BAGNOLS C’était le « débat » d’orientations budgétaires
Pas à Bagnols. Dans ce compte-rendu, nous utiliserons donc des guillemets au mot « débat » dans l’expression « débat » d’orientations budgétaires.
Dette en baisse, impôts stables
Commençons par ce qui avait un intérêt : la présentation de son premier rapport d’orientations budgétaires de l’adjoint au budget, Michel Cegielski. On y a appris que la commune compterait 333 agents en 2018, un chiffre stable, et même en légère baisse, sur les trois derniers exercices. On y lit également que la dette municipale était de 28,6 millions d’euros au 31 décembre 2017, contre 31,5 millions l’année d’avant. Du coup, la dette par habitant est passée à 1 163 euros en 2018, contre 1 711 euros en 2011. Il y a donc du mieux dans ce domaine, même si Bagnols reste encore bien au-dessus de la moyenne des villes de sa strate, qui se situe autour de 950 euros de dette par habitant.
Les orientations maintenant : on y retrouve « la stabilisation des dépenses de fonctionnement par la poursuite de la maîtrise des coûts de fonctionnement en interne et de la masse salariale », ou encore « d’importants travaux d’investissements par la déclinaison du plan pluriannuel d’investissement », présente Michel Cegielski. Parmi ces travaux, citons la réhabilitation des places Jean-Jaurès et Bertin-Boissin, la rénovation de la Pyramide, la construction du nouvel Ehpad, la fin du chantier de l’église, de la voirie notamment à Lagaraud, les nouveaux locaux de la police municipale, le terrain synthétique au stade des Escanaux ou encore le suivi du programme de rénovation urbaine.
Des travaux de rénovation et de sécurisation des écoles sont également au programme, comme la mise en accessibilité des bâtiments communaux, le doublement des caméras de vidéosurveillance en deux ans, le recrutement d’un policier municipal supplémentaire ou encore la mise en place du service « relations citoyens. »
Autant de projets qui profiteront de l’autofinancement, estimé à 2,5 millions d’euros pour 2018. La commune envisagera en complément de recourir à l’emprunt, « si nécessaire », précise l’adjoint. Le recours au levier fiscal ne sera quant à lui pas activé en 2018, puisque les taux de taxes locales resteront inchangés. Michel Cegielski terminera sa présentation de trois quarts d’heure sous les applaudissements de la majorité et de l’ex-FN Jean-Pierre Navarro.
Lénifiant débat
Place au « débat », qui s’ouvrira par les félicitations de l’opposant Les Républicains Serge Rouquairol pour « un travail important et même impressionnant. » Sur ces entrefaites, l’opposant Christian Roux évoquera « un petit doute » sur la compensation des baisses de revenu engendrées par la disparition progressive de la taxe d’habitation. Le maire Jean-Yves Chapelet lui répondra que l’État compensait déjà pour les foyers qui sont déjà exonérés d’une taxe qu’il juge « injuste », au même titre que le député Anthony Cellier, présent au conseil. Un député qui rappellera qu’il était hors de question de créer un nouvel impôt. Pas un scoop, vu que le gouvernement le martèle depuis plusieurs semaines.
Suivra une intervention dithyrambique de Jean-Pierre Navarro, qui regrettera simplement que la mairie « néglige le Chemin vieux de Lyon, qui est dans un état lamentable. » « Allez vous y promener, on l’a réceptionné la semaine dernière », répondra le maire. Ça, c’est fait.
Claudine Prat entretiendra ensuite une illusion d’opposition, en accusant en substance la majorité de manipuler les chiffres de baisse de la dette. « Je vous trouve gonflée, dire que depuis 2009 on n’a pas désendetté la commune de 500 euros par habitant, c’est surréaliste », rétorquera Jean-Yves Chapelet, arguant des chiffres de la Direction générale des finances publiques. Il n’en reste pas moins que Claudine Prat estime que cette baisse est le résultat d’un « traitement de choc », à base d’augmentations d’impôts et de coup de frein sur les investissements dans les années passées. Bref d’une cure d’austérité parfaitement assumée par la majorité à l’époque, du reste. « On peut avoir d’autres moyens d’augmenter les recettes, comment attirer de nouveaux foyers fiscaux ? », demandera-t-elle. Le maire lui répondra en soulignant les investissements lancés et à venir.
Le micro est ensuite passé au centriste Claude Roux, qui a joué cartes sur table : « je suis bien embêté. Ou j’ai viré à gauche, ce qui est faux, ou vous avez viré à droite et avez enfin écouté les Bagnolais. » Finis les coups d’épée, bonjour le petit coup de griffe : « j’ai un petit regret, que la majorité des investissements soit liée à des réparations plutôt qu’à des nouvelles structures », déclamera-t-il, après voir pris soin de rappeler que la majorité « héritait de ce qui n’a pas été fait durant des décennies. » Le maire répondra simplement que « sur tous les projets on est l’écoute des Bagnolais, ce n’est pas une histoire de gauche ou de droite, on est des pragmatiques. »
Le débat prendra ensuite une tournure plus technique, Christian Roux s’attardant sur les ressources humaines avec des questions hors sujet. Après près d’une heure d’un « débat » tour à tour creux et hors sujet, sans la moindre proposition ou critique un temps soit peu argumentée d’une opposition qui en mérite à chaque séance de moins en moins le nom, le maire conclura les échanges en affirmant que la commune était « à un point de bascule » et allait investir « car c’est le moment. »
Un maire qui se projette largement après la fin de son mandat actuel pour imprimer une trajectoire, en soulignant l’existence du plan pluriannuel d’investissements et en annonçant d’ores et déjà que la ville ne dépasserait pas 1,1 % d’augmentation de son budget de fonctionnement sur les trois prochaines années. « Ce que je propose, c’est un budget jusqu’à 2022 », finira-t-il par lancer. Il serait tentant d’y voir un moyen de s’épargner ces indigents « débats » d’orientations budgétaires.
Et aussi :
Ne les oublions pas : le groupe d’opposition FN (25 % des voix au second tour en 2014, tout de même) était une nouvelle fois intégralement absent. Citons donc ses trois élus : Stéphane Pérez, Anne-Marie Tulipani-Aymeric et Michel Aymeric.
Ne les oublions pas (bis) : la procédure de reprise des sépultures sans concession relevant du régime de terrain commun du cimetière de Bagnols a été votée à l’unanimité. La totalité de ces sépultures sera donc reprise pour en finir avec le désordre régnant dans les allées de la zone concernée et rationaliser l’espace. Les familles concernées seront informées par plusieurs canaux de diffusion.
+1 : le conseil municipal a voté à l’unanimité d’adhésion de la commune à l’association de préfiguration du Parc naturel régional des Garrigues. Exclue du périmètre du Parc, mais définie comme « ville porte », Bagnols rejoint la quarantaine de communes déjà adhérentes.
Thierry ALLARD