FAIT DU SOIR Un éleveur gardois et sa fille en route pour le Sommet international de l'élevage
Ce jeudi 6 octobre à Cournon-d'Auvergne, Mathieu Saignol et sa fille, Noa, participeront au Sommet international de l'élevage après la qualification pour l'évènement de Maya et Trinitée, vaches de la race Gasconne des Pyrénées. Une première pour un éleveur gardois d'après la Chambre d'agriculture.
Pour les 10 ans de son élevage de vaches de la race Gasconne des Pyrénées créée avec sa compagne, Gaëlle, et sa fille, Noa, Mathieu Saignol ne pouvait pas rêver meilleur cadeau. Après le pointage annuel de son cheptel réalisé par un technicien assermenté, l'éleveur gardois a eu le plaisir d'apprendre que l'une de ses vaches, Maya, 6 ans et 800 kilos sur la balance, était qualifiée e pour le prestigieux Sommet international de l'élevage qui aura lieu du 4 au 7 octobre à Cournon-d'Auvergne, près de Clermont-Ferrand.
"Par chance ou par travail, on se retrouve sélectionné", se réjouit modestement le quadragénaire, dont l'exploitation est établie à Mauressargues, paisible commune de 200 âmes située à quasi-égale distance d'Alès et de Nîmes. "C'est la première fois qu’une vache gardoise participe à ce concours. C’est en ça que c’est exceptionnel", affirme Magali Saumade, présidente de la Chambre d'agriculture du Gard, qui admet avoir fait quelques recherches pour s'en assurer.
"L'élevage, c'est sept jours sur sept"
Et l'éleveuse de taureaux Camargue d'ajouter : "Ça prouve que les éleveurs gardois travaillent la qualité et l'excellence !" Car une invitation à ce salon international qui fête ses 30 ans cette année, par ailleurs considéré comme le plus prestigieux par le milieu bien qu'étant moins médiatisé que le Salon de l'agriculture de Paris, n'est pas le fruit du hasard. "Ça représente de gros efforts pour arriver à un tel niveau. C'est pour ça que je salue le travail de la famille", assène Magali Saumade, présente aux côtés des Saignol à l'occasion d'un point presse ce vendredi.
Des propos que partage allègrement Mathieu Saignol, lequel cumule également un emploi de gérant de réseau d'eau potable pour arrondir les fins de mois : "L'élevage, c'est sept jours sur sept. S'il n'y a pas la passion ce n'est même pas la peine d'y penser." Secondé par sa compagne, et surtout sa jeune fille Noa, 18 ans, Mathieu Saignol a avant tout opté pour la race Gasconne des Pyrénées pour sa "rusticité". Un prérequis indispensable pour répondre aux contraintes d'une exploitation implantée au cœur de la Gardonnenque, dans une zone de garrigue pauvre en herbe.
Le quadragénaire, "très attaché à la Camargue", gardian à ses heures perdues, y a aussi vu un clin d'œil à sa deuxième passion : "Les veaux naissent marron et deviennent gris à deux ou trois mois, ce qui fait penser au poulain du cheval Camargue." Son cheptel, qu'il qualifie lui-même de "réduit", est composé d'une quarantaine de bêtes réputées pour leurs qualités bouchères, dont 14 vaches mères. Parmi elles, Maya donc, et ses huit quintaux de muscles. Née il y a six ans suite à une reproduction naturelle - bien que l'éleveur se soit adonné par le passé à de l'insémination artificielle -, la vache mauressarguaise concourra à Cournon-d'Auvergne, suitée de son veau, Trinitée, six mois.
"Son maintien sera décisif dans mon installation"
Opposé à une trentaine d'autres binômes, le couple sera évalué sur le plan génétique et morphologique. Les critères, très techniques, s'intéressent à la ligne du dos, à la longueur du bassin, la couleur des muqueuses et celle du bout des cornes, entre autres. Conscient que "la marche est un peu haute" car l'opposition est très relevée, Mathieu Saignol fera le voyage jusqu'en Auvergne sans pression : "Notre victoire c'est de s'être qualifié. C’est déjà une fierté de représenter l’élevage gardois. Ça reconnaît le travail de toute une filière."
Sa fille, Noa, se veut plus optimiste et ne part pas perdante. "J'y crois ! Dans ce type de concours ça se joue à pas grand chose." Ce jeudi 6 octobre, si le duo Maya/Trinitée venait à être lauréat, il composterait au passage son ticket pour le prochain Salon international de l'agriculture à Paris, en février prochain. De son côté, déjà ultra-impliquée malgré son jeune âge et les aléas climatiques, économiques et logistiques qui menacent de manière générale l'agriculture gardoise, Noa Saignol se prépare lentement et sûrement à reprendre l'exploitation familiale.
"J'ai envie qu'on continue ensemble sur la lancée qu'on a construite. En 2012, au moment de la création, j'étais petite mais j'étais là !", rejoue avec émotion celle qui vient d'obtenir un Bac Pro Conduite et gestion d'une entreprise agricole, et qui est employée par une clinique vétérinaire en qualité d'assistante. Signe de la vitalité de l'élevage bovin gardois, confirmée par les dires de Mickael Fabre, éleveur à Gajan, membre actif du syndicat des éleveurs bovins du Gard, et ami de la famille, lequel se réjouit de la féminisation de la profession et d'une moyenne d'âge rajeunie pour s'établir "autour de 35 ans". Mais, comme beaucoup d'autres jeunes éleveurs en devenir, Noa lie son avenir à celui de l'abattoir d'Alès, menacé de fermeture : "Son maintien sera décisif dans mon installation."
Corentin Migoule