GARD/VAUCLUSE Deux bébés retrouvés morts dans le congélateur : la maman veut sortir de détention
Une mère de famille, âgée de 42 ans, a demandé ce mercredi matin à la chambre de l'instruction de Nîmes à sortir de détention.
Un juge des libertés et de la détention du tribunal d'Avignon a décidé la semaine dernière de placer une mère de famille, mise en examen pour "meurtres", sous contrôle judiciaire. Immédiatement, le parquet de la cité des Papes avait fait un référé détention bloquant la sortie de la mère de famille en attendant que la cour d'appel de nîmes juge ce mercredi cette maman, âgée de 42 ans.
Lorsqu'elle arrive à l'audience entre deux agents pénitentiaires elle baisse les yeux, comme impressionnée par cette salle d'audience. Le président, Christophe Teissier, fait un résumé de cette affaire qui a débuté il y a un peu plus de trois mois, dans le Vaucluse, sur la commune de Bedoin, près de Carpentras.
Ce 1er décembre 2022, les militiaires partent vérifier un appel reçu aux urgences de la gendarmerie. Les propos sont tellement surprenants qu'ils ne croient à aucun moment trouver des enfants dans un congélateur. Pourtant l'appel de ce jeune qui vient de recevoir les confidences d'une amie est bien réel... Cette dernière lui a avoué "que sa mère a accouché d'un bébé plusieurs années auparavant et que cet enfant était dans le congélateur", souligne le président de la chambre de l'instruction de Nîmes. En ouvrant le congélateur dans la pièce indiquée, les gendarmes vont constater deux corps de nourisson enveloppés dans une couverture, ajoute le magistrat. Des bébés - des fillettes précisément - qui seraient nées bien vivantes, selon les expertises médico-légales réalisées au CHU de Nîmes et qui seraient dans "ce congélateur depuis plusieurs années".
Des fillettes nées probablement à un an d'intervalle, en 2017 et 2018. Avec cette double découverte macabre, de nombreuses questions se posent. La mère de famille, qui a déjà trois autres "grandes filles", faisait des ménages dans des logements de vacances, un contrat saisonnier selon ses dires à l'audience. Elle veut sortir de prison "pour vivre chez mon cousin à Carpentras", et elle aurait trouvé du travail "dans une usine de palettes".
L'audience de ce matin ne s'intéressait pas aux faits, mais aux conditions d'une éventuelle sortie de la mère de famille qui reçoit ses grandes filles au parloir de la prison. Des expertises psychiatriques ne sont pas encore dans le dossier la concernant.
L'avocat général, Hervé Poinot, refuse d'entendre parler d'un contrôle judiciaire et évoque le maintien en détention de cette maman : "L'information judiciaire n'a que trois mois et pour des faits de meurtres au pluriel de deux nourissons. Il y a des tas d'actes qui ne sont pas rentrés et puis madame a menti dans ses déclarations", accable le représentant du ministère public. "Elle dit que c'était un déni de grossesse et qu'elle ne savait pas qu'elle était enceinte... Sauf qu'elle savait de façon certaine qu'elle était enceinte. Ensuite, elle dit pour un autre nourisson qu'elle avait appelé le presbytère pour accueillir l'enfant. Le curé a été entendu et assure qu'il n'a jamais entendu parler de cette histoire et de ces faits", affirme l'avocat général Poinot qui craint également des troubles à l'ordre public en cas de libération de la quadragénaire.
"Depuis sa garde à vue et ses interrogatoires, la version est la même", plaide le conseil de la mise en cause. L'avocate reprend : "Elle dit que pour un enfant elle a perdu beaucoup de sang pendant l'accouchement, elle a tiré, c'était horrible. Pour son autre bébé, elle dit : 'j'ai chuté dans les escaliers et il ne respirait plus, il était décédé', ajoute l'avocate vauclusienne qui estime que pour sa cliente, il y avait une affection vis-à-vis de ses enfants, et que pour elle il était impossible de s'en débarrasser". Maître Brès poursuit : "Elle sait qu'elle va être condamnée, mais en attendant elle veut retrouver ses trois filles qu'elle a élevé seule (...) Elle envisage une intervention chirurgicale pour ne plus avoir de risque de grossesse", conclut l'avocate qui demande à la juridiction que sa cliente soit sous contrôle judiciaire ou sous assignation à résidence avec bracelet électronique.
Ce mercredi, en fin d'après-midi, la cour d'appel de Nîmes a infirmé la décision du juge des libertés d'Avignon en ordonnant le maintien en détention de la mère de famille. Elle est donc repartie en prison entre deux agents pénitentiaires.