AU PALAIS Le bateau lui passe dessus lors d'une sortie en ski nautique: "Je croyais mourir, j'ai hurlé, vous m'avez coupé"
La sortie entre amis se termine dans le sang et à l'hôpital pour un homme sportif et passionné de ski nautique. Pourtant la journée est ensoleillée et radieuse à bord du bateau qu'empruntent trois copains. Ils quittent la Grande Motte et se dirigent vers le lac du Ponant , décrit par la victime comme "un miroir à l'abri du vent". Une journée sans programme précis pour les trois complices, avec boissons à bord, un peu de cannabis et, en fin de journée, un drame qui se profile.
" J'ai demandé de faire une dernière session de ski nautique que je pratique depuis l'âge de 18 ans", poursuit le quadragénaire à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes. Il se met à l'eau, n'a pas le temps de s'attacher au bateau. Le conducteur de l'embarcation, son meilleur copain, n'attend pas. Il fait rugir le moteur et se dirige vers le plaignant. " J'étais à l'eau, j'ai entendu le moteur démarrer, mettre le plein gaz 25 mètres face à moi. L'accélération était tellement brutale que j'ai vu le bateau se soulever et la coque arriver face à moi. J'ai été happé sous le bateau, je suis un miraculé, je ne devrais pas être devant vous aujourd'hui", revit à la barre du tribunal la victime. "J'étais blessé, en sang, à la tête. Les hélices m'avaient broyé le corps. Je croyais mourrir, j'ai hurlé "vous m'avez broyé"," poursuit cet homme. Un blessé qui parvient à remonter sur le bateau avant de s'effondrer et perdre connaissance. Il a été ensuite opéré et placé plusieurs jours en soins intensifs. Il ne pourra plus se mettre à l'eau pour pratiquer son sport favori. et garde des séquelles physiques et psychologiques importantes.
Aujourd'hui, son ancien meilleur ami, lui fait face au tribunal. Leurs versions sont différentes même si les conséquences sont incontestables pour cet ingénieur qui ne travaille plus depuis ce 11 juillet 2020, date de l'accident. Le conducteur du bateau lui est renvoyé en correctionnelle pour "blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence". Un prévenu qui affirme être lui aussi broyé psychologiquement par cet accident où il a blessé son meilleur ami qui lui tourne le dos depuis.
Le tribunal présidé par Jérôme Reynes apprend lors de l'audience qu'un précédent existe et que le prévenu prend beaucoup de risques lorsqu'il a bu. Quelques semaines avant l'accident de ski nautique, alors qu'il était encore avec son meilleur ami, il a décidé de faire au volant de sa voiture un frein à main incontrôlé. La même victime avait déjà été blessée dans ce périple sur route. "Il aime bien jouer, il aime bien la vitesse et il oublie les règles élémentaires de sécurité", complète le blessé devant le tribunal.
"C'est un dossier dramatique quelle que soit la version des uns et des autres. La faute est évidente, estime le vice-procureur Arnaud Massip. Il y a bien une faute de conduite avec en plus de l'alcool et du cannabis, car le bateau lui fonctionnait bien selon l'enquête et les vérifications entreprises par les gendarmes".
La défense du prévenu consiste à dire qu'il y a eu un incident à la barre et qu'il n'est pas parvenu à redresser avant le choc. Le problème est que les investigations techniques effectuées par la gendarmerie, n'ont détecté aucun problème.
Le prévenu est reconnu coupable. Il est sanctionné d'un an de prison avec un sursis probatoire pendant trois ans. Il doit en outre indemniser la victime et il lui est interdit de conduire un bateau.
Boris De la Cruz