NÎMES Sans permis, le chauffard achète quand même une voiture : « Je suis un peu couillon »
Hier matin, à une heure d’intervalle, Youssef et Ali étaient jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour des délits routiers. Comme la loi les y autorise, ces deux chauffards ont demandé un délai pour préparer leur défense, mais chacun à leur manière...
Le premier prévenu qui se présente devant le juge, Brice Barbier, est très silencieux, quasiment mutique. Il est reproché à Youssef, 27 ans, d’avoir roulé à 138 km/h au lieu de 90 km/h à hauteur de Bouillargues le 17 août dernier et d’avoir insulté deux gendarmes. Pour ne rien arranger, Youssef n’a plus le permis de conduire puisqu’il a été condamné pour des faits similaires en 2019. « Il semble qu’il y ait une grande difficulté à vous faire respecter les obligations », constate le magistrat qui évoque les différents rendez-vous judiciaires non honorés par le prévenu. Youssef opine du chef, ne se défend pas, ne proteste pas, entre désinvolture et fatalisme. Il lui faudra être un peu plus loquace le 4 février prochain pour l’examen des faits.
Ali aussi demande un délai. Mais le quinquagénaire est tout l’opposé de son prédécesseur. Volubile, il a réponse à tout et intervient dès qu’une brèche s’offre à lui. Lui aussi n'a plus le permis et lui aussi a été condamné pas plus tard qu’en février 2020 pour un refus d’obtempérer. Cette fois, le 31 décembre à Sauveterre, il a grillé un stop, pris un rond-point à contresens et refusé de s’arrêter quand les gendarmes l’ont pris en chasse.
Il raconte à l’audience qu’il venait d’acheter sa voiture trois heures plus tôt, ce que le président a du mal à comprendre dans la mesure où il n’a plus le sésame rose… « C’est que je suis un peu couillon. Mais je ne toucherai plus jamais de véhicule », promet-il. Il poursuit sur un ton larmoyant : « Je ne suis qu’un pauvre paysan qui refait surface avec mes mains ». Effectivement, cet exploitant agricole qui élève près de 300 bêtes a un lourd passé judiciaire avec, entre autres, deux condamnations aux assises.
La procureure, Julia Salery, n’est pas dupe : « Il s’engage à respecter les lois à partir de cette audience. C’est un scoop ! Aujourd’hui, il s’engage, il pleure, il a réponse à tout. Si on l’écoute, son casier judiciaire, ce ne sont que des erreurs judiciaires. […)] Je demande son maintien en détention ». L’avocat d’Ali, lui, préférerait un contrôle judiciaire, ce qui permettrait à son client d’attendre son prochain procès en liberté. Evidemment, Ali trouve quelque chose à redire : « Laissez-moi dehors. Je vais passer mon code et si je ne l’ai pas, mettez-moi en prison ». Le tribunal ne prend pas le risque : comme Youssef un peu plus tôt, Ali attendra son procès du 28 janvier prochain en détention provisoire.
Tony Duret