ÉDITORIAL Légitime interrogation des violences policières ?
Est-ce que participer à une manifestation contre les violences policières suggère immédiatement votre opposition à la police ? C'est la question posée à Vincent Bouget, le secrétaire départemental du PCF, qui a défilé le 23 septembre dernier à Nîmes à l'appel d'organisations diverses et de l'extrême-gauche.
Une marche comme partout en France qui s'est déroulée dans le calme à l'exception du cortège parisien et qui a réuni un peu plus de 30 000 personnes en France selon le ministère de l’Intérieur. Cette mobilisation faisait suite, rappelons-le, au décès de Nahel, en juin dernier, après un refus d’obtempérer. Dans la foulée, des émeutes urbaines avaient éclaté avant que le calme ne revienne par l'emploi de la force de la police et des services de la Justice. Reste que la légitime opposition aux violences policières est remise en cause aujourd'hui. On parle à présent de violence légitime. En s'appuyant sur les écrits de l'économiste et sociologue allemand Max Weber qui avait développé au début du XXe siècle une thèse sur le monopole de la violence légitime. Depuis quelques années, ce sont des personnalités politiques notamment l'essayiste d'extrême-droite Éric Zemmour et plus récemment, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ou encore Laurent Nuñez, préfet de police de Paris qui ont fait de la démonstration centenaire du sociologue, une vérité au XXIe siècle. Aujourd'hui, ils considèrent que seules les forces de sécurité intérieure détiennent l'utilisation de la violence légitime. Sauf que les écrits de Weber semblent dénaturés par le politique. Imposer une violence ne veut pas forcément dire qu'elle est acceptée par tous. La preuve : des Français manifestent pour s'y opposer. Par ailleurs, la France est régulièrement épinglée, y compris par ses voisins européens, pour les dérives répressives du pouvoir. Notamment sur le nombre de personnes blessées en marge de manifestations par des grenades ou des balles de défense (LBD). Armes interdites dans plusieurs pays du vieux continent. Depuis 2017, les conditions d’emploi des armes à feu par les forces de l’ordre, donnant la possibilité de tirer même hors de la légitime défense, ne sont pas sans conséquence. On constate ainsi que le nombre de tués suite à un refus d'obtempérer est en hausse. Reste que le slogan utilisé notamment par La France Insoumise "La police tue" n'a vocation qu'à instrumentaliser une réalité de violences qui s'est emparée de notre pays par des individus qui veulent désormais en découdre avec l'ordre. Et à chaque intervention musclée, et quelques fois au péril de leur vie, les policiers ne tuent personne. Ceci étant, rien n'empêche de poser des questions. Et de souhaiter que la France ne tombe pas dans les excès américains, où la police détient le triste record du plus grand nombre de victimes au sein de sa population.