AU PALAIS S’il vole depuis 25 ans, c’est de la faute de ses mains !
« Bonjour monsieur le juge. Mes respects ». Dès son entrée dans la salle d’audience du palais de justice de Nîmes, Dominique dénote par son attitude. L’homme est au tribunal comme chez lui et c’est bien là le problème.
10 pages de casier judiciaire, 28 mentions et un parcours dans la délinquance commencé en 1995. Voilà qui pose un homme. Dominique sait parfaitement ce qu’il risque pour les vols commis en juin 2020 et janvier 2021 à Vauvert. Le président, Jean-Michel Perez, évoque les derniers du 14 janvier quand il a été trouvé par une Vauverdoise à l’intérieur de son domicile. Courageusement, cette maman d’un enfant en bas âge parvient à le faire sortir de chez elle. Prévenus, les gendarmes mettent rapidement la main sur l’homme de 48 ans, connu comme le loup blanc. Une perquisition à son domicile permettra de découvrir un portefeuille volé un peu plus tôt dans une pharmacie de Vauvert.
« Je tiens à m’excuser auprès des victimes qui ont dû être très choquées », semble réciter l’habitué des prétoires. Il poursuit : « J’avais pourtant promis à ma mère de ne plus rentrer en prison, mais je me suis remis à boire il y a quatre mois. Tout ça, c’est à cause de mes mains ! » se défend Dominique, qui vit chez sa mère depuis dix ans et bénéficie de l’allocation adulte handicapé. Très au fait du système judiciaire, il devance le procureur et requiert contre sa propre personne : « Ce que je vous propose, c’est de me mettre le maximum de sursis avec mise à l’épreuve. Allez, mettez-moi 2 ans, je les prends ! ».
Mais le procureur, le vrai, Romain Domingues, estime qu’il mérite un peu plus et surtout de retourner faire un tour en prison pour qu’il comprenne la gravité de ses actes et des conséquences sur les victimes : « Ce n’est jamais de sa faute. Aujourd’hui, ce sont ses mains qui sont responsables, mais ce n’est pas lui. Parfois, c’est l’alcool. Monsieur est tout simplement un professionnel du vol qui ne peut pas s’en passer », analyse-t-il avant de requérir 18 mois de prison dont 6 avec sursis.
Pour son avocate, Me Laurence Aguilar, la prison ne serait pas la solution. Il faudrait surtout le soigner contre son addiction à l’alcool. « Si la détention avait un véritable effet, il n’aurait pas 28 mentions sur son casier », plaide-t-elle. Il en aura tout de même une 29e : Dominique est condamné à un an de prison dont la moitié avec sursis et une obligation de soins. Et croyez-le ou non, ses mains sont encore passées à la trappe.
Tony Duret