NÎMES Jusqu'à cinq ans de prison pour les cambrioleurs qui repéraient les victimes
Une équipe de cambrioleurs très organisée suivait ses victimes parfois pendant 4-5 heures, avant de passer à l’action quelques jours plus tard. Bilan : une quinzaine de cambriolages dont certains ont été très violents à Nîmes et dans les villages du Gard.
« Une femme a été rouée de coups à terre. Elle a perdu connaissance et les bijoux qu’elle portait ont été arrachés », dénonce la substitut du procureur Estelle Meyer.
« Je rentrais de Nîmes. J’habite un mas isolé lorsque j’ai vu deux hommes dans mon garage. Rapidement je me suis rendu compte qu’ils n’étaient pas en panne de solex », se rappelle à l’audience du tribunal correctionnel la victime qui sera ensuite frappée par les deux hommes et laissée au sol, en sang et inanimée. Lorsqu’elle reprend connaissance, elle rampe jusqu’à chez elle pour appeler son mari et les gendarmes.
Cette affaire, comme de nombreux autres cambriolages, va être résolue quelques semaines plus tard grâce à l’interpellation d'un voleur par les policiers de Nîmes. Ce dernier passe à table et livre « la famille », comme il le dit lui-même à l’audience correctionnelle présidée ce mardi après-midi par Jérôme Reynes. Une « balance » providentielle pour la police qui va permettre de mettre des noms sur cette équipe et de définir son mode opératoire. Les voleurs appartiennent à une même famille. Il y a aussi un receleur, un personnage haut en couleur, qui nie comme tous les autres sa participation aux faits. Pourtant, chez lui, c’est la caverne d’Ali Baba. « Je ne connais pas celui qui m’accuse, je ne l’ai jamais vu de ma vie », essaie de convaincre le septuagénaire qui prétend être chanteur et « gratter la guitare ». En voyant son accusateur sur l’écran de visio, il affirme la main sur la cœur qu’il est injustement pointé du doigt. « Moi je suis allé chez lui et je peux décrire sa maison et l’intérieur », accable en revanche l’accusateur.
Une équipe organisée de voleurs et de receleurs
Les voleurs font des repérages à l’occasion de démarchages par l’intermédiaire d’une société d'élagage dont la publicité trône chez certaines victimes. Tous les mis en cause ont de gros casiers judiciaires et trois des quatres prévenus sont détenus pour d'autres infractions.
« Il fallait que l’on soit puni. Je ne dormais plus après l'agression de cette dame, le dernier cambriolage », affirme à l’audience celui qui a décidé de dénoncer ses propres agissements et ceux de ses complices. Des montres, des Napoléon, des armes volées chez des particuliers et 700 000 euros en pierres précieuses... Un butin dérobé chez un particulier. Le tout était transmis à celui qui est considéré comme le receleur. Ce dernier ne retire jamais d’argent ! Il s'en explique : « Je suis un artiste et, dans ma communauté, on me paie 100 euros à 150 euros en liquide la soirée à la Grande-Motte. Et je vais jusqu’à Lourdes. »
Il n’y a pourtant pas eu de miracle à cette audience. Le tribunal a infligé des peines de 18 mois à 5 ans de prison ferme aux protagonistes. 5 ans pour celui qui a balancé mais qui est coupable de l'ensemble des cambriolages, contrairement aux autres présents dans lors de quelques vols. Des mandats de dépôt sont infligés à tous, même au « chanteur » qui se lamente avant de partir en détention : « Vous condamnez un innocent ! ».