Publié il y a 18 h - Mise à jour le 11.03.2025 - Coralie Mollaret - 4 min  - vu 944 fois

L'INTERVIEW Jean-Jacques Granat : « Je suis un homme libre ! »

Jean-Jacques Granat n'est pas encore sûr de repartir en 2026.

- Coralie Mollaret

À 62 ans, le maire de Manduel, deux mandats au compteur, détaille son action municipale. Il revient aussi sur la douloureuse campagne pour la présidence de Nîmes métropole et sa défaite aux élections départementales… Avec, peut-être, l’envie de prendre sa revanche sur le canton de Marguerrites.

Objectif Gard le magazine : Devenir maire de Manduel était votre rêve d’enfance. Pourtant les petits garçons rêvent plutôt d’être pompiers ou policiers…

Jean-Jacques Granat : J’ai perdu mon père très jeune. Ma mère travaillant, ce sont mes grands-parents, Marcel et Denise, qui m’ont élevé. Mon grand-père m’a tout appris…. Sauf le bricolage (rires). Il m’a transmis l’amour du village, son histoire, ses traditions. Je suis un enraciné de Manduel, j’ai quatre générations de ma famille qui habitent ici.

Lors de votre élection en 2014, qu’avez-vous ressenti ?

J’ai encore mon discours d’investiture ! Ça a été un vrai bonheur. Cela fait 30 ans que je suis élu. Pour devenir maire, je me suis vraiment battu. J’ai d’abord fait un mandat, en 1995, dans l’opposition de Michel Gaini. Le mandat suivant, j’ai aussi été dans l’opposition mais cette fois, une élue m'a rejoint : Marie-Louise Sabatier. En 2001, elle est devenue maire et, j’étais dans son équipe. En 2008, je me suis présenté tout seul. J’avais même reçu le soutien de Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes. Ça a été un échec. En 2014, je l’ai emporté, en tant que candidat divers Droite.

Cela fait onze ans que vous êtes maire. Quel bilan dressez-vous de votre action ?

Le cœur de ville et, notamment la réfection du cours Jean-Jaurès, ont été de gros chantiers. J’ai d’abord créé un parking de 180 places à 200 mètres du centre-ville avant d’éliminer les voitures en instaurant une zone bleue. Avec mon équipe, nous avons rénové l’intérieur et l’extérieur de l’église Saint-Genest, classée aux Monuments historiques. L’éclairage public sera entièrement en Led à la fin du mandat et, maintenant, nous avons le projet de création d'un parc urbain.

Prochaines municipales ? « Je me positionnerai en juin »

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce parc ?

C’est le projet phare de mon deuxième mandat. Nous avons racheté pour 2 M€ la propriété de Cécile Mazaudier, avenue Pierre-Mendes-France. Cette dame est décédée à 96 ans : elle a laissé pas moins de 18 neveux derrière elle ! Les travaux vont commencer. L’idée est de créer un jardin public avec un parcours santé, des hamacs, des aires de jeux pour enfant, un théâtre de verdure pour les associations… Coût de l’aménagement 800 000 €. Ce parc va devenir un carrefour pour les déplacements du centre-ville. Il sera inauguré dans les six mois. Vous savez que six mois avant les élections municipales, on ne peut rien inaugurer !

Y-a-t-il des ratés dans votre action ?

L’arlésienne, c’est Magna Porta… Nîmes métropole a tout fait pour que notre PLU (Plan local d’urbanisme), actuellement en révision, soit fusionné avec celui de cette zone d’activité économique. Moi, j'aurais préféré présenter mon PLU sans cette zone. Bref, j’ai joué le jeu. J’ai peur qu’il y ait des recours qui bloquent l’aménagement de mon territoire. Ce serait très problématique puisqu’à Manduel, nous sommes carencés en logements sociaux. Si le PLU est bloqué, les projets de construction le seront aussi. Nous continuons à payer 140 000 € de pénalité par an.

Vous êtes pourtant président du comité de pilotage de Magna Porta… N'y a-t-il pas un côté schizophrène à votre action politique ?

C’était surtout une manière élégante de me faire rebondir au sein de Nîmes métropole après avoir été mis au placard… Avant d’être président du comité de pilotage, je suis le maire de Manduel.

Serez-vous candidat aux prochaines élections municipales ?

Je me positionnerai en juin. J’ai encore beaucoup de chantiers à terminer. Un an, c’est long encore. Et puis, j’ai le temps je suis maire sortant. Se déclarer maintenant, c’est déstabiliser une équipe et mettre la pression à vos adversaires. Être maire est un engagement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Même si j’ai 62 ans, je m’interroge beaucoup.

Présidence de Nîmes métropole : « Je n’oublierai jamais… »

Revenons sur l’Agglo nîmoise. Vous avez souffert un temps pour avoir préféré le maire de Saint-Gilles au nîmois Franck Proust pour la présidence de Nîmes métropole. Comment sont vos relations avec l’exécutif communautaire ?

Joker ! Aujourd’hui, je joue le jeu et je leur souhaite de réussir. Mais je n’oublierai jamais… C’est l’épisode politique le plus difficile. Je me souviens que, lors de la présentation des vice-présidents, je me suis levé à 4 heures du matin et je me suis dit, tu vas y aller (Jean-Jacques Granat n’avait pas reçu de vice-présidence de Franck Proust, NDLR). Je devais dire ce que je ressentais, moi le maire de la 4e ville de l’Agglo.

Aux dernières élections départementales, sur le canton de Marguerittes, vous avez raté la qualification au second tour à 5 voix. Serez-vous à nouveau candidat ?

Si je suis incertain sur mon avenir municipal, une chose est sûre : si j’arrête la mairie, je n’arrêterai pas la politique.

Tellement fier d'être devenu maire, Jean-Jacques Granat a conservé son discours d'investiture prononcé le 5 avril 2014. • Coralie Mollaret

Législatives : « Je me suis amusé pour les faire trembler »

Quelles relations avez-vous avec les conseillers départementaux du canton, Valérie Guardiola et Rémi Nicolas ?

C’est courtois… J’ai été bien élevé par ma maman. Après, nous ne sommes pas collègues. Quand j’ai une inauguration, j’invite la présidente du Conseil départemental… Elle n’est jamais venue à Manduel, elle ne sait pas où c’est ! Ce n’est pas grave, c’est aussi normal qu’elle mandate les délégués du canton.

Coralie Mollaret

Lors des dernières élections législatives, vous auriez fait courir la rumeur d’une possible candidature avec le soutien du RN. Est-ce vrai ?

Je me suis amusé pour les faire tous trembler ! Cette histoire est intervenue à la veille du salon des maires. Ils m’ont tous appelé. Le jour du salon, j’ai du partir tôt. J’ai croisé Richard Tibérino, président de la fédération. Il a remarqué que je partais tôt… Je lui ai dit que j’avais une conférence de presse à la mairie de Beaucaire pour les Législatives. Ils m’ont cru ! Alors que sur les réseaux sociaux, les candidats avaient déjà été tous désignés.

Du coup, quelles relations avez-vous avec la députée RN Sylvie Josserand ?

Elle a été élue démocratiquement. Je lui ai mis à disposition une salle pour qu'elle m'avait demandé pour ses voeux. À Manduel, 60 % des gens ont voté pour elle. Je me suis rendu à ses voeux de façon républicaine. J’étais surtout curieux. Je voulais surtout voir s’il y avait des Manduellois. Il y en avait dix… Je suis un homme libre.

Coralie Mollaret

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