ÉDITORIAL Interventions policières en milieu scolaire : quelles sont les limites ?
Est-ce qu'un jeune élève doit être interpellé directement dans sa classe ? Devant les autres élèves ?
Le climat anxiogène de ces dernières années, le traumatisme des attentats passés, et la volonté du tout répressif exacerbée par une droitisation du débat politique pousse au paroxysme des actions de rétablissement de l'ordre ou de neutralisation d'individus. Entendons-nous bien, dans la quasi totalité des cas, les interventions sont logiques et nécessaires. Dans d'autres, comme au sein des enceintes scolaires, le discernement est nécessaire. L'exemple le plus récent, qui date de quelques jours, concerne un collégien interpellé directement dans sa classe en région parisienne pour une affaire d'harcèlement présumé sur les réseaux sociaux sur une autre élève. Légitimement, la méthode employée par la police interroge. Même si la multiplication de cas de suicide chez des jeunes après un harcèlement scolaire ne peut pas être ignorée. Mais est-ce qu'un jeune élève doit être interpellé directement dans sa classe ? Devant les autres élèves ? À Nîmes, en début de semaine, un collégien a aussi été placé en garde à vue après des violences et des menaces sur un conseiller principal d'éducation. Que le mineur soit mis hors d'état de nuire est une chose, qu'il soit arrêté dans l'établissement scolaire en est une autre. D'autant qu'un protocole datant de 2004 prévoit que le chef d'établissement peut demander l'intervention des services de police ou des unités de gendarmerie, mais quand des situations de danger ou de trouble à l'ordre public l'exigent. Comme le rappelle nos confrères du Parisien, à l'intérieur de l'établissement, les forces de l'ordre peuvent interpeller un élève, mais dans un lieu propice comme le bureau du proviseur ou du principal, afin que le trouble à la vie scolaire soit limité. Dans le Gard, une convention datant de 2021 a été signé entre différentes parties sous l'égide de la préfecture. Objectif : la sécurisation de l'espace scolaire, et surtout, la prévention de la délinquance, de la radicalisation et des violences scolaires. Les principaux axes sont la sécurité aux abords des établissements par des patrouilles mobiles. La conduite d'actions de prévention auprès des élèves et de formation au profit de l’ensemble des personnels concernés. Et l'amélioration des modalités d’intervention des services de police ou de gendarmerie sur les sites des établissements avec des correspondants identifiés. Un dispositif qui encourage donc avant tout des actions d'information, pour anticiper le risque. À ne pas à confondre avec des interventions répressives...