Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 04.06.2020 - thierry-allard - 5 min  - vu 1973 fois

FAIT DU JOUR Municipales : petites communes mais gros enjeux


De Gauche à droite : Jean-Yves Chapelet maire de Bagnols ; Jean Denat maire de Vauvert et William Portal maire de Marguerittes (Photo : droits réservés)

Il n’y a pas qu’à Nîmes que le second tour des municipales se tiendra le 28 juin...

De nombreuses villes, et non des moindres à l’échelle de notre département, doivent encore se choisir un maire. Si le cas alésien a été réglé dès le premier tour, il manque encore Bagnols/Cèze, Pont-Saint-Esprit, Vauvert, Marguerittes, le Grau-du-Roi, Saint-Hilaire-de-Brethmas ou encore Beauvoisin. Autant de communes où les enjeux sont importants, et dépassent souvent leurs propres frontières pour toucher l’échelon intercommunal.

Dans le Gard rhodanien

Le maire sortant et candidat aux municipales à Bagnols, Jean-Yves Chapelet (Photo : Marie Meunier / Objectif Gard)

Si la plupart des communes de l’Agglo du Gard rhodanien se sont trouvées un premier magistrat dès le 15 mars, ce n’est pas le cas de Bagnols/Cèze et de Pont-Saint-Esprit, ses deux plus grandes villes. Deux villes dans lesquelles le maire sortant, Jean-Yves Chapelet à Bagnols et Claire Lapeyronie à Pont, sont arrivés en tête au soir du premier tour, mais où les configurations pour le second tour sont différentes.

À Bagnols, Jean-Yves Chapelet est le favori très clair car avec 39,7 % des voix (soit 1 880 voix), le maire sortant a fait le trou avec le Rassemblement national (28,8 %, 1 365 voix) et les deux listes de Gauche, Alliance Citoyenne (12,10 %, 573 voix) et Convergences citoyennes (11,62 %, 550 voix). Ces deux dernières ont bien failli fusionner mais finalement, l'union ne s'est pas nouée.

Thierry Vincent a déposé sa liste avec ses 33 colistiers de départ mardi soir, quant à Christian Roux, il s'est désisté. Une liste "citoyenne" au lieu de deux permettra sûrement de ne pas diviser l'électorat de gauche et de faire un plus gros score face à Corine Martin et Jean-Yves Chapelet. Même s'il est difficile d'imaginer le détenteur du ticket sortant s'effondrer, certains pensent que le RN pourrait bien tirer profit des récentes échauffourées dans le quartier des Escanaux.

Claire Lapeyronie est favorite à Pont-Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À Pont-Saint-Esprit, la liste commune de Catherine Chantry et Didier Bonneaud, arrivés respectivement deuxième avec 30,5 % (910 voix) et troisième avec 26,17 % (781 voix) derrière Claire Lapeyronie (43,3 %, 1 293 voix), change la donne. Et fait grincer des dents : celles des communistes, qui claquent la porte de la liste Chantry, reprochant à Didier Bonneaud de représenter la Droite, voire l’extrême-Droite, lors du premier tour. Au-delà du calcul mathématique qui ressemble à un pari, ce fait politique pourrait bien changer la donne aussi au niveau de l’Agglo.

Car pour espérer renverser Jean-Christian Rey de la présidence, il faut, pour ses opposants, prendre d’abord Pont-Saint-Esprit. C’est le calcul fait par Didier Bonneaud, qui lorgne sur la place. Sauf que cette alliance spiripontaine vient saper le travail effectué depuis des mois par un autre groupe d’élus, des édiles plus à Gauche et peu enclins à combiner avec Didier Bonneaud.

Or, pour espérer changer de majorité, il faudra compter sur le soutien de la kyrielle de maires de petits villages classés à Gauche qui, entre Rey et Bonneaud, préféreraient encore le premier. En clair : la candidature commune Chantry/Bonneaud à Pont, qu’elle soit couronnée de succès ou pas, pourrait ouvrir un boulevard à Jean-Christian Rey pour se succéder à lui-même.

Dans les Cévennes

Le maire sortant de Saint-Hilaire-de-Brethmas, Jean-Michel Perret, est-il en danger ? L’élu, qui a récolté 46,50% des voix au premier tour, balaie complètement cette hypothèse. Interrogé il y a une dizaine de jours sur la question d’un deuxième tour au mois de juin - il était contre - il avait répondu : « Tous les maires qui, comme moi, sont assurés de passer au second tour sont plutôt pour que ça se tienne en juin ». Une assurance qui irrite sa seule opposante, Sylvie Galtier, arrivée deuxième avec 35,04% des voix.

Jean-Michel Perret semble parti pour l'emporter à Saint-Hilaire de Brethmas (Photo Tony Duret / Objectif Gard)

La troisième liste, portée par Simone Teissier (18,44%), ne sera pas de la partie, histoire de ne pas exhumer la triangulaire de 2014 qui avait permis l’élection de Jean-Michel Perret. Mais alors qu’elle aurait pu clairement favoriser l’élection de son ancienne alliée Sylvie Galtier, avec qui elle a combattu le maire sortant, Simone Teissier n’a pas donné de consigne de vote : « Mes électeurs feront le choix qui leur semble bon ». Les Saint-Hilairois auront donc à trancher entre un Perret qui part favori et bénéficie de la prime au sortant et une Galtier qui se dit « combative, prête et déterminée ». Fin du suspense le 28 juin.

En Camargue gardoise 

Le scrutin le plus indécis est probablement celui de Vauvert. Le maire sortant, le socialiste Jean Denat, a devancé le candidat du Rassemblement national, Jean-Louis Meizonnet, de seulement 85 voix. Si Jean Denat a peut-être marqué quelques points pendant le confinement où il a été sur tous les fronts et a fourni rapidement des masques à la population, plusieurs événements successifs ont peut-être fragilisé sa position.

Le départ de Jean-Noël Rios, son adjoint à l'urbanisme et à la voirie, fin avril, l'a contraint à recruter Mohamed Touhami, colistier de Joël Cachia-Moreno. Dans le même temps, Bruno Lebeau, classé en 4e position le 15 mars avec 3% des voix, a créé la surprise en annonçant soutenir Jean-Louis Meizonnet. Plus tôt dans la semaine, la colistière de Jean-Louis Meizonnet, Sandrine Rios, accusait le maire "d'abus de pouvoir". Ce mardi enfin, lors du dernier conseil municipal du mandat, son opposition l'a accusé de faire payer aux Vauverdois un avocat pour le défendre dans le cadre d'une affaire personnelle. Malgré son assurance inébranlable, Jean Denat sortira-t-il indemne de ces derniers jours agités ?

À Vauvert, suspens garanti autour de la réélection ou non du maire Jean Denat (Photo : droits réservés)

Au Grau-du-Roi, Robert Crauste est arrivé largement en tête le soir du premier tour, avec 44,5% des suffrages. Face à une Droite divisée en cinq listes au printemps et qui paraissait irréconciliable, le maire sortant avait de quoi envisager le second tour sereinement. C'est sans doute un peu moins le cas depuis dimanche, et l'annonce de la fusion des listes de Charly Crespe et Léopold Rosso, arrivés en seconde et troisième position avec respectivement 21,3% et 15,6% des voix.

Restée en dehors de l'alliance, le Cercle du Grau, portée par Sophie Pellegrin-Ponsole et créditée 8,33% des suffrages n'a pour l'heure donné aucune consigne de vote. À moins d'un mois de scrutin, les cartes ont donc été quelque peu redistribuées au Grau-du-Roi, même si le ballottage reste largement favorable à Robert Crauste.

Du côté de Beauvoisin, le second tour pourrait bien être un remake du premier, les quatre candidats en lice ayant décidé de maintenir leur candidature. Une situation qui devrait, selon toute vraisemblance, profiter à Mylène Cayzac, arrivée en tête avec 39% des voix, alors que son plus proche poursuivant, Christophe Tichet, était relégué 15 points derrière.

À Marguerittes

William Portal dans son bureau à Marguerittes. Un lieu que l'élu occupe depuis sept mandats (Photo : Coralie Mollaret)

Dans la troisième commune du territoire de Nîmes métropole, une page est clairement sur le point de se tourner. Après 31 ans de règne, William Portal (75 ans) est en mauvaise posture à l'aube de ce second tour. Le 15 mars dernier, il est arrivé en deuxième position (avec 22% des voix) loin derrière Rémi Nicolas (41,5%), le candidat "divers Gauche". Dans cette triangulaire, le maire sortant doit aussi composer avec la liste fusionnée entre son ancien premier adjoint, Denis Bruyère, et son ancien conseiller municipal, Stéphane Guillemin.

Deux hommes, respectivement de centre droit et du parti Les Républicains, qui ont récolté chacun un peu plus de 18% des suffrages au premier tour. Cette union sera-t-elle suffisante pour l'emporter ? "Je ne suis pas sûr que la crise profite au maire sortant ni que la fusion soit accueillie de bon augure", commente le favori qui a profité de cet éclatement de la majorité pour prendre le large. Comme ailleurs, la forte abstention du premier tour peut rebattre les cartes. À Marguerittes, sur 7 000 inscrits seulement 3 000 votants ont participé à la partie. Pour William Portal, "la règle du jeu a été détruite". Reste à savoir si cette nouvelle donne gommera ses déboires du premier tour et lui offrira les bons atouts d'ici le 28 juin.

La rédaction

Thierry Allard

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