Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 28.03.2025 - Corentin Corger - 3 min  - vu 4391 fois

FAIT DU JOUR Gazeau – Assaf : ces procès qui compromettent une vente

jean-louis gazeau Rani Assaf

Jean-Louis Gazeau et Rani Assaf

- Photo Objectif Gard

Encore une fois, Nîmes Olympique se distingue. Malheureusement pas pour ses résultats sportifs, mais plutôt sur le plan judiciaire...

Situation assez unique dans le football français. Six procès sont en cours opposant l’ancien propriétaire Jean-Louis Gazeau et l’actuel Rani Assaf, dont deux en particulier en attente de décisions qui viennent contrecarrer une éventuelle vente du club pourtant souhaitée par les deux camps. La première affaire remonte à 2014 lorsque la famille Gazeau vend le club à Jean-Marc Conrad. Via leur société MSD Sports Développement Gardois, les Gazeau avaient injecté 1,5 million d’euros dans le club et ont donc une créance sur la SASP, la section professionnelle.

Au moment de la vente, une clause classique de retour à meilleure fortune est ainsi prévue. C’est-à-dire que les futurs repreneurs devront verser cette somme lorsque les finances le permettront, et ce, dans un certain délai, soit jusqu’au 30 juin 2020 dans ce cas. « Quand Rani Assaf reprend le club, cette clause subsiste. Mais les Gazeau vont laisser passer le coche. Ils auraient dû faire un courrier recommandé en 2019 en demandant un retour sur les bénéfices des droits télés », explique une source proche des différents dossiers. Une négligence et une mise en demeure visant Rani Assaf, lancée à la fin de l’année 2020, pour réclamer la somme due.

Ce dernier conteste évidemment le délai passé. Pourtant, le 31 mars 2022, le tribunal de commerce donne raison à la famille Gazeau et oblige donc le club à assumer cette clause de retour à meilleure fortune. « Craignant une insolvabilité du débiteur, MSD obtient une saisie conservatoire pour bloquer l’argent. Les Gazeau reçoivent une grande partie de la créance, soit 950 000 euros ». Déterminé à ne pas se laisser faire, Rani Assaf décide de faire appel de la décision et la cour d’appel va dans son sens en estimant que le délai étant dépassé, il ne devait pas payer.

950 000 euros à rembourser à Rani Assaf

Une décision qui oblige donc l’ancien actionnaire majoritaire du club à restituer les 950 000 euros. Père et fils ne veulent pas lâcher l’affaire et se pourvoient en cassation. « À ce jour, la somme n’aurait toujours pas été rendue, ce qui entraînerait la radiation du pourvoi », précise notre interlocuteur. Tant que les Gazeau ne seraient pas passés à la caisse, la situation peut rester dans l’impasse. Voir près d’un million d’euros dehors en attente alors que l’argent appartient au club, forcément c’est un paramètre supplémentaire pour refroidir un potentiel investisseur au-delà d’acquérir un stade provisoire et un centre de formation déserté. Et ce n’est pas le seul. Dans ce conflit judiciaire, il y a un autre épisode majeur.

Nous sommes en 2021, à la sortie du Covid, et la SASP présente un déficit important. « Rani Assaf a procédé à un coup d’accordéon, c’est l’annulation des pertes par une augmentation de capital. Il a demandé à tous les actionnaires de mettre au pot mais seul lui a payé pour absorber la dette. » Rani Assaf injecte à ce moment-là 7,5 millions d’euros et devient propriétaire du club à 98 %, diluant les parts des Gazeau et Roticci de 20 % à 2 %.

Début 2024, ces derniers, se sentant lésés, décident d’intenter un procès. « Ils considèrent que Rani Assaf n’avait pas le droit de faire cette augmentation, que cela n’avait aucun intérêt et qu’au final, il n’a pas amené d’argent frais. Ils considèrent que ce coup d’accordéon a été fait au détriment des actionnaires minoritaires pour diluer leurs parts », indique notre source. « À cette période, la DNCG a demandé à tous les clubs de France d’injecter de l’argent frais sur les comptes à la hauteur du déficit », défend un proche de l’actuel président nîmois.

Quelle est la valeur des parts de Rani Assaf ?

Une procédure qui soulève une problématique importante : de combien de parts dispose réellement Rani Assaf ? « On ne sait pas s’il est propriétaire à 98 % ou 70 %, c’est la question. Mais ça signifie qu’un éventuel acheteur ne sait pas exactement combien de parts il acquiert et ça c’est bloquant », résumé notre premier interlocuteur. Sur ce point, une décision est attendue courant 2025. Derrière, les Gazeau ont procédé à d’autres actions en justice : au total six procès sont en cours entre les deux camps. « Les Gazeau multiplient les feux et actions en désespoir de cause », conclut notre source.

Des affaires qui se rajoutent donc au casse-tête de la vente, avec un vendeur qui réclame environ 10 millions d’euros pour un club situé au fin fond du troisième échelon du football français. De quoi repousser les offres quand on sait qu’en moyenne la valeur d’un club de National est de 5 millions d’euros. Et même s’il veut se débarrasser du club, avec toutes ces embûches, Rani Assaf n’est donc pas encore parti.

Corentin Corger

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