GARD Le Département pris entre deux feux
Malgré la hausse des dépenses sociales (bénéficiaires du RSA, mineurs isolés, vieillissement des personnes âgées…), la collectivité est contrainte par l’État à faire des économies.
L'année 2019 s’annonce compliquée pour le Gard. Dans le cinquième département le plus pauvre de France, la situation des Gardoises et Gardois ne s’est pas améliorée. La collectivité va enregistrer une hausse de 2% de ses dépenses sociales. Seulement cette fois, elle est contrainte par l’État de limiter ses dépenses à 1,2% maximum, sous peine de pénalités financières.
« déçu, inquiet et désabusé »
Une double peine dénoncée par la majorité de gauche (PS-PCF-EELV). « Je ne contrôle pas le nombre de bénéficiaires du RSA, ni l’indemnité, mais je paye ! Pareil au sujet des personnes âgées et les mineurs non-accompagnés », répète indigné le président socialiste du Département, Denis Bouad. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, il se dit « déçu, inquiet et désabusé » après sa réunion, mercredi soir, avec l’association des Départements de France, à Paris.
« Nous demandions à l’État une revalorisation des DMTO (taxe sur les transactions immobilières) pour créer un fonds de soutien en direction des Départements les plus en difficultés », explique-t-il. Or, « il a été voté la création de ce fond, sans hausse de cette fiscalité. Des Départements comme le Nord, au lieu de recevoir de l’argent, vont d’abord en donner ! », soupire l’élu, qui a refusé de prendre part au vote.
L'opposition veut plus d'économies
Contraint de réduire la voilure, l’exécutif entend toutefois poursuivre ses politiques publiques volontaristes, comme la mise en place d’une protection et prévoyance pour ses 3 121 agents (dont 198 contractuels), dont le coût avoisine les 500 000€. Une « largesse », tacle le président du groupe d’opposition Le Bon Sens Républicain, Laurent Burgoa.
Confortée par son homologue du groupe Centristes et Indépendants, Thierry Procida, ainsi que par celui du Rassemblement national (ex-FN), Nicolas Meizonnet, l’opposition attend « une baisse plus importante des dépenses » sur le personnel ou sur les subventions versées à différents organismes. Dans le viseur de la droite républicaine : le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours).
Les investissements stabilisés
Encore soumis à l’arbitrage, l’exécutif a fait savoir que certains crédits relevant des compétences non-obligatoires vont être rabotés. L’objectif : limiter les dépenses pour 2019 à 781 M€. Sur la question de l’investissement, le budget tournera autour de 132 M€ puis 130 M€ chaque année jusqu’en 2023. Ces crédits permettront, l’an prochain, de reconstruire les collèges de l’Est nîmois et de Remoulins ou encore de raccorder 50 000 foyers dans le cadre du plan "Très haut débit".
Pour financer ses projets, la collectivité utilisera son épargne brute (prévue à hauteur de 70 M€) mais aura aussi recours à l’emprunt. « Depuis mars 2017 nous n’avions pas emprunté un centime », rappelle la collectivité qui vient de contracter un emprunt de 55 M€ le mois dernier. La dette, elle, est estimée à 456 M€ contre 447 M€ en 2018. « Ce budget ne sera pas sans douleur », a conclu Denis Bouad, paraphrasant François Mitterrand - « la clarté est la forme la plus difficile du courage » - en guise de conclusion.
Coralie Mollaret