Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 17.02.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 1238 fois

ALÈS Damien Abad (LR) : "Zemmour et Le Pen sont les deux meilleures assurances-vie de Macron"

Max Roustan, Damien Abad et Christophe Rivenq face aux 150 militants alésiens dans les locaux de Lou Regain. (Photo Corentin Migoule)

Ce mercredi soir, dans les locaux de Lou Regain, les élus (LR) alésiens ont accueilli celui qui est leur président à l'Assemblée nationale, Damien Abad, pour un meeting devant près de 150 militants. Face à Macron, "Valérie Pécresse est le seul vote utile", a martelé le député de l'Ain. 

Avant de s'avancer au pupitre sous les applaudissements nourris des 150 militants ayant investi les locaux de Lou Regain, QG des partisans du maire d'Alès, Damien Abad a écouté attentivement le fameux duo Roustan-Rivenq. Le premier, qui est resté tout le long de la séquence debout auprès de l'ex-député européen, a introduit le meeting. "Depuis longtemps et encore plus depuis cinq ans, l'État a la mainmise sur tout. Tout prend du temps, ça bloque tout le temps. Macron a même inventé le virus pour nous emmerder", s'est emporté le premier magistrat de la ville d'Alès, avant d'assurer qu'il s'agissait d'une boutade.

Plus loquace que son prédécesseur au micro, le premier adjoint, Christophe Rivenq a d'emblée évoqué "la date clé du 10 avril prochain", celle du premier tour de la Présidentielle. "Nous venons de passer cinq années avec quelqu'un qui, par son arrogance et ses coups de menton adressés aux Français, a fait tomber la France. Les temps sont graves !", a martelé celui qui est aussi président des Républicains du Gard.

"La seule qui propose, c'est Valérie"

Lequel a reconnu que sa famille politique sortait "d'une période compliquée", se tenant éloignée du pouvoir "depuis dix ans". Pour autant, "si certains nous voyaient morts comme le Parti socialiste après Hollande", la renaissance de la Droite aurait pris corps lors du congrès LR en décembre dernier qui, aux yeux de Christophe Rivenq, a été "une grande réussite", matérialisée par le doublement du nombre d'adhérents (de 70 000 à 140 000).

Dans ce contexte, il estime que "tout autre vote que pour Valérie Pécresse est un vote qui favorisera la réélection de Macron". Et de conclure : "Aujourd'hui beaucoup dénoncent, critiquent, protestent. Il n'y en a qu'une seule qui propose, c'est Valérie !" Aussi étonnant que cela puisse paraître, le patron des Républicains du Gard a rectifié en hissant aussi la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, au rang de "ceux qui proposent".

C'est dans une posture conquérante que Damien Abad lui a succédé au pupitre pour affirmer que Les Républicains "jouent la gagne". "Si on se qualifie pour le second tour, tout est ouvert car la France n'a jamais été aussi à Droite qu'aujourd'hui", veut-il croire. Et avant même que les militants, invités à interagir en fin d'intervention, ne lui posent la question, le député de l'Ain est revenu sur le meeting - que d'aucuns jugent raté - de Valérie Pécresse au Zénith de Paris. "On veut un acteur ou un président ?", a interrogé Damien Abad, avant d'ajouter : "Le comédien on l'a déjà à l'Elysée. Les Français ne veulent pas une grande actrice mais quelqu'un qui fasse le job !"

Max Roustan et Christophe Rivenq ont introduit le meeting. (Photo Corentin Migoule)

S'il conseille à la candidate LR de "se libérer" et de "rester elle-même", le natif de Nîmes attend de cette dernière qu'elle "s'engage à fond pour la santé et l'éducation". "Dans la santé, un emploi sur trois est un emploi administratif, alors qu'on manque de tout sur le terrain (infirmiers, soignants, médecins, Ndlr)", a affirmé le président LR à l'Assemblée nationale, lequel a ainsi justifié au passage la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires envisagée par Valérie Pécresse.

Quant à l'école, Damien Abad milite pour "un retour vers l'excellence et l'égalité des chances", à l'heure où "il faudra six générations pour que l'école retrouve son rôle d'ascenseur social". À ce titre, et alors qu'il déplore un seuil de décrocheurs trop élevé (80 000 élèves concernés), le député de l'Ain entend revenir aux savoir-faire fondamentaux en rétablissant "plus d'heures de français et de mathématiques".

S'il n'est pas hostile à l'assistanat lorsque celui-ci est justifié, Damien Abad consent à ce que "le travail paie plus que le chômage", de sorte que "le reste à vivre de celui qui travaille soit supérieur à celui qui ne travaille pas". Pour y parvenir, Les Républicains envisagent d'augmenter les salaires nets de 10%, en misant notamment sur une baisse des cotisations sociales.

"Ils ne vont donc pas supprimer un problème grâce auquel ils vivent"

Ces points abordés, l'invité d'honneur des élus alésiens a parsemé son meeting de piques à l'égard des adversaires de la Droite. Le président sortant, s'il n'est pas encore officiellement candidat, aurait ainsi réalisé le mandat "des chèques et des échecs". Quant aux thématiques relatives à l'immigration et la sécurité, "Macron est peut-être de Droite quand il parle, mais dans les actes il est bien de Gauche. Sur ces sujets-là, il a les mêmes bilans que François Hollande", déplore l'ex-conseiller municipal de Vauvert.

Si par le biais d'une métaphore rugbystique faisant référence à la belle victoire des Bleus face à l'Irlande le week-end dernier, Éric Woerth, ancien ministre du Travail sous Sarkozy, en a aussi pris pour son grade après avoir "changé de maillot en cours de match" pour soutenir Emmanuel Macron, les Verts n'ont pas échappé aux critiques. "L'écologie, ce n'est pas interdire le Tour de France, les sapins de Noël et le foie gras", expose Damien Abad, en paraphrasant également Georges Clémenceau pour indiquer que "l'écologie est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux seules mains des écologistes".

Enfin, alors qu'Éric Zemmour et Marine Le Pen constitueraient "les deux meilleures assurances-vie de Macron", le député de l'Ain s'est sans doute adressé à la frange la plus dure des militants LR en reprochant à l'extrême-Droite de surfer sur ses marottes. "Zemmour et Le Pen, plus il y a d'immigrés, plus leurs courbes de votants augmentent. Ils ne vont donc pas supprimer un problème grâce auquel ils vivent." En clair, "ne soyez pas dupes" a tenté de convaincre celui qui considère que "le seul vote utile et efficace, c'est Valérie Pécresse".

Corentin Migoule

Mais aussi. Le meeting de Damien Abad s'est tenu en présence des élus nîmois Franck Proust et Julien Plantier, et du Généracois Frédéric Touzellier. Les maires centristes du bassin alésien que sont Jean-Pierre De Faria et Philippe Ribot, tous les deux candidats aux Législatives sur la 4e circonscription, étaient de la partie. Il en va de même pour le maire (UDI) de Saint-Christol-lez-Alès, Jean-Charles Bénézet, lequel a assisté à la réunion auprès de la conseillère départementale Léa Boyer, candidate LR sur la 5e. De là à en conclure que l'Union de la Droite et du Centre sera réitérée en juin prochain, il n'y a qu'un pas. 

Corentin Migoule

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