GARD « Le jour d’après, c’est maintenant ! »
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Une grande partie des élus à la Chambre d'agriculture du Gard pour la mandature 2025-2031 (Photo Anthony Maurin)
La nouvelle présidence de la Chambre d’agriculture du Gard est installée après la réélection de la liste sortante.
« C’est une nouvelle mandature, la session fut apaisée et sereine, elle a reflété le vote et a consolidé le résultat de la campagne. Le jour d’après, c’est maintenant ! Je suis très heureuse d’avoir été à la tête de cette liste d’union. Les six ans passés n’ont pas été faciles, les six ans à venir ne le seront sans doute pas non plus. Il nous sera important de veiller à toutes les filières, la Chambre aura un fonctionnement démocratique et ouvert. Notre organisation sera plus formelle et plus dynamique, c’est en travaillant qu’on apprend », relève d’emblée Magali Saumade, réélue à la tête de la Chambre d’agriculture du Gard.
Une fois la grosse échéance du Salon international de l’agriculture passée, retour à la politique. Le 13 mars, c’est en Région qu’il faudra élire le président des Chambres et six jours plus tard, c’est à Paris qu’il faudra remonter pour élire l’équipe nationale qui donnera le cap de la mandature qui débute.
David Sève est aussi élu au bureau gardois. Il développe : « On a eu des mesures conjoncturelles mais depuis un an aucune mesure structurelle. On attend encore, la question agricole est sur la table, le Sénat s’en est récemment emparé mais sachez que nous avons encore eu deux décès dans le Gard depuis le début de l’année. On espère des réponses concrètes. »
Les espoirs en la loi Egalim et ses référencements de prix qui permettront de ne plus vendre en dessous du prix de revient, les doutes sur les assurances ou encore sur les calamités agricoles… « En France métropolitaine, le Gard a quasi tous les records d’accidents climatiques. On ne peut plus s’assurer, les techniciens doivent venir constater et visiter les exploitations pour comprendre et corréler les sujets. De plus, on nous enlève des matières actives sans nous donner de solutions pérennes et viables, nous sommes dans une impasse technique. »
Il est certain que depuis le début des années 2010, le Gard souffre du climat. Au printemps, en été et en automne, le gel, la sècheresse ou les inondations piègent le monde rural. « On a créé l’association des agriculteurs sinistrés du Gard lors de la dernière mandature et nous accompagnons comme nous le pouvons les zones exclues des calamités. On avait réuni 1,4 million d’euros et le Département nous aide dans cette démarche. »
Jeune agriculteur lui aussi sur la liste gagnante, Romain Angelras poursuit : « Oui, depuis un an nous avons obtenu des soutiens financiers ponctuels. Mais 2025 commence mal, les récoltes s’annoncent mal et les taxes sont toujours là. On ne peut pas produire et dégager un revenu. Dans le Gard, on va se battre sur le système assurantiel qui est absurde chez nous. On ne peut même plus s’installer sans aides. Le mal-être est présent, il grandit fortement, nous devons trouver des revenus pour nos productions. Nos métiers doivent être attractifs ! »
Jean-Louis Portal abonde : « Il faut une rémunération de la production agricole pour pouvoir vivre. Il nous faut valoriser le produit, les agriculteurs fragilisés ou en difficulté doivent se saisir du dispositif Réagir pour être accompagnés. »
Oui, on le sait, on le voit, les agriculteurs sont en souffrance et cela ne suffira peut-être pas. Insidieuse, sournoise, fourbe, la fin s’immisce dans les esprits. L’agriculture n’a jamais eu l’habitude d’alarmer pour rien. Elle meurt en silence. Des soutiens, des aides sont présentes sur le territoire et si vous vous retrouvez dans une ornière, ça arrive, n’hésitez pas et appelez le 0 800 100 362.
Neuf dossiers sont actuellement traités dans le Gard. La technique, l’économique et le social sont remis à plat sans oublier l’aspect psychologique qui est décisif dans ces situations de détresse. Neuf exploitations qui sont accompagnées en toute discrétion, bien sûr. La nouvelle équipe pense que son dispositif sera un peu juste, alors elle compte vite renforcer son dispositif si le bureau le vote lors de la prochaine session. « Nous devons aussi être attentifs à nos salariés qui vont traiter ces cas, c’est pesant et nous devons les comprendre », ajoute Magali Saumade.
Le Gard est une chance. Le Gard a une chance. L’agriculture est le deuxième pilier économique du département, comment pourrait-il en être autrement ? Il faut avancer sur les sujets de la diversification des revenus, aller chercher une plus-value ailleurs que sur l’activité principale, développer le photovoltaïque, diversifier les filières sans pour autant déstructurer ce qui existe déjà et qui fonctionne.
Magali Saumade conclut : « Le sujet de l’eau sera aussi fondamental, nous avons un projet du côté de l’agglo de Bagnols, nous devons parler de l’irrigation des Cévennes avec la création de retenues pour stocker l’eau qui tombe et qui va se jeter à la mer. Ces territoires doivent maintenir leur agriculture, on ne ferme la porte à aucune idée. Nous sommes riches de notre diversité, l’eau doit nous rassembler, pas nous diviser. Que serait notre département sans agriculture ? C’est en enjeu pour l’avenir de nos territoires, de nos enfants. »
Comment aider ? En achetant gardois, en soutenant cette démarche et ces filières locales. En allant au Mas des agriculteurs qui n’a jamais aussi bien fonctionné. En faisant un premier pas et en vous laissant guider par les propositions saisonnières de nos agriculteurs ou encore en adhérant totalement à la future charte qui va réunir autour de la table la Chambre d’agriculture et l’Umih30 pour que les restaurateurs gardois jouent toujours plus le jeu du local dans nos assiettes !