MONTFAUCON Le village fait le pari de la télémédecine
C’est dans ce bureau, à gauche à l’entrée de la mairie de Montfaucon (1 500 habitants), à un jet de pierre de Roquemaure, qu’elle sera installée au début du printemps.
Dans ce bureau, l’entreprise Tessan va installer une cabine de télémédecine et ce sera une première pour une mairie dans le Gard. Pour le maire, Olivier Robelet, il s’agit de répondre « à la demande des administrés d’avoir un médecin de proximité. » Car Montfaucon, pourtant pas perdu au milieu de la ruralité (Avignon est à quinze kilomètres, comme Bagnols ou Orange), n’arrive pas à attirer un médecin et n’en a plus depuis des années. « Et même si on leur offre la Lune, on n’arrive pas à faire venir un médecin », souffle Olivier Robelet.
Et comme beaucoup de maires, Olivier Robelet a un métier : il est pharmacien à Bagnols, et sa pharmacie s’est équipée courant décembre d’une cabine de télémédecine Tessan. L’élu, qui était « dubitatif au début », voit la solution fonctionner tous les jours et se dit que ce serait peut-être pas mal pour sa commune.
Car la cabine, qui est entièrement opaque et insonorisée, « une question de secret médical », souligne le docteur en pharmacie et cofondateur de Tessan, Lucas Goumarre, est entièrement équipée. Le patient rentre, commence obligatoirement par se désinfecter les mains avec le gel fourni dans la cabine, se connecte et est mis en contact en moins d’un quart d’heure avec un médecin. « C’est le médecin qui pilote, tout est fait sous son contrôle. Il voit tout ce qui se passe. Exactement comme si la consultation se passait dans son cabinet », poursuit Lucas Goumarre.
Le médecin à l’autre bout de l’écran, le patient a de grandes chances de ne pas le connaître, même si « les médecins locaux sont prioritaires sur les autres, d’abord pour un côté culturel, et aussi pour ne pas faire de concurrence. Ce n’est pas la cabine contre les médecins, mais en soutien de leur activité », note le cofondateur de Tessan. Cet anonymat « est aussi un avantage, poursuit-il. Il y a une plus grande liberté de parole, ce que nous n’avions pas prévu. » Autre avantage : le patient n’a pas à faire d’avance et repart sans payer, avec son ordonnance. En revanche, la machine n’édite pas d’arrêts maladie, ni de prescriptions pour des produits stupéfiants.
Des ventes qui décollent
Et le solution plaît : partie d’un constat, « le problème de l’accessibilité à un médecin qui existe partout, pas que dans les déserts médicaux », souligne Lucas Goumarre, un problème qui fait que « 13 % des Français n’ont pas de médecin traitant », l’entreprise voit ses ventes décoller. Un an et demi après sa première vente, elle compte « plus de 120 cabines posées, et encore 200 signées mais pas encore posées, avance Lucas Goumarre. Nous en aurons plus de 500 d’ici la fin 2020 en France, un tiers dans des mairies et deux tiers dans des pharmacies. »
De quoi faire dire au cofondateur de l’entreprise que nous sommes face à « une réorganisation du système médical. Ce n’est pas la télémédecine contre la médecine, c’est un troisième acteur entre le médecin traitant et les urgences. La télémédecine est un premier niveau. » Et un moyen de pallier le problème de la désertification médicale, notamment dans les zones reculées.
C’est dans ce cadre que le "Plan montagnes" de la Région Occitanie, qui a été publié récemment, prévoit des subventions pour l’expérimentation de cette solution notamment dans les Cévennes. Pour information, il en coûte 1 500 euros par mois en location avec option d’achat ou location longue durée pour une mairie. « Pour Montfaucon, ça fait un euro par mois par habitant », replace le cofondateur de Tessan.
Reste à voir si les freins que certains ont encore vis-à-vis de la télémédecine pourront être levés. « En Suède, un tiers des consultations se fait par télémédecine et c’est un des meilleurs systèmes de santé du monde », affirme Lucas Goumarre.
Thierry ALLARD