Originaire de Milhaud, un homme est parti en 2014 pour construire une nouvelle vie en Thaïlande. Là-bas, il a ouvert un bar restaurant et a rencontré sa compagne actuelle. Ensemble, ils ont deux enfants. “Ma vie était super, mais le covid m’a tout pris”, explique le père de famille. En 2020, son restaurant a dû fermer temporairement et il s’est retrouvé sans argent. Ses parents l'aidaient en lui envoyant 1 000€ par mois. En voyant sa situation se dégrader, l’homme a trouvé une solution… et pas des moindres. Il a commencé à vendre en France des produits contrefaits venant de Thaïlande.

Via les réseaux sociaux, le Gardois trouvait des clients et envoyait les colis en France. Il vendait de nombreux produits de marques de luxe, notamment des montres, des bijoux et du textile, et des pilules de Kamagra, un stimulant sexuel interdit en Europe. En quatre ans, il a eu plus de 400 clients. D’après ses dires, il se faisait entre 800 et 1 000€ par mois avec ce stratagème. Problème : il a entraîné ses parents dans son business. Leur rôle était de réceptionner les colis et les donner aux clients. Mais l’argent revenait automatiquement à leur fils.

L’organisation démasquée

Pour les vacances, le Gardois est venu rendre visite à sa famille. Son avion atterrit à Barcelone le 5 juillet 2024. Ses parents vont le chercher en van. À 4 h 40 du matin, le véhicule se fait arrêter et fouiller par les gendarmes sur l'autoroute A9, au niveau de Gallargues. Plus de 326 pièces contrefaisantes, dont 17 montres imitant la marque Rolex, et 10 000 pilules sont retrouvées dans six valises. L’homme de 39 ans est amené directement en garde à vue et reconnaît immédiatement les faits. À Milhaud, au domicile des parents, des pièces contrefaites et 5 000 pilules de Kamagra ont été identifiées. Les enquêteurs ont distingué des produits de 32 marques de luxe différentes. Averties, 22 marques ont porté plainte contre le Gardois. Elles réclament en totalité 80 000€ de préjudice d’image et de matériel.

Ce mercredi 7 août, l’homme de 39 ans et ses parents sont jugés devant le tribunal de Nîmes. "En Thaïlande c’est courant de vendre des produits contrefaits, je n'ai pas mesuré la gravité de mes actes”, soutient le prévenu à la barre. Lors de son voyage en juillet dernier, il a ramené 8 000€ de marchandises. "C’était surtout pour faire des cadeaux”, explique-t-il. Face au tribunal, les parents au casier judiciaire vierge, sont effondrés : "Nous avons seulement voulu aider notre fils, nous sommes désolés. Et les objets retrouvés chez nous nous appartiennent. On les avait achetés lors de nos voyages en Thaïlande”.

"Vous vendiez du kamagra sans ordonnance, c’est interdit sur le marché européen. Certains peuvent développer des maladies et des effets secondaires, c’est un enjeu de santé publique. Vous avez joué avec la santé de nos citoyens”, rappelle le procureur de la République. En effet, le Gardois vendait 30€ les dix pilules. "En Thaïlande, ces produits sont vendus en pharmacie”, se défend le prévenu. Le responsable du parquet donne ces réquisitions : "Je demande 18 mois de sursis pour les parents et une amende de 4 000€ chacun. Et pour l'organisateur, je demande deux ans de prison dont 14 mois assortis d’un sursis probatoire et 10 000€”.

Défendus par Maître Expert et Maître Mordacq, les parents ont finalement été condamnés à quatre mois de sursis et 1 000€ d’amende et leur fils a reçu 18 mois de sursis et 4 000€ d’amende par le tribunal de Nîmes.