ARLES Fashion Fripe, "clin d'oeil cynique à la Fashion Week"
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L'auteur Yvane Jacob et Marie FInders, invitées de la 7e Fashion Fripe.
- S.MaLe festival Fashion Fripe a installé son vestiaire dans l'église des Trinitaires à Arles jusqu'à ce dimanche 23 février. Au programme de ces prochains jours, une exposition sur les Nouvelles Galeries à Arles et trois défilés-concerts.
Créé à Arles en 2020 par Lisa Coinus, le festival Fashion Fripe découd tous les superflus générés par l'industrie textile et accumulés au fil des décennies autour de la mode. Son objectif : dénoncer et faire renoncer à la surconsommation. Depuis plus de 20 ans, Lisa, couturière, crée des vêtements à partir de matériaux de récupération. "Ce n'était pas spécialement pour des raisons militantes à l’origine", confie-t-elle. C'était avant qu'elle collabore avec la Ressourcerie, laquelle traite 250 tonnes de textiles par an à l'échelle du pays d'Arles. "J'avais la réalité en face, et je me suis dit que j’allais plus utiliser mon travail pour porter un message autour de ce sujet." Ainsi est née l'association Eclectic Land et le festival Fashion Fripe.
Un "tout petit truc" qui a bien grandi et gagné en ambition. "C'est un clin d'oeil cynique à la Fashion week", sourit la couturière. Outre les défilés, pendant trois ans, les membres de l'association prélevaient 2 tonnes de déchets dans les bornes textiles. "Ce qui représente ce qui est jeté sur la commune en une semaine, précise Lisa. Le faire à l’échelle de la ville c’était hyper parlant !" Une étude a été menée pour estimer la part du gisement qui était revendable, soit entre 10 et 15 %. "13 % du gisement peut être réparé mais part en destruction, se désole-t-elle. Donc finalement, plus de 80 % ne peut être exploité et c’est de pire en pire, à cause de la qualité des vêtements et des matières qui s’usent très vite et ne sont pas recyclables." Après avoir fait le tri dans ces 2 tonnes de déchets textiles, ce qui pouvait être récupéré était accroché au portant d'une friperie, le reste était balancé dans l'église des Frères-Prêcheurs (ancien lieu d'accueil de l'événement), "on en faisait ensuite une installation pour montrer aux visiteurs tout ce qui était jeté chaque semaine et non revalorisé sur la commune."
Pour la septième édition de la Fashion Fripe, placée sous le thème "Au bonheur des dames" en référence au roman d'Émile Zola, le sujet a été abordé différemment en s'intéressant aux grands magasins. "Car ils sont les premiers à avoir inventé toutes les techniques de la communication, de la pub, la mode, le renouvellement des stocks, la diminution des marges, le fait de vouloir vendre toujours plus. Ce qu’on peut aujourd’hui considérer comme l’origine du capitalisme, de la surconsommation etc", poursuit Lisa. Cette exposition, qui a nécessité quatre mois de recherches intensives - en collaboration en partie avec le Museon Arlaten - retrace ainsi l'histoire des Grandes Galeries d'Arles et montre à quel point la femme a été utilisée comme cible privilégiée, "ce qui a permis son émancipation pour plein de raisons mais a aussi entraîné le développement de la surconsommation."
Toujours sur le même thème, l'association a accueilli mardi soir, grâce au partenariat avec la librairie des Grandes Largeurs fondée par Émilie Pautus ; Yvane Jacob, historienne de la mode et auteure de Parées et Maria Finders, curatrice à la Fondation Luma, qui avait travaillé aux archives des Galeries Lafayettes. Trois défilés-concerts auront lieu ces vendredi et samedi à 19h30 (complet) et dimanche à 17h30. Mathilde Crouzet, créaticre du Dressing collectif et Lisa Coinus présenteront leurs collections accompagnées des artistes Bison, Bison, Arthur Kamoun et Clio Léonard.