ARLES Des salariées du centre médico-psycho-pédagogique de La Roquette en grève
Six soignantes du centre médico-psycho-pédagogique La Roquette (CMPP) à Arles étaient en grève durant deux heures, mercredi 22 janvier. Elles avaient déjà mené une action le 16 janvier dernier.
"On a l’impression qu’il faut un burn out pour être entendu !" Élodie Tan, éducatrice de jeunes enfants, Anne-Sophie Rival psychomotricienne, Errico Michelle et Élodie Boquier, orthophonistes, ainsi que Marion Déisme et Laure Regnault, toutes deux psychologues, étaient en grève mercredi 22 janvier, durant deux heures. Les six soignantes du centre médico-psycho-pédagogique La Roquette (CMPP) à Arles, qui avaient déjà fait 2h de grève le 16 janvier, alertent sur une dégradation de leurs conditions de travail et de la prise en charge des patients. "Petit à petit, l’administration prend le pas sur le soin", dénoncent-elles. La numérisation de leurs dossiers patients est le point de cristallisation qui a "fait flamber" leur colère au mois de mai 2024.
"Petit à petit, l'administration prend le pas sur le soin"
"Un jour, on nous a dit qu’une personne allait prendre les dossiers papier et les numériser. C’est une personne qui n’était pas habilitée. Normalement, ce sont des entreprises spécialisées qui s’occupent de la destruction des dossiers médicaux. C’est une question de confidentialité", expliquent-elles avant de poursuivre. "La numérisation s’est faite sans nous. On a craqué parce qu’on n’avait plus de dossiers papier, et il y a eu deux, voire trois semaines durant lesquelles on n’avait même pas accès au logiciel sur lequel étaient les dossiers. On n’avait rien pour travailler."
Ces dernières estiment qu'une nouvelle méthode de travail leur est imposée, et que "petit à petit, l'administration prend le pas sur le soin." Elles en veulent pour preuve la mise en place d'un nouveau protocole d'arrivée dans le CMPP. "Avant, le médecin recevait l'enfant, on en parlait. C’était individualisé suivant la personne, ses besoins, sa problématique. On décidait ensemble de ce qui pouvait être bien pour cet enfant", racontent-elles. Désormais, les patients "voient le médecin une fois avec un questionnaire à remplir et ensuite, sans discussion, ils doivent systématiquement faire un bilan psychologique de quatre séances." Les professionnelles sont farouchement opposées à l'automatisation des bilans et assurent que cela dérange les patients. "C'est violent pour les enfants. Le médecin a réussi à défendre que ceux de moins de 5 ans ne passent pas par ce parcours là", précisent-elles.
Arrêter le nouveau protocole
Les six spécialistes assurent qu'elles étaient pourtant tombées d'accord avant l'été avec la direction sur un nouveau fonctionnement légal qui leur convenait avec l'aide d'un avocat de la santé. "En septembre, la directrice a finalement décidé que c'était pas bon. On bosse dans l'instabilité." Il peut s'écouler jusqu'à plus de 12 mois avant qu'une place se libère pour une prise en charge au sein du centre. Pour faire face à cette longue attente, les soignantes avaient mis en place des groupes afin de recevoir dans un délai convenable. "Aujourd'hui, on a des groupes dans lesquels il y a de la place, on pourrait recevoir des enfants mais on ne le fait pas car il faut d'abord qu'ils fassent ce protocole", regrettent-elles.
Autre exemple, l'équipe doit désormais faire un compte rendu informatisé à l'issue de chaque séance. "Cela ne nous sert à rien, ni aux patients, donc on ne sait pas pourquoi il nous faut le faire", déplorent-elles. On est fliquées et cela enlève du temps de soin." Ces dernières dénoncent également la façon dont leur direction leur parle. Elles ont déjà interpellé la médecine du travail, l'inspection du travail ainsi que leur employeur au niveau local (Les pupilles de l'enseignement public 13) et national (Les pupilles de l'enseignement public). "On a eu très peu de réponse de la part de la fédération qui nous emploie. On nous a dit qu'ils avaient confiance dans la direction. Il y a eu des arrêts maladie. On a l'impression qu'il faut un burn out pour être entendu."
Une réunion est prévue jeudi 23 janvier avec la direction. Elles espèrent la fin du nouveau protocole et pouvoir travailler au projet d'établissement, "mais a priori, il n'y a pas du tout d'ouvertures." Les grévistes font ces mobilisations afin d'informer les familles et assurent recevoir du soutien de leur part. Elles proposent par ailleurs à la population de signer une pétition afin de les soutenir, et décideront de la suite de leur mouvement après leur rendez-vous avec la direction.
Contactée par la rédaction, la direction n'a souhaité s'exprimer à ce sujet.