FAIT DU JOUR Carte scolaire : le Dasen revient sur deux fermetures mais n'aura plus de marge

Mobilisation des parents et élus au moment du Conseil départemental de l'Éducation nationale, ce mardi matin à Nîmes
- Anthony MaurinLa maternelle de Branoux-les-Taillades et l'ULIS de Bessèges ne fermeront pas en septembre, contrairement à ce qui avait été annoncé en février. Après contestations des chiffres publiés, le Dasen du Gard a présenté une carte avec 47 fermetures et 14 ouvertures de classe, pour répondre à une baisse de 1 485 élèves à la rentrée 2025. Au collège, seize divisions sont elles aussi appelées à fermer.
Il y a eu échange, des reconnaissances d'avancée de chaque côté, mais le vote final pointe tout de même le désaccord de fond : 23 représentants ont voté contre la carte scolaire présentée par le Directeur académique des services de l'Éducation nationale (Dasen), Christophe Mauny, et trois se sont abstenus. Aucun n'a voté pour. Le Dasen a remis en question les chiffres sortis dans la presse en février (à relire ici), en raison de classes qui auraient dû être comptabilisées l'an dernier en fermeture provisoire. Les syndicats contestent l'approche.
Le (nouveau) bilan indique donc 47 fermetures de classe envisagées à la rentrée 2025, contre 14 ouvertures. Les parents d'élèves de trois écoles manifestaient devant les grilles, ce mardi matin (lire encadré), alors que se tenait le Conseil départemental de l'Éducation nationale (CDEN). Seuls ceux de l'école de Branoux-les-Taillades sont repartis soulagés (relire ici leur mobilisation de la semaine dernière), le Dasen ayant annoncé, en séance, revenir sur la fermeture envisagée en maternelle. Pour Aramon et Boisset-et-Gaujac, en revanche, le retour a été plus lourd que l'aller. "On va quand même surveiller jusqu'en juillet, témoigne Laura Escalier, représentante des parents d'élèves de Branoux. Mais si les effectifs restent comme ils sont, on est tranquille." Les parents avaient été reçus vendredi dernier par l'Inspection académique, "mais en sortant, on n'était pas optimiste du tout. Mais la mobilisation a porté ses fruits, au moins pour l'année prochaine..."
Trois écoles font du bruit pendant le CDEN
Pendant la tenue du Conseil départemental de l'Éducation nationale (CDEN), et pour marquer le coup malgré la pluie, syndicat, professionnels de l'éducation, élus et parents d'élèves ont manifesté sous les fenêtres d'où se tenait la réunion. "Le rural est en danger, trop de fermetures de classes ne va jamais permettre de relancer la vigueur d’un territoire. Il faut investir dans la jeunesse, la mettre sur de bons rails, l’encadrer et surtout lui offrir des perspectives d’avenir ! Je vois mes enfants s’inquiéter pour ça mais à leur âge ils devraient penser à autre chose ! C’est dur d’avoir fait le choix de partir des grandes villes pour un meilleur confort quotidien et dans le même temps de voir que les classes ferment…", explique une maman accompagnée de sa fille.
Les représentants des écoles d’Aramon, de Boisset-et-Gaujac mais aussi de Branoux-les-Taillades se sont déplacés et ont fait entendre leurs voix.
Pascale Prat, maire d’Aramon, avait fait le déplacement avec une délégation estampillée Gard rhodanien. Pour elle, "je soutiens mes équipes enseignantes car toutes nos écoles sont en grève aujourd’hui à cause d’une fermeture de classe annoncée sur un premier cycle. Nous voulons maintenir la qualité de l’éducation de nos enfants qui seront de futurs adultes. Nous supprimer des classes pour en avoir des doubles ou des triples… La qualité va en pâtir !"
Et l’élue de reprendre, "ces futurs adultes seront complètement laissés à l’abandon, ils ne pourront pas accomplir leurs devoirs de citoyens ou de parents dans de bonnes conditions car ils n’auront pas eu de bonnes conditions d’accompagnement. Manifester, c’est souligner les problèmes rencontrés sur les collectivités, le désengagement de l’État car il s’agit d’une question de finances et d’emploi. Notre population en pâtit dans le savoir-être, le savoir-vivre et le confort de nos communes…"
Anthony Maurin
Comme pressenti par les syndicats en février, l'ouverture d'une ULIS à Salindres n'a finalement pas eu raison de celle de Bessèges, qui est maintenue, après l'intervention de la FSU qui signalait qu'elle était la seule classe ULIS en milieu éducatif rural. Le Dasen a également annoncé une ouverture qui n'était pas prévue, à Saint-Hippolyte-du-Fort, dans une classe bilingue en occitan de l'école élémentaire. En revanche, une classe de maternelle de l'école Rachel-Cabane va bien fermer.
Christophe Mauny fait aussi le choix, pour la rentrée prochaine, de conserver seize postes de titulaires remplaçants, pour pallier les absences que les parents d'élèves ont pu constater les années précédentes, et la difficulté qu'il existait à les remplacer. "Mais ce n'est qu'après qu'il a dit qu'il ne fermerait pas Branoux, donc peut-être qu'il n'en reste plus que quinze", tempère Philippe Ribot, président de l'association des maires du Gard, qui assistait au CDEN avec trois de ses homologues (Junas, Saint-Martin-de-Valgalgues et Saint-Nazaire).
"1 485 élèves de moins, ça ne représente que moins d'1,5 élève par classe"
Mais le Dasen a prévenu : avec cette carte scolaire, "il a utilisé toutes les dotations en sa possession", relèvent FSU et SNUDI-FO. En clair, si une classe doit absolument ouvrir en septembre prochain, il faudra qu'une autre ferme ailleurs dans le département. Pour autant, Christophe Mauny a rappelé, comme à chaque rencontre sur la carte scolaire, que celle-ci n'était pas figée et qu'il pouvait y avoir des ajustements, en juillet et septembre, "à moyens constants". Le Dasen arrive à une moyenne de 21 élèves par classe.
"1 485 élèves de moins, ça ne représente que moins d'1,5 élèves par classe", tempère le SNUDI-FO à propos de la carte scolaire tout en reconnaissant, comme la FSU, la baisse démographique. "Le Dasen a dit qu'avec la contrainte des douze postes disponibles en moins, il a mis en place les priorités sur la ruralité, l'école inclusive et les remplacements", note la FSU. Mais pour le syndicat majoritaire, l'école inclusive est "une variable d'ajustement de sa carte scolaire". Comme dénoncé en février, les deux postes de CMPP (centre médico-psychopédagogique) seront bien supprimés à Nîmes, "soit six supprimés en trois ans, poursuit la FSU, sur les trois sites de Nîmes, Alès et Bagnols. Le Dasen justifie cela en disant qu'il n'y a pas de candidature pour ces postes. Mais les postes sont vacants car le Dasen met des conditions de diplôme spécialisé, alors que pour l'unité territoriale autisme, il ne met pas de minimum diplômant."
Côté ruralité, et alors que 286 communes du Gard sur 350 sont comptabilisées dans un des cinq niveaux, Philippe Ribot regrette : "On voulait profiter de la baisse démographique pour améliorer l'encadrement des écoles, d'autant plus avec l'école inclusive qui nécessite des moyens humains importants". Pour la FSU, "dans la ruralité, certaines écoles allaient être à plus de 25 élèves par classe, alors que c'est le maximum hors zone d'éducation prioritaire. Et puis, les zones 1 et 2, très rurales, sont préservées. Mais dans certaines zones 5 et 6, comme la plaine de la Gardonnenque ou celle d'Aramon, c'est moins le cas." Christophe Mauny a dit être en discussion avec l'association des maires ruraux, qui demande une évaluation pluri-annuelle, demande soutenue par Philippe Ribot : "Cela fait des années qu'on demande d'avoir une vision de moyen terme et on a du mal à la partager."
Enfin, la FSU constate qu'en pourcentage, la baisse des élèves dans le privé est bien moins importante que dans le public, laissant supposer des départs en nombre vers les écoles privées (qui accueillent 11 % des effectifs du primaire, puis 21 % au niveau du collège).
Un collège public qui devrait compter 504 élèves de moins à la rentrée 2025, entraînant un solde de "fermeture de seize divisions (ou classes, NDLR) et la perte de treize postes, avance la FSU, soit un des départements de l'académie qui en perd le plus. On note aussi que quand il n'y a pas de baisse d'effectifs, on ne relève pas le nombre de postes. Et il existe beaucoup de classes de collège ordinaires où on voit 30 à 31 élèves par classe." Christophe Mauny conserve un matelas de 14 postes pour d'éventuels ajustements au mois de juin. La FSU note que les groupes de niveau, "invalidés par le Conseil d'État, mobilisent trente postes dans le Gard. S'ils ne sont pas maintenus, ça peut rebattre les cartes". Côté élus, Philippe Ribot était satisfait d'avoir pu évoquer la situation du collège Daudet d'Alès, "qui correspond à tous les critères pour être en REP" (réseau d'éducation prioritaire), et d'avoir évoqué "la frustration des enseignants de ne pas voir leur collège dans cette catégorie".