NÎMES Ils percutent un fourgon de police : 2 ans et 4 ans de prison
Jawad et Tayeb, deux copains d’enfance âgés d’une vingtaine d’années, avaient déjà été condamnés ensemble dans une même affaire. Jugés en comparution immédiate ce mardi, les inséparables ont remis le couvert.
Pour tenter de disculper son ami Jawad d’un cambriolage auquel le tribunal les soupçonne d’avoir participé tous les deux, Tayeb livre un récit à dormir debout. Patiente, la présidente, Christine Ruellan, tente de suivre le déroulé de cet après-midi du 20 octobre dernier. Et il faut s’accrocher ! Selon ses dires, Tayeb aurait emprunté la voiture de Jawad qui n’a plus le permis de conduire. Pour qu’il accepte de lui prêter le véhicule, Tayeb ment en disant qu’il compte voir sa copine, mais il projette en réalité de commettre un cambriolage. Il y parvient, dérobe des bijoux chez une nîmoise et rentre dans son quartier de Valdegour. Là, par le plus grand des hasards, il tombe à nouveau sur Jawad à peine 30 secondes avant le contrôle de police.
Mais comme la juge indique qu’un deuxième homme a été aperçu au moment du vol par un voisin vigilant, Tayeb explique qu’une connaissance - qui n’est évidemment pas Jawad - serait intervenue juste le temps du cambriolage. Bref, l’histoire est tellement tirée par les cheveux qu’on se demande si Tayeb la comprend toujours.
21 jours d’ITT pour une policière !
Si l’on sent quelques hésitations du côté des prévenus, il y a dans ce dossier quelques certitudes. D’abord celle que Tayeb a bien commis le vol, ce qu’il reconnaît. Puis celle que plusieurs policiers ont pris d’énormes risques pour attraper les deux amis. Divisés en deux équipages, une patrouille de la brigade anticriminalité (Bac) parvient à couper la route des fuyards pendant qu’un fourgon reste derrière eux. La voiture conduite par Jawad est prise en sandwich. Comme dans un film d’action, ce dernier enclenche la marche arrière, recule et fonce dans le fourgon, blessant une policière au poignet.
« Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté tout de suite ? », questionne la juge. « C’est le temps de freiner », ose Jawad avant de poursuivre : « Quand j’ai vu la voiture de la Bac, j’ai pris peur parce que je n’ai plus le permis. J’ai fait une marche arrière, mais j’ai percuté le fourgon involontairement ». Quid de la rébellion au moment de l’interpellation ? « Les policiers en ont rajouté ! » Maîtres Jean-François Corral et Laurence Bourgeon, qui défendent les policiers, fulminent sur leur banc. « Les policiers en ont marre d’être pris pour cible », tonnent-ils. Quant au procureur, Adrien Roux, il rappelle aux deux accusés qu’ils sont en récidive et que la peine encourue est de 20 ans de prison. Il requiert 4 ans contre Jawad et 2 contre Tayeb.
« C’est disproportionné », dénonce Khadija Aoudia, l’avocate de Jawad qui conclut : « En quoi ces 4 ans vont permettre une prise de conscience ? [...] Il faut trébucher plusieurs fois avant d’être un homme ». Pour Tayeb, maître Charlène Moussavou est sur la même ligne de défense : « Suis-je la seule à voir l’échec de la justice avec mon client ? Il a eu quatre condamnations fermes et aujourd’hui il récidive. Pourquoi cette fois cette peine fonctionnerait-elle ? » À l’issue du délibéré, Jawad a été condamné à 4 ans de prison, dont un an avec sursis. Tayeb écope de 2 ans, dont un an avec sursis. Ils devront également indemniser les policiers.
Tony Duret