EUROPÉENNES À Nîmes, Bellamy impose son style
Inconnu du grand public il y a quelques semaines, le candidat de la Droite et du Centre, François-Xavier Bellamy, a suscité la plus grande attention des 1 000 personnes venues l'écouter, ce soir aux Costières.
Quand il parle, on l’écoute. Aux traditionnels éclats de voix, le professeur de philosophie a préféré, ce soir en meeting à Nîmes, les démonstrations douces et profondes. Le trentenaire s'adonne même à quelques envolées lyriques, citant un passage du poème À Nîmes de Guillaume Apollinaire, pour illustrer son combat européen :
« Nous nous engageons sous le plus beau des cieuxDans Nice la Marine au nom victorieux
Perdu parmi 900 conducteurs anonymes
Je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes ».
Avec Bellamy, les militants sont loin des slogans tonitruants balancés, ici même, par ses pairs. Sans note et sur un ton calme, le philosophe « redonne du sens à la politique », commente le conseiller départemental d’Aigues-Mortes, Léopold Rosso. « François-Xavier Bellamy a été une agréable surprise. Son arrivée a permis de virer les vieux croutons ! », témoigne Daniel, un militant nîmois.
L’Europe, « on ne peut pas s’en passer »
Inconnu du grand public il y a quelques semaines, François-Xavier Bellamy a eu le temps de travailler ses discours au fil des 50 réunions publiques organisées ces quatre derniers mois. Alliant jeunesse et conservatisme, l’adjoint versaillais a été une sorte de « révélation » pour plusieurs membres de sa famille politique. S’ils sont admiratifs de leur tête de liste, les militants sont réalistes : « Dimanche, la participation ne sera pas forte. Les gens ne comprennent pas les enjeux », déplore Lucien.
Il faut bien avouer que la présence de la trentaine de listes n’aide pas à identifier les enjeux du scrutin. Aussi, « depuis le début, on nous sert le match Macron-Le Pen. Tout a été fait pour nous voler cette élection ! », affirme François-Xavier Bellamy. Sans entrer dans les détails de son programme, le candidat a décliné sa vision de l’Europe. Pour la Droite et le Centre, l'Europe, c'est un marché de 500 millions d’habitants que « les grandes puissances ne peuvent ni contrôler, ni se passer. »
Or, « nous ne sommes pas uniquement des consommateurs. En faisant ce choix depuis des années, beaucoup de nos agriculteurs ont eu du mal à survivre. » Alors, « redonnons du sens au travail en libérant les entreprises. » Sur la question de l'immigration, le pire reste à venir selon la tête de liste, martelant que « la première des générosités, c’est de maîtriser nos frontières pour bien accueillir. »
Le retour de la Droite et du Centre
Loin d'une fin de campagne traditionnelle, Les Républicains espèrent que l'élection de dimanche marquera leur renaissance. « Ça faisait bien longtemps que nous n’avons pas ressenti cette émulation », confie le secrétaire départemental Les Républicains du Gard et député européen sortant, Franck Proust.
« Les Européennes, c’est l’occasion pour la Droite et le Centre de montrer que nous sommes de retour ! », ajoute Christophe Rivenq, président de la fédération gardoise. « À Nîmes, tout commence », conclut la tête de liste. L’avenir dira si cette « révélation » s’inscrira dans la durée.
Coralie Mollaret