ALÈS Max Roustan vu par l’opposition : “Les Alésiens ont élu un homme et son discours”

En 30 ans de mandat, le maire d'Alès a forcé le respect de beaucoup, y compris de ses adversaires politiques, mais bien plus en termes de longévité que de méthodes, positions et héritages politiques.
Élu au premier tour à tous les scrutins municipaux à Alès depuis 2001, Max Roustan n’a laissé que peu de place sur ces 30 années de mandat à son opposition de Gauche. Les leaders du Printemps alésien saluent la longévité de l’homme, autant qu’ils fustigent les méthodes et positions du politique. “Par-delà nos différences et désaccords, c’est évident, on ne reste pas maire trois décennies par hasard. J’ai toujours respecté son parcours et sa personne. Mais je ne peux pas en dire autant de sa part, même s’il est devenu moins virulent avec le temps”, regrette Jean-Michel Suau.
Alors que ce dernier blâme un “bâillonnement de l’opposition à l’aide du règlement intérieur”, son confrère Paul Planque “lui reproche la tenue des conseils municipaux avec une absence totale de débat”, ainsi que son franc-parler, qui le “déroute". Il s'explique : "Je me souviens d’une émission de France Bleu Nîmes où il parlait de son homologue nîmois en disant “Il est con lui”. Je lui ai déjà dit que ce sont des mots qu’il ne devrait pas employer en tant que chef de municipalité, même si cette habitude de parler grossièrement fait partie de pourquoi il est apprécié.”
Jean-Michel Suau ajoute : “Tout ce qu’on peut juger de négatif était populaire, comme son langage ou sa tournée des bistrots. Mais ça fonctionnait, des gens me disaient “Aux cantonales, je vote pour toi, mais aux municipales, pour Roustan.”"
"Il a transcendé la politique, mais a toujours gardé son fond de Droite"
Bien qu’il reconnaisse une “capacité à réunir, une intelligence, une bonhomie, une finesse et une grande qualité de contact et de proximité avec les gens”, teintés d'”un caractère pagnolesque”, Paul Planque estime que les “Alésiens ont élu un homme et un discours, pas toujours celui de la réalité”. La tête de liste d'opposition en 2020 concède néanmoins que “la capacité de storytelling, dont Max a été précurseur, fait partie du jeu”, mais regrette sa “politique de Droite, alors qu’il s’affiche apolitique. Chacun de ses choix nationaux a été de Droite, je prends pour exemple l’abattoir pour lequel il privilégie le privé.”
Jean-Michel Suau constate aussi que son rival “a transcendé la politique, mais a toujours gardé son fond.” Le conseiller municipal depuis 2001 énumère aussi des idées de la Gauche “dont il se moquait mais qu’il a finalement reprises, comme les minibus ou les réunions de quartier."
Un héritage contesté
Paul Planque tempère : “L’attractivité d’Alès n’est pas forcément due à ce qu’a développé Max Roustan. C’est avant tout le climat, les Cévennes, le Gardon, l'environnement. Les équipements emblématiques de la ville, comme le Cratère ou le musée Pierre-André Benoit, sont souvent antérieurs à son arrivée à la mairie.”
Celui qui a réuni 22 % des voix en 2020 juge aussi le bilan de ces cinq mandats surévalué sur plusieurs points : “On se vante aujourd’hui de l’évolution démographique, mais on est simplement revenus à la population des années 80. Concernant le Pôle Mécanique, au-delà de son niveau de pollution, on annonce plusieurs milliers de salariés alors que c’est faux.”
“Indépendamment des positions..."
Les deux opposants s’accordent tout de même pour respecter l’homme, au-delà de l'élu. “Indépendamment des positions, trente ans en tant que maire, plus six comme adjoint, c’est usant, surtout quand s'ajoutent des problèmes de santé. Heureusement, il s’en est remis", apprécie Jean-Michel Suau.
Son allié communiste valorise encore un acte symbolique accordé par son adversaire : “J’ai marié ma fille récemment, il a accepté immédiatement de me déléguer ses pouvoirs, alors qu’il aurait pu refuser car je suis d’opposition.” Nul doute que le respect sera de mise les 22 février et 15 mars prochains, mais que la bataille reprendra aussitôt les festivités clôturées.