GARD L'ex-ministre et cumulard de la politique Gilbert Baumet plaide... la limitation des mandats
Avec Gilbert Baumet, ancien ministre de François Mitterand et ex-homme fort du Département, la surprise est toujours au rendez-vous des audiences pénales.
Lorsqu'il arrive ce matin devant la cour d'appel de Nîmes pour "négocier sa peine", et non contester sa culpabilité, il se présente canne à la main, en septuagénaire fatigué par la bataille politique et le combat judiciaire. D'une voix fluette, presque inaudible par moment, il répond sagement aux questions de la présidente et sait courber l'échine lorsqu'il reçoit un uppercut.
"En dépit de trois condamnations, vous commettez de nouveaux délits de la même manière", s'interroge la présidente de la cour d'appel. L'ex-maire de Pont-Saint-Esprit et président du conseil général ne répond pas et attend la relance. Il lui était reproché dans le fond du dossier de ne pas avoir mis en oeuvre des procédures d'appels d'offres comme la loi l'exigeait lorsqu'il était maire de Pont-Saint-Esprit pour un total supérieur à 500 000 euros.
"Mais qu'avez-vous compris des précédentes condamnations ?", poursuit la magistrate. Le vieux loup politique tangue et répond mielleusement en s'accrochant à la barre de la juridiction : "Vous savez, on est court-circuité lorsque l'on est maire. Et puis j'avais trop de mandats à la fois, il faut limiter, j'ai compris cela", ajoute le retraité, ultra cumulard lors de sa carrière politique. Il essaie par cette défense de faire comprendre qu'il survolait les dossiers.
Pourtant la justice, elle, retient une infraction précise d' "atteinte à la liberté d'accès ou à l'égalité des candidats lors des marchés publics". Concrètement c'est une vieille affaire de favoritisme qui revient sur le devant de la scène judiciaire, déjà jugée devant le tribunal correctionnel, et pour laquelle il avait été condamné à quatre mois de prison ferme. Une peine qui avait été alourdie en 2018, devant la cour d'appel de Nîmes, à 6 mois ferme avec une forte amende. Mais la cour de cassation avait cassé l'arrêt pour des motifs de procédure : non pas sur la culpabilité de Gilbert Baumet, mais sur sa peine. C'est cela qui était débattu ce jeudi matin.
"Je demande le même quantum de peine et en ce qui concerne la peine d'emprisonnement par rapport à l'ancienneté de l'affaire, à l'âge et à l'état de santé du prévenu, je souhaite qu'elle s'effectue dans le cadre d'une surveillance électronique", réclame le représentant du parquet général. Le délibéré sera rendu à la fin du mois.
Boris de la Cruz