ARLES Un soignant mis en examen pour des agressions sexuelles sur des patientes
Il a été placé en garde à vue et mis en examen il y a quelques jours pour des agressions sexuelles sur des patientes.
Ce soignant en libéral du département des Bouches-sur-Rhône lui avait été recommandé. Amélie(*) a franchi la porte de son cabinet en toute confiance, c’était en 2020 la première fois. La maman y amenait ses enfants, accompagnée de son compagnon. L’attitude du spécialiste installé dans le secteur d'Arles/Tarascon n’avait alors éveillé aucun soupçon.
Lors d’un autre rendez vous pour des problèmes dorsaux la trentenaire, cette fois-ci seule avec le praticien, avait ressenti un malaise. « Il avait demandé à passer sa main sous ma culotte expliquant qu’il voulait contrôler mon périnée, puis il m’a touché la poitrine, sous le soutien-gorge, se souvient-elle. Il m’a fait mettre à plat ventre, m’a demandé de laisser pendre mon bras qui touchait ce que je croyais être son genou et qui était en réalité son sexe en érection. J’ai enlevé ma main à plusieurs reprises ». Amélie n’avait alors pas pris conscience de ce qui venait de se jouer dans ce cabinet.
À l’été 2023, souffrant de douleurs au niveau des cervicales, elle y retourne. Et comme la fois précédente, il ferme la porte à double tour derrière elle. « Dès qu’il a commencé à me masser, j’ai senti que ce n’était pas sain. Et il m’a demandé de me mettre sur le ventre, mon bras pendant comme la dernière séance, que j’ai retiré à plusieurs reprises. Je me souviens qu’il employait des termes très techniques, qu’il me demandait de me détendre. Et puis sans m’expliquer pourquoi, il a passé sa main entre mes fesses, dans ma culotte et j’ai senti deux doigts en moi. Je me suis raidie, j’ai contracté pour qu’il les retire. » Amélie pense à s’enfuir mais « j’ai eu peur de sa réaction, la porte était fermée à clé ». Paralysée, la jeune femme subit les manipulations du praticien, « et il y revient, il m’explique cette fois que c’est pour le périnée. Je me mure dans le silence et puis au bout d’un moment, je lui fais remarquer que la séance dure depuis longtemps. » 1h50 précisément. « Sortie de là, j’étais en larmes. » Amélie appelle une amie pour lui confier ce qu’elle vient de subir, laquelle lui conseille d’aller au commissariat, mais elle n'y va pas. « Dans ma tête, c’était le brouillard complet. Je n’avais qu’une envie, aller me doucher. Et quelques jours plus tard, j’ai reçu des sms de ce praticien pour prendre de mes nouvelles, me demander si je voulais reprogrammer une séance, qu’il me l’offrait même. »
Pendant un an et demi, la trentenaire s’est tue, cachant ses angoisses. Mais dimanche dernier, une publication sur les réseaux sociaux dénonçant des faits de harcèlement, d’attouchements et d’agressions sexuelles de la part du spécialiste, a ravivé le souvenir non pas oublié mais enfoui « par honte », de cette agression. « J’ai eu envie de vomir. J’ai alors réalisé que je n’étais pas folle, que je n’étais pas la seule. De ce que je sais la première plainte remonte à 2021. » Amélie réalise alors qu’elle est une victime, « j’en prends conscience aujourd’hui, c’est une tornade qui se passe à l’intérieur de moi. » Elle est désormais prête à porter plainte, elle a appelé le commissariat et attend une convocation. « Aujourd’hui je témoigne parce que c’est nécessaire, pour permettre aux autres femmes qui n’osent pas en parler, de trouver le courage pour le faire. Il ne faut plus que ça arrive. Demain ça peut être nos gamins, alerte-t-elle. J’ai eu honte pendant un an et demi, mais ce n’est pas à moi d’avoir honte. »
Selon nos informations ce praticien du département du 13 a été placé en garde à vue et mis en examen récemment pour des agressions sexuelles. Une information judiciaire est ouverte et il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer. A ce stade il y aurait au moins quatre plaintes. Les investigations se poursuivent alors que l'affaire fait grand bruit notamment sur les réseaux sociaux dans la région d'Arles...
*Le prénom a été modifié.