Huit voitures passent sans aucun problème, la neuvième se présente et un accident se produit. Pourtant la circulation était fluide ce 13 août 2021 à 13h12 après le boulevard Gambetta en direction du square des Antonins et des Jardins de la Fontaine. Un homme de 72 ans a traversé 70% du passage protégé pour les piétons lorsque le choc survient. La victime s'écroule, tombe à la renverse et décèdera des suites de ses blessures neuf jours plus tard à l'hôpital de Nîmes. 

Un homme dont on ne sait pas grand-chose. Il n'y avait aucune partie civile à l'audience du tribunal correctionnel qui jugeait ce jeudi 21 septembre ce dossier "d'homicide involontaire par conducteur et par imprudence". L'enquête ne permettra pas de retrouver un membre de la famille ou un ami de ce retraité qui avait depuis plusieurs mois des problèmes de santé. 

La conductrice n'a pas vu le retraité

Du côté de la conductrice, inconnue de la justice, et souvent en pleurs lors des débâts judiciaires, c'est la même version depuis le début des investigations, c'est-à-dire quelques minutes après l'accident. "Je ne l'ai pas vu traverser", affirme-t-elle encore. "Au départ je pensais que je ne l'avais pas touché. Je ne l'ai pas vu, je n'ai rien senti", complète-t-elle. 

"Oui mais parlons maintenant de chose qui fâchent", reprend Jérôme Reynes, le président du tribunal correctionnel de Nîmes... "Vous ne l'avez pas vu parce que vous étiez sur votre téléphone à ce moment-là", interroge le magistrat qui s'appuie sur les caméras de vidéosurveillance de la ville qui ont filmé l'accident et sur l'expertise du téléphone de la conductrice. 

On sait que l'accident est survenu à 13h12 et que cette conductrice, âgée de 59 ans, a quitté son domicile 10 minutes avant, donc à 13h02. Et justement pendant les 10 minutes de trajet elle était sur son téléphone pendant 9 minutes et 4 secondes, "avec des conversations mais aussi des sms reçus et envoyés", résume le juge Reynes.

Une conductrice concentrée sur son portable

"Un monsieur traverse sur un passage protégé et une conductrice ne fait pas attention au piéton car elle concentrée sur son portable", estime le procureur adjoint Frédéric Kocher. "Et oui, vous étiez avec vos problèmes personnels, votre téléphone, vos conversations", ajoute le parquetier qui réclame 14 à 18 mois de prison avec sursis. À 13h12 dans la minute de l'accident, cette conductrice était en conversation pendant 33 secondes. 

"Elle a reçu des sms mais rien ne dit qu'elle y répond. Elle pense tous les jours à cet accident et à ce monsieur", reprend maître Valérie Bach pour la conductrice en rappelant la longue descente aux enfers de cette dame qui voit s'écrouler depuis des années, pour des raisons personnelles, sa vie familiale. 

Le tribunal a tenu compte de l'absence de casier judiciaire et a condamné la conductrice à un an de prison avec sursis et à une annulation de son permis de conduire.