Publié il y a 2 h - Mise à jour le 22.01.2025 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 33 fois

GARD La CCI met en place sa « veille entreprises »

Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)

Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)

L’économie gardoise est fébrile mais la Chambre de commerce et d'industrie fait l’effort d’être au plus près des entreprises les plus fragilisées.

Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)
Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)

Les entreprises gardoises sont nombreuses à ne plus voir d’avenir serein. Leurs chefs ont pris des risques, n’ont pas anticipé, ne peuvent plus payer les salaires… Bref, il y a des problèmes et 2025 sera une année dure.

En attendant le mercredi 29 janvier 18h et ses vœux à Paloma, la CCI via son président Éric Giraudier prend la parole… « Je n’ai pas l’habitude d’être l’oiseau de mauvais augure mais je n’ai pas non plus l’habitude de pratiquer la politique de l’autruche. Le but est d’être au plus proche des entreprises en les accompagnant. Nous avions fait une action forte pendant la période Covid, mais là, le virus est plus économique, surtout depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. »

La CCI observe un arrêt net des investissements, une économie des entreprises qui semble fragilisée et un manque certain de visibilité et de sécurité financière. Tensions sur les crédits à court terme, tensions avec les fournisseurs, « la situation est compliquée… »

Et le président Giraudier de continuer : « En 2024 le nombre de défaillances d’entreprise est record. On s’est dit, localement et sur notre périmètre d’action autour des 50 000 entreprises gardoises, que nous pouvions agir collectivement. C’est important ! Des dispositifs d’accompagnement existent mais il y a un écart entre ce qui est proposé et les besoins des entreprises. »

Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)
Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)

En effet, les entreprises se ressemblent peut-être mais chacune a ses spécificités. Alors la CCI veut éviter le pire. Les chefs d’entreprise qui se cachent les yeux, ceux qui ne veulent pas voir, ceux qui ne voient pas, ceux qui ont peur de voir…

« Avec nos outils et tout en restant confidentiel et anonyme, bien sûr, on peut détecter des entreprises en difficulté ou en tout cas faire un diagnostic de leur état en croisant plusieurs indicateurs dont un questionnaire d’autodiagnostic. Après, on les orientera vers le bon dispositif grâce à un rendez-vous physique dès la mi-février. Nous réactivons les bonnes solutions. »

C’est le dispositif « Veille Entreprises CCI ». Jean-Marie Albouy, président encore quelques jours, du Tribunal de Commerce, a son expertise. Il rejoint l’équipe après 16 années de prévention en la matière et une longue expérience au TC de Nîmes. L’an dernier, la cellule de prévention du TC a traité 110 cas d’entreprises gardoises, mais en tout, le TC a eu affaire à 606 dossiers dont 561 pour des entreprises de moins de cinq salariés dont 533 ayant un chiffre d’affaires de moins de 750 000 euros. En dessous cette barre, on passe sous les radars de la Banque de France.

Ce passif représente tout de même plus de 65 millions d’euros ! C’est pour cela qu’une cellule de veille va être mise en place par la CCI via le Comité d'Information et de prévention (CIP) des entreprises et les bonnes volontés qui se joignent à l’opération.

Les entreprises ciblées seront contactées et, selon leur bon vouloir, entreront dans la danse ou pas. « Il faut traiter le problème au fur et à mesure, le plus tôt possible. Avec le CIP, il y aura aussi des avocats et des comptables pour aiguiller de manière plus fine. »

Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)
Jean-Marie Albouy du Tribunal de commerce de Nîmes, Eric Giraudier de la CCI du Gard et Jean-Marie Chabaud du CIP (Photo Anthony Maurin)

Pour Jean-Marie Chabaud, président gardois mais national du Comité d'Information et de prévention des entreprises : « On atteint des plafonds non atteints depuis 2010, les chiffres 2024 sont assez inquiétants. Les entreprises sont un peu plus importantes que par le passé et elles pèsent plus sur l’économie. Le constat est que nous n’arrivons pas à faire venir les entreprises pour les aider dans leurs difficultés. Les gens ont une vraie retenue à aller parler de leur problématique au Tribunal de commerce… Il faut démystifier tout cela car on n’est pas toujours obligé de passer par là. »

Orgueil mal placé, blessure ouverte, statut à conserver, les raisons sont diverses mais les chefs d’entreprises meurent en silence. Cependant, leurs salariés et leurs créanciers ne doivent pas subir cette gestion. « Des procédures peuvent être appliquées, il n’y a pas de tabou ! Le CIP est relancé, tout est gratuit, confidentiel, anonyme. Au plus tôt on traite, au plus vite on résout »

Pour l’équipe, il s’agira de contacter 20 à 25 % des entreprises gardoises. Parmi elles, et si elles rentrent dans le bon processus, certaines pourraient s’en sortir. Et nous ne parlons pas encore d’un autre souci d’envergure et qui arrive fort, les remboursements des prêts garantis par l’État… Il y a 37 milliards d’euros en France qui devront être remboursés dans deux ans.

Voeux CCI30 Chambre de commerce et d'industrie Paloma janvier 2024 (Photo Anthony Maurin)
Les voeux de la CCI30 se feront encorte à Paloma fin janvier 2025 (Photo Archives Anthony Maurin)

« Le premier semestre 2025 sera décisif car tous les secteurs sont concernés », ajoute le président de la CCI. Éric Giraudier est aussi revenu sur l'avancée de la prospective économique Gard 2030. Porté par les acteurs économiques et les forces vives du territoire, Gard 2030 délivrera une vision du développement économique du territoire à l'horizon 2030.

« L’objectif sera d’identifier les enjeux gardois vus par les entreprises gardoises. C’est ouvert à tout le monde, le but est d’avoir le plus de matière possible pour le moyen terme. La restitution est prévue le 16 juin prochain pour l’inauguration de la Maison de l’entreprise. »

Anthony Maurin

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