LE 7H50 du socialiste Alexandre Pissas : « Je serai un Président par intérim normal »
Le premier vice-président, Alexandre Pissas, assure l’intérim après la démission du président Denis Bouad, élu au Sénat. Le socialiste, qui dispose d’un mois pour faire élire un nouvel exécutif, laisse toujours planer le doute sa candidature...
Objectif Gard : Faut-il vous appeler « M. Le président » maintenant ?
Alexandre Pissas : Ben oui, pour l’instant. Denis Bouad m’a envoyé sa lettre de démission et, en retour, je lui ai dit que j’acceptais la mission intérimaire légale. Pendant un mois, je vais continuer la politique mise en œuvre depuis cinq ans. Quand quelque chose marche bien, on ne va pas le changer ! Cette semaine, je vais rencontrer les présidents de groupe, les représentants des syndicats, les chambres consulaires, le préfet du Gard, l’Agence régionale de santé, les services de la Direction générale des Finances publiques…
Tout ça en une une semaine !
Oui, pourquoi ? On est dans une situation difficile. Les semaines à venir sont incertaines en raison de la crise sanitaire. Pour ne pas arrêter la machine, je suis obligé de m’entourer de différents avis. Alors oui, je suis président du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) et de la Semiga... Mais je n’étais pas associé à tout ce qu’il se passait.
« Je veux m’occuper à plein temps du Département »
Cette tournée des popotes ne peut-elle pas perçue comme une volonté de durer ? Une tentative d’asseoir votre légitimité pour conserver cette présidence ?
On peut tout imaginer. Moi, je veux remplir ma mission : m’occuper à plein temps du Département. Nous avons eu, mon directeur de cabinet Nicolas Nadal et moi, une réunion avec tous les directeurs de service. J’ai beaucoup écouté pour savoir quels étaient les problèmes. Aujourd’hui, nous avons 1 000 allocataires de plus du RSA. Je serai donc là tous les jours pour travailler. Je continuerai de m’occuper de ma commune de Tresques, du SDIS pour lequel nous avons bientôt un Conseil d’administration où il sera acté que la commune du Vigan nous cède sa caserne.
Vous évoquez votre nouveau directeur de cabinet Nicolas Nadal. Il est aussi pompier au SDIS. Vous en êtes le président. N’est-ce pas tendancieux ?
Vous savez, il y avait dix membres du cabinet. Quand je suis arrivé, il n’y avait plus personne, sauf Bastien et Émilie qui vient d’avoir un bébé. J’ai téléphoné à l’ex-directrice de cabinet Élisabeth Montez en lui disant que son départ me surprenait. Bref. Il me fallait un directeur de cabinet.
Pourquoi Nicolas Nadal ? Il est le représentant syndical du SDIS. C’est comme si, demain, les syndicalistes CGT de Renault se mettaient à travailler avec leur direction !
Je connais Nicolas Nadal depuis longtemps. Il a toujours été disponible parfois même au détriment de sa vie personnelle. C’est une énorme qualité dont j’ai besoin. Par le passé, il est venu manger avec moi à plusieurs reprises dans le Gard Rhodanien. Politiquement, on est tous deux au Parti socialiste. J’ai confiance en lui.
Globalement en tant que président par intérim quel pouvoir avez-vous ? Pouvez-vous autoriser de nouveaux programmes de construction, verser des subventions... ?
Le président du Conseil départemental gère un gros budget par rapport à celui des communes. Toutefois, son pouvoir est plus limité. Pour prendre des mesures, il doit passer par la commission permanente. Alors oui, je peux embaucher des gens sur des postes vacants. D’ailleurs, j’ai prolongé Emilie Grand. Moi, je veux être un président par intérim normal ! J’attends de voir le préfet aujourd'hui. La situation sanitaire est également compliquée… On ne sait pas si les élections seront maintenues.
Pensez-vous que le nouveau tour de vis du président Macron pourrait prolonger votre présidence ? L’espérez-vous, même ?
L’espérer ? (Rires) Moi, j’espérais surtout être sénateur et Denis Bouad, lui, espérait rester président du Conseil départemental.
La Gauche a désigné Françoise Laurent-Perrigot pour prendre la succession de Denis Bouad lors de la réélection de l'exécutif. Vous n’étiez pas là ce jour-là et vous n’avez même pas déposé votre candidature. Pourquoi ?
Je vais faire exactement la même réponse que Denis Bouad a faite au PS pour l’investiture aux élections sénatoriales. Il a expliqué que, s'il ne s’est pas soumis au suffrage des militants, c'est parce qu’il était sûr d’être battu ! Moi, j'aime que le parti s'exprime : la circulaire du 14-18 de nos statuts prévoit que le chef de file des Départementales soit désigné par les militants !
« Quand on est malheureux, on peut être conduit
à faire des choses très malheureuses »
Que pensez-vous de Françoise Laurent-Perrigot que vous souhaitez, par ailleurs, prendre avec vous sur la liste aux Sénatoriales ? Allez-vous la soutenir ?
Je n’en suis pas à réfléchir à prendre une décision. C’est vrai que je suis sorti d’un épisode qui aurait pu me rendre très malheureux. Quand on est malheureux, on peut être conduit à faire des choses très malheureuses.
Vous êtes au PS depuis vos 17 ans. Votre animosité peut-elle prendre le pas sur vos convictions ? Autrement dit : seriez-vous prêt, cette fois, à vous rallier à la Droite ?
Je ne suis pas dans ces débats. Vous savez, les gens ne me connaissent pas vraiment… Comme disait Jean-Pierre Raffarin : en politique, votre réputation vous précède et pour faire changer le regard des gens, c’est très difficile. Avant d’être un élu, je suis d’abord un médecin qui a opéré 37 000 personnes. Dans le cadre de mon exercice médical, je n’ai jamais eu une seule plainte.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com