JUSTICE Un ancien CRS tire dans un bar-tabac après un désaccord avec le buraliste
Un homme de 66 ans a tiré trois fois dans un bar-tabac avec une arme qu’il avait dérobée 30 ans auparavant.
Le 7 octobre 2023, un ancien policier se rend dans un bar-tabac de Saint-Gervasy à plusieurs reprises entre 14 heures et 15 heures. Ce dernier n’a pas d’argent sur lui, alors le buraliste lui fait une note de frais afin qu’il vienne régler sa dette dans la journée. Au bout de la troisième fois, le commerçant refuse de continuer à lui faire ses notes.
Le client revient aux alentours de 15h45 pour payer sa dette de 52 euros. Mais il en profite pour insulter le buraliste qui, selon lui, ne lui a pas fait confiance. Après un échange de noms d'oiseaux gratinés, l’ancien CRS sort une arme et tire à deux reprises en direction du buraliste. Un client tente de calmer le jeu, mais le retraité s’en prend à lui et le vise. Heureusement, il ne le touche pas car le client réussit à se cacher.
Un arsenal à son domicile
Les gendarmes de Marguerittes sont sollicités dans la foulée. Ils interpellent le tireur de 66 ans dans le bar, une bière à la main ! Alcoolisé, il insulte les agents. Ce dernier avait néanmoins pris soin de cacher son arme sous les roues de sa voiture. Lors de la perquisition de son véhicule, une matraque et trois couteaux aiguisés sont retrouvés. À son domicile, un arsenal d’armes tels que des fusils à canon de catégorie A, un révolver à poudre noir et plus de 600 cartouches de calibre 9, 12, 16 et 36 ont été saisies.
L’ancien policier était chasseur depuis ses 16 ans, mais certaines armes ne servaient pas à la chasse, et aucune n’a été déclarée en préfecture. Durant l’enquête, le prévenu va reconnaître peu à peu les faits. Après avoir été incarcéré en détention provisoire pendant cinq mois, il a été libéré sous bracelet électronique.
Le jugement
Ce mercredi 22 janvier, le sexagénaire est jugé par le tribunal correctionnel de Nîmes. “J’ai honte, je regrette vraiment mes actes disproportionnés”, assure-t-il. Fort heureusement, le prévenu n’a blessé personne physiquement. Le président du tribunal explique : “En tant que policier, monsieur a gardé une arme récupérée sur un trafic de drogue pour tirer dans un lieu public 30 ans plus tard, au lieu de la rendre”. L'expertise psychologique a démontré que le prévenu était atteint de dipsomanie (une forme d'alcoolisme, NDLR) avec des troubles bipolaires.
“Mon client est gérant de bureaux de tabac depuis plusieurs années. Et parce que monsieur est déçu et frustré, il va presser la détente en sa direction. Il se balade avec une arme à feu sur lui et un arsenal dans sa voiture. Et quand il est frustré, celui-ci sort une arme qu’il possède illégalement. Depuis, mon client a de fortes angoisses. Je demande 5 000 € de préjudice moral”, plaide maître Vandrebecq pour la partie civile.
Le procureur de la République donne ses réquisitions : “Le 7 octobre 2023, nous avons frôlé un drame. Monsieur était déterminé. Puis, il connaît la législation française par son ancienne activité professionnelle. Je demande 5 ans de prison avec mandat de dépôt, dont un an assorti d’un sursis probatoire pendant deux ans, une obligation de soins et une interdiction de rentrer en contact avec les victimes, de porter une arme durant 15 ans et la confiscation de son permis de chasse et de ses armes”.
“Monsieur a souffert à un moment donné de trouble psychiatrique. Ce jour-là, monsieur avait perdu le contrôle de lui-même et vous devez en tenir compte. Aujourd’hui, il est pris en charge”, assure maître Juan, pour le prévenu. Le tribunal correctionnel de Nîmes l’a condamné à 4 ans de prison dont 16 mois aménageables, l’obligation de soins, d'indemniser la victime à hauteur de 5 000 €, et une interdiction de séjourner à Saint-Gervasy, de porter une arme pendant 15 ans et la confiscation de son permis de chasse et de ses armes.