FAIT DU JOUR Élisabeth Borne, ministre du travail : "On ne vit pas avec le RSA !"
La ministre du Travail Elisabeth Borne sera à Nîmes ce samedi pour une rencontre dans la Ville et un échange avec les soutiens du président sortant lors d'une réunion publique dans l'après-midi. Elle a choisi Objectif Gard pour détailler le programme d’Emmanuel Macron et préciser les mesures sur l'emploi.
Objectif Gard : Vous êtes une fidèle d'Emmanuel Macron depuis cinq ans. Il sollicite un second mandat dans le contexte si particulier de la guerre en Ukraine. Comment abordez-vous cet instant démocratique ?
Elisabeth Borne, ministre du Travail : Cette élection se tient dans un contexte international très particulier avec la guerre en Ukraine, un drame à nos portes. Cela suppose que le président de la République reste pleinement mobilisé pour protéger les Français face à cette crise. Mais l’élection présidentielle est une échéance majeure pour notre pays. Le Président est donc candidat autant qu'il le peut. Il a eu l'occasion de participer à des réunions publiques, à des émissions TV. Il a présenté son programme durant quatre heures à la presse. Il tiendra un meeting la semaine prochaine. Il est mobilisé pour défendre son programme et nous le sommes également. Je serais tout à l'heure à Nîmes avec mon collègue Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. Je rentre d'Argelès et j'étais il y a quelques jours à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne.
Les sondages, la presse semblent indiquer que le match est plié. C'est plus difficile de mobiliser dans ces conditions ?
Il ne faut jamais considérer qu'une élection est jouée d'avance. Emmanuel Macron a eu l'occasion de le dire. Il faut rester très mobilisé avec un premier objectif : que les Français aillent voter. J’entends certains dire qu'il n'y aurait pas de débat dans cette campagne. C’est faux. Ils feraient mieux de se mobiliser pour dire aux électeurs d’aller voter ou de faire des procurations.
Dans le bilan d'Emmanuel Macron ces cinq dernières années, quels sont les marqueurs de réussite selon vous ?
Dans le domaine qui est le mien, nous avons le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans, malgré la crise que nous avons connue. Et pour les jeunes, pour qui nous nous sommes massivement mobilisés, le taux de chômage est au plus bas depuis plus de 40 ans ! On a montré que le plein emploi est accessible désormais en France. Et c'est pour cela qu'Emmanuel Macron se donne comme objectif si les Français lui font à nouveau confiance, d'atteindre le plein emploi dans le prochain quinquennat.
"Il faut sortir de l'idée que le chômage est une fatalité"
Emmanuel Macron a cette ambition du plein emploi d'ici cinq ans. Est-ce vraiment réaliste ?
Je pense que l'on a démontré ce que l'on pouvait le faire. Il faut sortir de l'idée que le chômage est une fatalité. On a traversé des crises et néanmoins, le taux de chômage est au plus bas. On a fait la moitié du chemin. Le prochain quinquennat permettra de faire l'autre partie.
Vous avez durant cinq ans exercés aux Transports, à la Transition écologique, au Travail. Des sujets au coeur finalement des enjeux de la Présidentielle...
En effet, les crises que l’on traverse montrent que ces sujets sont majeurs. Permettre à chacun d'avoir un travail, de mieux vivre de son travail, sortir des énergies fossiles... Tout cela est essentiel. Et là encore, je le dis à tous ceux qui nous accusent d'avoir eu une politique des petits pas sur la transition écologique, nous n'avons jamais autant agi ! On a réduit deux fois plus les émissions de gaz à effet de serre pendant ce quinquennat que sous les deux précédents. Et je rappelle que les Verts ont été en partie engagés dans les gouvernements successifs sous François Hollande. De notre côté, on a investi massivement pour l’écologie. Notamment parce que ce sont des enjeux aussi de pouvoir d'achat en plus des enjeux pour la planète ou pour notre indépendance énergétique. Par exemple, nous avons aidé plus d'un million de Français à changer de véhicule pour un véhicule qui consomme moins dans les cinq dernières années avec la prime à la conversion. On a aussi massivement investi sur la rénovation thermique des logements. C'est 650 000 rénovations de logements grâce au dispositif MaPrimeRénov'.
Emmanuel Macron a mis deux sujets sur la table : la retraite à 65 ans et le RSA. Quelle est l'ambition sur le RSA ?
Notre objectif est très clair : on ne peut pas se contenter de verser une allocation. Il faut proposer un accompagnement pour permettre à chacun de s'en sortir et de retrouver un travail. Emmanuel Macron a eu l'occasion de le dire lors de sa conférence de presse, on veut dupliquer ce que l'on fait déjà avec les jeunes dans le cadre du Contrat d'Engagement Jeune. La priorité : chacun doit accéder à un travail avec un accompagnement intensif de 15 à 20 heures par semaine. Cela peut être des ateliers collectifs pour reprendre confiance en soi, des mises en situation, des immersions en entreprise pour construire son projet professionnel ou pour découvrir un métier. C'est aussi pour se remettre à niveau sur des compétences de base. Ou encore, proposer des formations vers des métiers qui recrutent. On le fait depuis le 1er mars pour les jeunes, on veut faire la même chose pour les bénéficiaires du RSA. Personne ne peut se satisfaire d'avoir des bénéficiaires du RSA sans aucune activité depuis des années. 40% des bénéficiaires du RSA le sont depuis plus de cinq ans. On ne vit pas correctement avec le RSA ! Il faut absolument permettre à chacun de s'en sortir.
"L'élection présidentielle, c'est un moment majeur dans notre démocratie"
Pour les personnes très éloignées de l'emploi, en difficulté sociale ou de santé. Comment fait-on ?
Ceux qui rencontrent des difficultés de santé, psychologique ou des problèmes de logements, ou de garde d’enfants ne seront pas concernés par cette obligation d’activité. Ils auront un accompagnement spécifique en amont pour surmonter ces difficultés.
Quelles solutions pour les chômeurs longue durée ? Comment leur permettre d'avoir le déclic ?
On a lancé un plan dédié aux chômeurs de longue durée sous ce quinquennat. Beaucoup d’entreprises nous disent avoir du mal à recruter. Ce plan vise donc à permettre à ces personnes de se former aux compétences recherchées par les entreprises qui recrutent, en privilégiant les formations en entreprise pour retrouver le monde professionnel, reprendre confiance en soi. Et puis, nous avons beaucoup développé l'insertion par l'activité économique. Il y a 100 000 places en plus désormais. Et là aussi, on fait un accompagnement complet.
Un mot sur l'explosion des contrats d'apprentissage en 2021. Est-ce que les aides et les dispositifs d'encouragement vers ces contrats vont demeurer après la Présidentielle ?
On a d’abord mené une réforme importante de l'apprentissage pour déverrouiller tous les blocages qui pouvaient exister. Faciliter la création de CFA, bien articuler les formations en fonction des bassins d'emplois, adapter le contenu des formations en lien avec les secteurs professionnels… Et puis pour que tout cela ne s'essouffle pas pendant la crise sanitaire, on a mis en place des aides exceptionnelles dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », allant de 5000 à 8000 €, prolongées jusqu’à la fin juin. On a atteint le chiffre de 730 000 contrats signés en 2021. C’est un record historique. Evidemment, il faut continuer et même aller plus loin avec un objectif de 1 M de contrats d'apprentissage par an. Parce que c'est la meilleure voie pour un jeune de se former tout en découvrant le monde de l'entreprise. Et puis, c'est très souvent un job à la clé pour les jeunes qui sont formés en apprentissage. On est déterminé à continuer. C'est aussi en plus une réponse pour les entreprises qui ont des problèmes de recrutement. En permettant à un jeune de se former en apprentissage, on prépare les compétences de demain.
Vous êtes à Nîmes ce samedi. Quel est votre message en direction des militants ?
Avec mon collègue Clément Beaune, on vient à Nîmes pour échanger directement avec les Nîmois sur le projet d'Emmanuel Macron : pouvoir d’achat, plein emploi, souveraineté de la France et de l’Europe... Des sujets majeurs dans le contexte actuel. Et puis, enfin, un message très important : mobiliser les Français pour aller voter !
Un dernier mot pour Françoise Dumas. Elle était au Parti socialiste avec vous. Elle a rejoint comme vous Emmanuel Macron. Après deux mandats en tant que députée, puis présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, quel regard portez-vous sur votre collègue gardoise ?
D'abord, cela confirme que l'on peut venir de la Gauche et défendre nos valeurs aux côtés d'Emmanuel Macron. Françoise Dumas a fait un énorme travail pendant ce quinquennat. Particulièrement en tant que présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées. Moi, je voudrais aussi saluer son travail sur le permis de conduire. Un enjeu majeur pour permettre aux jeunes d'accéder à une formation et à un emploi. J'avais eu l'occasion de travailler avec elle quand j'étais ministre des Transports, sur la Loi mobilité où j'ai repris des propositions qu'elle avait pu faire dans ce cadre. C'est vraiment quelqu'un qui a été très impliqué et qui a permis des avancées très concrètes pour les Français.
Propos recueillis par Abdel Samari