BAGNOLS L’hommage à trois jeunes Barjacois tués par erreur à la Libération
La stèle est au bord de la route d’Alès, à la limite entre les communes de Bagnols et Sabran.
C’est ici que le maire de Barjac Edouard Chaulet, accompagné de porte-drapeaux, est venu samedi matin comme chaque année, « depuis toujours», précise-t-il.
« Mourir à cet âge, c’est horrible, et dans la joie de la Libération, ça l’est encore plus »
Cette fois, l’adjoint Maxime Couston et le conseiller municipal Raymond Masse l’ont accueilli, en présence du secrétaire de la cellule Bagnolaise du Parti communiste français Michel Veysset. C’est donc au bord de la départementale et devant cette assistance qu’Edouard Chaulet a narré l’histoire des trois jeunes hommes dont le nom est inscrit sur la stèle et de leur quatrième camarade, qui a lui eu la chance de réchapper de cette terrible journée du 27 août 1944.
À cette date, les deux débarquements (Normandie et Provence) ont déjà eu lieu. « Les nazis ne voulaient pas se retrouver coincés, et donc évitaient autant que possible la vallée du Rhône », explique l’édile. De fait nombre de colonies nazies décident de passer par les Cévennes et l’Ardèche, ce qui ne les protégeait pas des tirs aériens de l’aviation britannique. « Un des avions anglais qui mitraillait une colonie allemande a touché une ligne électrique à Barjac, et le pilote a réussi à atterrir à Saint-Privat-de-Champclos, où il sera recueilli par le maquis des gorges de la Cèze », poursuit Edouard Chaulet.
Après s’être bien assurés qu’il ne s’agissait pas d’un pilote allemand, les hommes du maquis décident de remettre le Britannique à la première armée. D’après leurs informations, elle se trouverait à Bagnols. Pour en avoir le coeur net, quatre jeunes Barjacois prennent la route, direction Bagnols, en commettant une imprudence qui leur sera fatale. « Ils ont oublié de faire un signe distinctif sur leur capot, et un autre avion britannique a mitraillé leur voiture », poursuit Edouard Chaulet.
Le bilan est terrible : trois jeunes Barjacois, Joseph Bondurand, Gérardo Louveira et Albert Roubeaud, perdent la vie. « Mourir à cet âge, c’est horrible, et dans la joie de la Libération, ça l’est encore plus », estime le maire de Barjac, qui tient donc à honorer la mémoire de ces trois jeunes hommes tombés alors que la guerre touchait à sa fin. Pour ce faire, il a trouvé une oreille attentive la mairie de Bagnols, où Raymond Masse affirme qu’il fera « le maximum pour que perdure le souvenir de ces trois jeunes, et qu’ils ne soient pas morts pour rien. »
Edouard Chaulet en profitera pour demander à la mairie de Bagnols de « trouver une ruelle ou une placette » à renommer du nom de Louis Ferri, illustre Résistant Bagnolais, chef du maquis de Barjac. Reste à voir si cette requête sera entendue, 73 ans après la Libération.
Thierry ALLARD