NÎMES Le guetteur crie « Ara » dans le quartier : « C’est une phrase de perroquet ! », ironise le procureur
Ce vendredi matin, l’audience traitant le cas de Zakaria a été expéditive. Le jeune nîmois de 18 ans, jugé pour « détention, transport et cession de stupéfiants », n’a pas fait le déplacement devant le tribunal correctionnel de Nîmes.
« Monsieur a oublié de venir s’expliquer devant le tribunal », note le président Jean-Pierre Bandiera en découvrant une salle d’audience et un box déserts. Zakaria a donc été jugé en son absence. Le juge retrace rapidement les faits. Le 11 mars dernier, en milieu d’après-midi, le jeune homme est aperçu par les policiers à proximité du centre commercial le Portal au Chemin-Bas-d’Avignon. Alors qu’il s’apprête à cacher un sac plastique transparent, il lève la tête et aperçoit les forces de l’ordre. Il prend ses jambes à son cou et court sur les toits du quartier en hurlant « Ara » à plusieurs reprises. Ce « Ara » est un terme utilisé par les guetteurs pour avertir les trafiquants de drogue de la présence des policiers. Zakaria est interpellé quelques instants plus tard. Le sac qu’il avait tenté de dissimuler contenait quant à lui 25 sachets de cannabis.
Durant sa garde à vue, le jeune homme a nié son implication dans un quelconque trafic de drogue. Selon lui, les policiers auraient mal vu… En revanche, il admet être un guetteur et dit être payé 100€ pour une journée de 9h à 13h ! Lors d’un réquisitoire plutôt concis, le procureur, Stanislas Vallat, trouve le temps de plaisanter sur cet étrange cri, sur ce fameux « Ara ». « C’est une phrase de perroquet ! ». Il revient plus sérieusement sur les faits, se dit « convaincu par les déclarations des services de police » et requiert 6 mois de prison, dont la moitié avec sursis, ainsi qu’une amende de 1500€. Au sortir du délibéré, le tribunal condamne Zakaria à 6 mois de prison avec sursis et 500€ d’amende. Une peine qui lui sera sûrement répétée, et - sait-on jamais - peut-être même par un perroquet.
Tony Duret