes (« Ces femmes couleur sang », éd. Les Mondes futuristes).

L’auteur, Parisien d’origine mais installé depuis des années dans l’Hérault, manie dans ses textes des sujets lourds, comme l’inceste, et n’a pas peur de pousser les curseurs dans le thriller. Un recueil à ne pas forcément mettre entre toutes les mains donc, mais qui met à l’honneur un format souvent délaissé dans nos contrées : la nouvelle, que Bruno Baudart maîtrise au point de collectionner les prix. Interview.

Objectif Gard : Pourquoi les femmes ? Et plus précisément, pourquoi dans vos nouvelles vous abordez souvent le thème de l’inceste, du viol ?

Bruno Baudart : Disons que ma première nouvelle, je l’ai écrite quand j’avais 8, 9 ans. Dans ces quelques lignes, je parlais déjà d’une petite fille qui rentrait chez elle en pleurant. Ces traumatismes qui remontent à l’enfance, ça ne m’a jamais quitté depuis. Je crois beaucoup au traumatisme transgénérationnel, et dans ma famille, quelqu’un m’a passé involontairement un lourd fardeau. Alors je n’ai pas le choix, toute ma vie, je n'ai fait qu’écrire là-dessus. C’est un peu une mission, alors je m’y plie.

Dans vos récits, le moins que l’on puisse dire, c’est que vous n’avez pas peur du sang.

Mais si, j’ai peur du sang ! C’est peut-être un côté jouer avec mes peurs, peut-être pour les expurger. Mais en fait, je crois surtout que je n’ai pas le choix. Dire la vérité, c'est important, même si c'est dans une fiction.

Vous jouez aussi avec les registres de langage : familier, plus soutenu, style direct ou indirect. Ce travail sur le style est important pour vous ?

Oui, pour m’être intéressé beaucoup à la « beat generation », j’ai été fasciné, dans « Sur la route » de Jack Kerouac, par un passage où il parle d’un pianiste, de la façon dont il joue, et en le lisant, je l’ai entendu dans ma tête. J’ai repris ça dans une de mes nouvelles, que j’ai écrite en écoutant en boucle le même concerto. Ce type d’expression me plaît beaucoup.

C’est en quelque sorte un jeu ?

Je ne le prends pas comme un jeu. J’essaie d’écrire ce que j’ai dans la tête, sans filtre. Quand je me contrôle, ce que j’écris n’est pas intéressant. Le lâcher prise, c’est ça que je cherche.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le format nouvelle ? La brièveté, le défi d’installer des personnages et une intrigue en peu de mots ?

J’en ai écrit 110, à peu près. Disons que tout ne va pas dans un roman, on n’a pas toujours à développer une intrigue. La nouvelle, c’est un sprint, elle vous oblige à être concis, et pour moi, ça a été une bonne formation. La nouvelle oblige à trouver le mot juste, à ne pas délayer, à rentrer tout de suite dans le vif du sujet.

Pour autant, c’est un format qui, s’il est populaire aux États-Unis ou en Angleterre, ne l’est pas vraiment chez nous.

Et c’est bien dommage. D’ailleurs, avec mes royalties je me suis acheté un traducteur automatique et je vais traduire certaines de mes nouvelles en anglais. J’aimerais bien participer à des concours anglo-saxons.

Un mot sur vos projets, qui ne concernant pas que des nouvelles, non ?

En 2025, je me suis promis de sortir mon premier roman. Ça s’appelle « Kocott », et ça parle d’un serial-killer. C’est vraiment noir. Il est fini, il ne me reste qu’un ou deux passages à peaufiner. Je vais aussi mettre la dernière main à « La mémoire du bonheur », un essai sur la mémoire, le couple, les rêves. Et j’aimerais sortir un deuxième recueil de nouvelles, en le faisant illustrer par quelqu’un que je connais, et y rajouter quelques photos — je suis photographe à la base. Si je sors ces trois livres-là cette année, je serai un auteur comblé. Et je compte bien participer à quelques concours !

Propos recueillis par Thierry Allard

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