La mairie de Bagnols et les membres de l’Association des Musulmans du Gard Rhodanien parviendront-ils à partir sur « une page blanche » ? À ce jour, le dialogue est rompu entre les deux camps qui se renvoient la balle. Le lendemain de la diffusion d’un communiqué leur demandant de quitter la mosquée At-Tawba dans un délai de six mois, trois membres de l’AMGR contre-attaquent. Ces membres de l’ancien bureau, tous trois bénévoles, ont tenu à clarifier la situation. 

« Nous ne voulons pas d’un culte non encadré »

Souhaitant « se dissocier » de l’image de Mahjoub Mahjoubi, l’ancien imam expulsé en Tunisie, Rachid Alloul exprime sa vision de la situation : « Nous avons créé de nouveaux statuts. Le but, c’est de garder la mosquée ouverte. Le maire était intimement lié à la mosquée. » Avant de se montrer plus ferme : « On tient à notre mosquée, nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone. Nous ne voulons pas d’un culte non encadré. » Tandis qu’ils sont sous la menace de quitter les lieux, à savoir « l'immeuble constitué de la parcelle cadastrée BN n° 4 sise 2 Descente des Perrières », stipule l’ordonnance de référé rendue le 26 mars par le tribunal judicaire de Nîmes, ceux-ci devront aussi régler la somme de 2 500 euros, correspondant à deux années de loyer. Aujourd’hui, leur position est claire : l’AMGR compte faire « valoir ses droits de culte » et « prône un retour à la normale. » 

« On va prier où ? Dans la rue ? »

Alors que 1 000 personnes au total ont célébré l’Aïd-El-Fitr dimanche 30 mars et que 600 personnes en moyenne se rassemblent chaque vendredi dans cette mosquée gardoise, l’inquiétude a gagné les rangs des quelque 200 fidèles musulmans bagnolais. « On va prier où ? Dans la rue ? », interroge Salem Zouaoui, l’ancien président de l’AMGR. La situation semble au point mort entre les deux parties. « Nous avons fait des demandes, ils n'ont pas répondu. C'est silence radio. On veut suivre le chemin de la reconciliation. On ne sanctionne pas une communauté », regrette Rachid Alloul, qui dénonce selon lui « un acharnement de la mairie. » Le 14 mars et le 18 mars derniers, des réunions se sont déroulées en mairie. Les discussions ont porté sur « la résiliation du bail emphythéotique administratif ».

Dans le compte rendu, Malik Saifi, Rachid Alloul Salem Zouaoui s'étaient montrés ensemble « très inquiets des conséquentes de cette résiliation », alors que les fidèles sont aussi troublés, en « les sollicitant pour les questionner sur l'avenir de la mosquée. » 

Ceux-ci préviennent de discussions avec leur avocat et indiquent qu'un recours sera fait dans les quinze prochains jours. Enfin, ils souhaitent trouver une issue pour « revenir à l'ancien bail. » Alors que le local devrait, sauf retournement de situation, être récupéré par la mairie bagnolaise, les bénévoles souhaitent « aller jusqu'au bout de la procédure », pour continuer à pratiquer leur culte religieux collectivement et paisiblement.