Publié il y a 6 h - Mise à jour le 11.02.2025 - Erwan Robert - 3 min  - vu 519 fois

FAIT DU JOUR « Management brutal » : des salariés de l’IME les Hamelines en grève à Bagnols, le président joue l’apaisement

Grève IME les Hamelines

Les salariés de l'IME les Hamelines à Bagnols au bord du burn-out ? 

- Erwan Robert

Un grand nombre de salariés de l’Institut médico-social les Hamelines de Bagnols/Cèze s’est mobilisé pour la première fois pour demander un audit à la direction. Face à la gronde des équipes, le président de cette association médico-éducative calme le jeu et ouvre la porte au dialogue.

Une mobilisation historique de la part du personnel médical de l’IME les Hamelines. Comme un cri du cœur pour exprimer un mal-être et retrouver un second souffle. Lundi 10 février, dès 9h, les premiers de cordées se sont amassés devant les grilles de l’IME les Hamelines, gonflés à bloc, aux côtés des syndicats UD FO Gard et Gard-Lozère Sud Santé Sociaux. Plus d'une trentaine de grévistes ont fait entendre leur colère et exprimé librement leurs revendications. « Plus jamais de pression, plus jamais d’intimidation », ou encore « salariés muselés, nous devons nous libérer », scande une déléguée syndicale et membre du CSE.

18 démissions et friture sur la ligne avec la nouvelle direction

La fracture semble profonde entre les salariés et la nouvelle direction, en place depuis juillet 2023. « On dénonce un climat de peur, un management brutal », reprend la même interlocutrice, très remontée, tout en donnant des preuves par les chiffres des conditions de travail insurmontables : « Il y a eu le départ d’une trentaine de salariés depuis mars 2021, dont 18 démissions. C’est un indicateur fort d’une forme de chaos. » Pour faire bouger les lignes, ces femmes et ces hommes, qui prennent en charge des jeunes en situation de handicap de 3 ans à 20 ans et plus, porteurs d’une déficience intellectuelle, ont fait remonter leurs revendications à la médecine du travail. Depuis, c’est silence radio. Le préavis de grève avait été signé et signalé mercredi dernier. De plus, dans leur communiqué, ceux-ci indiquent que « des salariés sont isolés en raison d’une communication inexistante et d’une mise en inertie du CSE depuis juin 2023 »

Des salariés en souffrance

Franck est l’un de ceux qui a décidé de manifester, en raison selon lui d’une dégradation de ses conditions de travail. Sa pancarte traduit son exaspération : « Direction contre sens, salariés en souffrance ! ». Employé dans cette IME bagnolaise depuis 18 ans, il constate « beaucoup de turn-over ». À ce jour, 70 personnes s’occupent d’une centaine de patients.  Face à cette situation d'urgence, des parents ont été mis au courant et commencent aussi à se mobiliser. Parmi les principales revendications ciblées, ces membres de l’association les Hamelines souhaitent notamment « une refonte complète des méthodes de management sur la base des conclusions de cet audit. »

Grève IME les Hamelines
Des syndicats se sont mobilisés pour faire valoir les droits des membres du personnel médical en grève.  • Erwan Robert

À 10h, certains manifestants ont remis leur blouse « par conscience professionnelle » pour accueillir les résidents. Un message a été adressé également au président de l’IME de Bagnols/Cèze pour que la situation s’améliore en employant des mots forts : « Jamais les risques psychosociaux n’ont connu un niveau aussi préoccupant dans l’établissement. C’est véritablement une sonnette d’alarme que nous tirons aujourd’hui. »

Grève IME les Hamelines
Certains salariés sont repartis travailler par conscience professionelle.  • Erwan Robert

« Personne n’est sourd à leurs revendications »

Alors qu’une réunion a eu lieu en matinée en petit comité entre des membres du CA, des salariés et représentants syndicats. Christophe Tichadoux souhaite prendre ce malaise ambiant à bras-le-corps, tout en appelant au calme : « L’année dernière, il y a eu la crue qui les ont impactés. Nous avons des équipes qui sont fatiguées, à cran, donc tout paraît plus insurmontable. "Un management brutal ", nous ne sommes pas d’accord avec ça. Nous en sommes à des années-lumière. » Avant de faire le premier pas vers un compromis : « Nous avons déclenché hier soir un conseil d’administration exceptionnel pour faire des avancées et des propositions. Personne n’est sourd à leurs revendications. Il n’y a pas de confrontation. Ils ont exprimé un malaise, nous allons les aider. Ce qui nous intéresse, c’est l’intérêt supérieur des enfants. »

À l'issue du conseil d'administration, il a été voté à l'unanimité la mise en place d'un audit sur les risques psychosociaux, avec une étude approfondie à venir sur la structure organisationnelle "afin d'apprécier la cohérence des cadres mis en place compte tenu des services et du nombre d'enfants", nous informe Christophe Tichadoux.

Dans l’attente d’un retour à l'apaisement entre les salariés et sa direction, et des solutions pérennes, d’autres journées de grève pourraient intervenir au cours du mois d’avril prochain.

Erwan Robert

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