ALÈS Gaël raconte comment il a sauvé la jeune femme frappée de 40 coups de couteau
Il ne veut pas qu'on l'appelle ainsi, mais Gaël Dussargues, 33 ans, a pourtant bien l'étoffe d'un héros. Avec ses amis Olivier et Emmanuel, ils ont sauvé la jeune femme blessée par son concubin de 40 coups de couteau et leur petite fille de 17 mois.
Ce soir-là, Gaël et Olivier passent une soirée tranquille chez une amie, autour d'une bonne partie de coinche. Pour faire durer un peu plus le plaisir, ils décident de boire un dernier verre au pub "O'Corcoran's", situé à côté de l'hôtel où le drame est sûrement déjà en train de se jouer. Pause clope oblige, ils sortent au grand air et entendent des appels au secours. Il est 0h30, une jeune femme ensanglantée est perchée sur la corniche du deuxième étage du Riche Hôtel et crie : "Il est dans la chambre 14 avec ma fille !". Le sang de Gaël ne fait qu'un tour. "J'ai eu une montée d'adrénaline. J'ai cassé la porte d'entrée de l'hôtel avec mes pieds et je suis monté. Je suis allé à la chambre où la jeune femme s'était réfugiée, elle m'a ouvert la porte couverte de sang. Pendant ce temps, mes collègues avaient pris l'extincteur pour défoncer la porte de la chambre où se trouvait l'homme et le bébé. Je ne pensais qu'à une chose : sauver la gamine. Je n'imaginais pas les risques que l'on prenait", raconte Gaël, qui est aussi le père d'un petit garçon de 4 ans et demi.
Tout se déroule alors très vite. Les policiers arrivent sur place et la porte cède. "J'ai aperçu l'homme assis au bord du lit mais tout ce qui m'importait, c'était l'enfant. Je suis d'ailleurs beaucoup resté avec le bébé ensuite", se souvient-il. Les policiers procèdent à l'arrestation du père et la jeune femme est évacuée à l'hôpital d'Alès. L'enfant est confié à la grand-mère maternelle qui vit près de Bagnols-sur-Cèze.
"J'ai fait ce que j'avais à faire, j'ai aidé mon prochain" commente Gaël. Pour lui, cet acte sonne comme une sorte de revanche que la vie lui a donné après avoir perdu quinze ans plus tôt l'un de ses meilleurs amis dans un accident de la route. "Hier, j'ai fait ce que n'ai pas pu faire cette nuit du 8 juillet 1998, lorsque nous rentrions en scooter avec mon ami Ghislain après la demi-finale de la coupe du monde du football et qu'une voiture nous a percuté. Je n'ai pas pu le sauver, j'étais impuissant. Aujourd'hui, j'ai eu le choix de pouvoir aider quelqu'un". Après plusieurs opérations, les jours de la jeune maman ne sont pas en danger mais elle pourrait perdre l'usage d'un bras.
Elodie Boschet