NÎMES Festival Flamenco : Ana Morales ouvre le bal, à sa manière, bien "particulière"
L'ouverture officielle de la 33e édition du festival Flamenco de Nîmes, a été confiée à Ana Morales. L'ancienne soliste du Ballet Flamenco d’Andalousie a présenté hier soir, sa nouvelle création "Peculiar", un cuadro flamenco récompensé du prix national de danse 2022 dans la catégorie "Interprétation".
Mais avant que le bal ne soit lancé, le théâtre de Nîmes a tenu à rendre hommage au regretté René Robert, photographe et "ami fidèle du festival Flamenco", a rappelé François Noël. Une exposition de quelques-unes de ses portraits photo de grands artistes flamencos est ainsi présentée dans le hall du théâtre Bernadette-Lafont. Le vernissage a eu lieu ce mercredi, presque un an, jour pour jour, après sa mort - le 20 janvier 2022 - à l'âge de 85 ans.
Cet homme né à Fribourg en Suisse, photographe publicitaire, est tombé sous le charme du flamenco en 1966. "En 1967, il a commencé à faires des photos d'artistes, c'est un portraitiste exceptionnel". Très émue, Corinne Savy, docteur en philosophie, ethnomusicologue et anthropologue de la danse, ne parvient pas à parler de René Robert, qu'elle considère comme "un frère", au passé.
Mais au-delà de sa relation particulière qu'elle entretenait avec celui qui était respecté de tout le mundillo flamenco, Corinne Savy insiste sur la particularité de son travail. "Il avait sa propre manière de saisir les êtres, à travers leur élan musical, leur corps. Sa façon de cadrer, proche des visages, permet de se concentrer sur ce qui habite les artistes, dans leur chant, dans leur danse." Corinne Savy animera une conférence intitulée "René Robert, portraitiste de l’intime, du sensible et du sonore", le jeudi 19 janvier à 12h30 au bar du théâtre.
"Peculiar" d'Ana Morales
Une séquence émotion suivie d'une autre avec le retour d'Ana Morales sur la scène du théâtre de Nîmes. L'ancienne soliste du Ballet Flamenco d’Andalousie est venue présenter son cuadro flamenco, "Peculiar" (particulier, étrange en français), récompensé en 2022 par le Ministère espagnol de la Culture avec le Prix national de Danse dans la catégorie "Interprétation". Une performance déroutante, percutante, emportée par le chant profond de Tomás Fernandez Soto, dit Tomás de Perrate, digne descendant d'une famille de cantaores.
Danseurs - Antonio Molina dit “El Choro” et Julia Acosta - chanteurs et musiciens - Ana Crismán, Rycardo Moreno et Miguel Marín Pavón - occupent la scène aux côtés d'Ana Morales. Dans une ambiance parfois sombre, froide, les corps se tordent, s'envolent, tourbillonnent, s'affrontent, se calment et de nouveau s'affolent. Comme dans ces duos Ana Morales-Antonio Molina, Antonio Molina-Tomás de Perrate. La puissance dans les gestes, dans la voix, dénote une certaine urgence.
Aux différentes séquences s'ajoutent des projections vidéos. S'affranchir des codes, du diktat académique... Ana Morales propose un flamenco libre, en plein renouveau. Le choix de la couleur verte, sur l'une de ses robes, dans l'éclairage, n'est certainement pas un hasard. Le festival Flamenco se poursuit ce jeudi soir avec David Coria.