Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 15.09.2021 - corentin-corger - 3 min  - vu 734 fois

RETRO Jean-Louis Poujol, le Père Noël des Nîmois

Jean-Louis Poujol, le Pasteur au grand coeur est décédé ce mardi 14 septembre (Photo Objectif Gard)

Décédé mardi matin, Jean-Louis Poujol était une personnalité incontournable à Nîmes. Pendant près de deux décennies, il a organisé le grand Noël solidaire de France aux arènes, puis au stade des Costières, permettant à des centaines de personnes seules de se retrouver la nuit du réveillon. Alors qu'il avait passé la main depuis plusieurs années, notre journaliste Boris de la Cruz s'était entretenu par téléphone, le 1er décembre 2020, avec le pasteur depuis son lit d'une clinique de Montpellier où il se trouvait après un dramatique accident de la route. Celui que beaucoup surnommait le Père Noël de Nîmes revenait sur son parcours. Voici notre article de l'époque. 

Le fer de lance de cette soirée magique qui a souvent fait la "Une" des médias nationaux est absent de Nîmes depuis près d’un an. Et pour cause, il n’a pas quitté sa chambre d’hôpital depuis 12 mois. Il nous donne de ses nouvelles, avec toujours autant d’amitié et de générosité.

Jean-Louis Poujol est pour beaucoup de Gardois l’homme du réveillon de Noël, celui qui redonnait le sourire aux oubliés du 24 décembre. Pendant près de 20 ans, aux arènes ou dans une salle des Costières, des centaines, voire des milliers de personnes acceptaient l’invitation du pasteur Poujol, une figure emblématique de Nîmes et des environs. Pendant des mois, Jean-Louis préparait cette soirée avec minutie et une énergie débordante. Son but, année après année, était d’offrir un repas et des tonnes de gentillesse aux personnes seules ou en difficulté.

Une soirée pour les oubliés de Noël

Un repas gratuit, mais surtout « de l’écoute, du partage entre personnes seules, de la chaleur humaine et beaucoup d’amitié, se remémore le pasteur qui répond à nos questions depuis son lit d’une clinique de Montpellier. C’est une grande fierté d’avoir porté cette nuit pendant des années. C’est mon bébé. Avant de me retrouver à l’hôpital, lorsque je mettais un pied dehors à Nîmes tout le monde me parlait de cette nuit de Noël. Pas un jour sans que quelqu’un l’évoque. Même en plein été, les personnes que je croisais me parlaient du 24 décembre. Je crois que cette soirée a rendu heureux. Et c’est l’une de mes plus grandes satisfactions. »

L'œcuménique réveillon de la fraternité organisé par le pasteur Pujol a toujours connu l'affluence (Photo : archives Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Car la vie de Jean-Louis Poujol, un homme toujours sollicité, toujours à l’écoute, en perpétuel mouvement et au chevet des autres, est totalement transformée depuis de nombreux mois... « Depuis un an, je ne parviens pas à marcher. Je n'arrive plus à utiliser mes bras, mes mains », confie-t-il. 

Accident de voiture

À l’origine de ses déboires, un dramatique accident de la route dans la périphérie de Nîmes. « J’ai été opéré plusieurs fois au CHU de Nîmes. Après je suis parti en centre de soins et de convalescence. Je ne suis pas rentré chez moi depuis un an. C’est difficile vous savezpoursuit avec beaucoup d’émotion Jean-Louis Poujol. J’ai beaucoup de moments de solitude et de tristesse profonde. Mais j’ai la chance d’avoir une famille formidable. Je me dois de me battre surtout pour eux. Ils me tiennent la main. Dans cette traversée et ce très long séjour à l’hôpital, je pense souvent à ceux qui sont seuls. Comment peuvent-ils continuer sans personne autour d’eux ? Moi, tous les jours, j’attends le facteur car je reçois beaucoup de courriers. Des lettres, des cartes postales, parfois deux ou trois par jour qui me font un bien immense. »

Lettres et cartes postales

Des lettres et cartes postales que le pasteur aimerait continuer à recevoir à la clinique où il se trouve. « C’est pour moi important de me dire que des amis à Nîmes et ailleurs ne m’ont pas oublié. Certaines sont bouleversantes. On me souhaite de continuer le combat. Ils me donnent de leurs nouvelles. » Parmi les flots de mots, des lettres écrites à celui qui a créé la "Maison des parents" à Nîmes, une structure qui permet à des parents de dormir près de l’établissement hospitalier où séjournent leurs enfants.

« J’ai des parents dont les enfants sont décédés qui m’ont écrit. D’autres ont la chance d’avoir leurs enfants guéris. C’est très fort », raconte Jean-Louis Poujol. « Puis il y a les amis. Ceux que je n’ai pas vus depuis des années mais qui me rappellent une histoire, une rencontre, des échanges importants dans nos vies. Il y a même un homme qui est détenu depuis des années et que j’ai vu en détention lorsque j’étais aumônier à la prison qui m’écris tous les deux ou trois mois pour me donner de ses nouvelles et me demander comment je vais », souligne Jean-Louis Poujol qui conclut notre conversation par son éternel : « Merci, vraiment merci d’avoir pris de mes nouvelles. Dites aux Nîmois et aux Gardois que je les embrasse ». Mais c’est plutôt à vous pasteur que les Nîmois et les Gardois ont envie de dire merci.

Boris de la Cruz

Corentin Corger

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