Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 12.06.2020 - abdel-samari - 3 min  - vu 1410 fois

NÎMES Au greffe du tribunal de commerce, on protège les entreprises et l'emploi du territoire

Jean-David Vidal est à la tête du greffe de tribunal de commerce de Nîmes (Photo : AS / Objectif Gard)

Au greffe du tribunal de commerce de Nîmes, la crise économique liée au coronavirus n'a pas encore laissé beaucoup de traces. Pourtant, Jean-David Vidal, à la tête de l'Institution depuis plus de 20 ans en est sûr : les entreprises gardoises vont devoir faire preuve de souplesse et de réactivité si elles ne veulent pas y laisser des plumes.

Jean-David Vidal dirige la Selas Vidal-Penchinat. Accompagnés de 18 salariés, ils sont délégataires d'un service public depuis plus de 20 ans. Leur mission : accompagner la mission judiciaire du tribunal de commerce de Nîmes. Le 16 mars pourtant, et pour la première fois de sa carrière, tout tombe à l'eau.

Pour un temps... « Nous nous sommes réunis avec les collaborateurs avec finalement assez peu d'informations à l'époque car, rappelez-vous, c'était le flou complet. Mais à la fois dans une démarche de protection sanitaire tout en poursuivant notre mission de service public, on décide de se réorganiser avec une petite partie du personnel en télétravail et l'autre en présentiel » explique le chef d’entreprise.

Pas question toutefois d’accueillir du public pendant le confinement : « Nous étions fermé au public, mais la présence sur le site était impérative pour assurer les permanences téléphoniques et traiter les dossiers qui demeurent majoritairement encore au format papier » précise Jean-David Vidal

Fort heureusement, le numérique répond aussi à la problématique de l'accompagnement physique. Le site https://www.infogreffe.fr depuis des années permet une dématérialisation quasi-totale des principaux actes commerciaux. « Et l'activité réduite, voire à l'arrêt total pour de nombreuses entreprises, a entraîné une juridiction au point mort pendant plusieurs semaines », complète Jean-David Vidal.

Les chefs d'entreprise inquiets ont décidé d'attendre. Ou de faire appel au "Prêt garanti par l'État" (PGE). "En deux mois, nous avons dû mettre en œuvre une vingtaine de procédures collectives. Normalement, nous en traitons dix par semaine. Une situation abracadabrante où finalement nous avons eu moins de procédure qu'en temps normal."

Vers des lendemains qui déchantent ?

Depuis le déconfinement début mai, les audiences ont repris mais difficilement. Mais le plus gros risque de venir. "Aujourd'hui, les entreprises ont pratiqué le report de charges, de loyers, ont bénéficié du chômage partiel, et contracté un PGE mais à la fin, il va bien falloir payer", rappelle inquiet le greffier qui craint une vague successive de dépôts de bilan dans les prochains mois.

"Je vais vous dire, ce qui m'énerve le plus dans cette crise, c'est que le tribunal de commerce et son greffe sont opérationnels depuis le 16 mars. Nous avons la possibilité de mettre en place des procédures de sauvegarde simplifiées pour aider les entreprises en raison du coronavirus avec des possibilités d'étalement de dettes sur dix ans et de protéger les cautions mais peu de monde réagit."

Les entreprises en difficulté sont nombreuses. Celles qui franchissent la porte du tribunal de commerce pour appeler à l'aide sont peu. Par méconnaissance, par crainte d'une atteinte à leur image, par peur de l'échec. "C'est de l'humain tout cela. Mais les chefs d'entreprise souvent prennent conscience tardivement. On ne peut plus rien faire. Alors dès les premiers signes de difficultés, j'insiste : venez nous voir."

Jean-David Vidal et ses équipes sont peut-être la clé, la solution pour offrir un peu de répit aux entrepreneurs au bord de la route. Pas d'angélisme, de la réalité et de la bienveillance. Quelques pistes fiables et viables pour protéger l'entreprise, les emplois et l'économie du Gard.

Abdel Samari

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