GARD Les faux policiers ligotent et frappent des retraités
Tribunal. Un homme, âgé de 51 ans, est jugé ce jeudi 23 septembre devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour "tentative de vol aggravée par deux circonstances". Il s'agit en réalité d'un braquage matinal au domicile d'un couple de retraités. Les victimes ont été ligotées. Le dossier nîmois intéresse un juge de Chambéry qui enquête sur des faits similaires.
Le 12 mai 2019 sur la commune gardoise de Sabran, trois hommes font irruption dans un logement. Ils sont munis de gants, les visages dissimulés par des cagoules. Madame est en train de boire un café. Trois hommes se jettent sur le propriétaire des lieux qui, en ce début de matinée, est encore allongé. Les individus crient : "brigade financière", en réclamant l'argent caché dans la maison et dans le coffre.
Le retraité certifie qu'il n'y a pas d'argent au domicile. Après avoir été frappé, en sang, il est menacé avec un marteau et un agresseur affirme qu'il va lui couper les doigts avec un sécateur s'il ne trouve pas l'argent. Les malfaiteurs fouillent la maison sans laisser de traces, mais sur le Scotch qui a servi à ligoter une victime, un ADN est exploité à trois endroits du lien. Un ADN identique qui mène vers un homme qui vit en Savoie, un quinquagénaire bien connu de la justice. Le département de la Savoie justement intéresse les enquêteurs de la Section de recherches de Nîmes qui sont parvenus à retrouver la voiture des suspects... Une voiture volée qui sera incendiée en Savoie quelques jours après l'agression gardoise, près du domicile de l'homme qui a laissé son ADN sur les liens. Ce dernier a déjà été condamné à 35 reprises !
Les victimes, elles, seront libérées quelques minutes après avoir été ligotées par leur fille venue récupérer un fourgon servant à effectuer ses marchés. Dans leur fuite, les malfaiteurs ont été aperçus par un voisin surpris de croiser sur ce petit chemin désert une BMW immatriculée dans un autre département.
"Je n'ai rien fait, c'est pas moi !"
Le prévenu a été arrêté dans une caravane des gens du voyage par les gendarmes en octobre 2020 sur la commune de Montbélian, en Savoie. Il comparaît détenu aujourd'hui à l'audience pénale. Après les faits, il était à la recherche de fausses attestations permettant d'assurer qu'il était loin du Gard le jour de l'agression. Dans les discussions avec son épouse, il évoque des personnes attachées. Interrogé sur les discussions téléphoniques, il explique : "Elle dit ça pour m'accuser, elle savait qu'elle était sur écoute, c'est pour m'enfoncer", essaie de convaincre le prévenu. "Ce n'est pas sérieux vos explications, monsieur", note le président du tribunal, Jean-Pierre Bandiera.
Mais le prévenu insiste : "Je n'ai rien fait, c'est pas moi, on m'a volé mon Scotch et voilà où je me retrouve à cause de l'ADN", clame-t-il à l'audience en montrant qu'il s'est mutilé en se coupant plusieurs phalanges.
La retraitée victime présente à l'audience ne reconnait pas le prévenu, ni la voix de celui-ci : " pendant deux ou trois mois, j'avais peur, j'avais peur pour ma fille aussi. Lorsqu'elle était en retard j'imaginais le pire", témoigne la septuagénaire. "Dès que mon mari a prononcé le prénom de notre fille, ils sont partis de la maison comme s'ils connaissaient ma fille. C'est curieux, on aurait dit que l'on disait que la police arrivait", ajoute la victime.
La fille des victimes est également surprise par le mode opératoire : "Ils connaissaient la maison, c'est curieux", en évoquant elle la piste d'un autre homme qui l'aurait menacée par le passé et avec qui elle serait en conflit.
" Il y a une extrême gravité des faits, il y a des charges et des preuves accablantes contre le prévenu, estime le vice procureur Arnaud Massip qui réclame 6 ans de prison et un maintien en détention. Son ADN est retrouvé sur les liens en sachant qu'il est connu pour des faits similaires et qu'il est habitué des ligotages. Et puis lorsqu'il est mis en examen les écoutes sont également accablantes, il est à la recherche de faux témoignage lui permettant d'avoir un alibi" le matin de l'agression, poursuit le représentant du parquet de Nîmes.
" Tout est parti dans ce dossier d'un ADN, mais l'ADN c'est le sien et on ne revient pas la-dessus. Mais il est peintre et le scotch a pu lui être subtilisé ou volé", estime pour sa part Maître Martine Agu-Roux qui affirme qu'il n'y a aucune preuve dans ce dossier pénal.
Après délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à 4 ans de prison et un maintien en détention