BAGNOLS La ville recrute des médiateurs, l’opposition municipale tique
Au sein d’un ordre du jour dense mais peu emballant, la délibération numéro 5 proposant au conseil municipal de Bagnols réuni ce matin la création de deux emplois d’« adultes relais » dans le cadre de la Politique de la ville serait presque passée inaperçue.
Oui mais non : l’opposition s’est montrée vent debout sur les caractéristiques des personnes recherchées, qui auront pour mission l’amélioration des relations des habitants du quartier prioritaire et des services publics ainsi que de l’amélioration des services sociaux dans les espaces publics ou collectifs.
« Les candidats doivent être issus de quartiers sensibles dans lesquels il n’y a pas forcément les compétences »
Au sein de la convention, on peut lire que les conditions de recrutement sont les suivantes : « être âgé d’au moins 30 ans, être sans emploi ou bénéficier d’un contrat d’accompagnement vers l’emploi et résider dans une zone urbaine sensible (ZUS) ou, à titre dérogatoire, dans un autre quartier prioritaire de la politique de la ville. » « Notre groupe votera contre, nous pensons que le métier de médiateur est un travail important, et qu’il mérite une vraie compétence » lancera en premier le conseiller d’opposition ex-PS Christian Roux.
« A quoi vous voyez que le candidat qu’on retiendra n’aurait pas de compétences ? » rétorquera le maire Jean-Christian Rey. « Les candidats doivent être sans emploi, et doivent être issus de quartiers sensibles dans lesquels il n’y a pas forcément les compétences », poursuivra la conseillère d’opposition Claudine Prat devant un Jean-Christian Rey médusé : « dans les quartiers il y a des gens diplômés, compétents et sans emploi. Ça existe. »
« Parce que d’habitude on recrute des truffes ? »
Après avoir été invité à « démontrer (qu’il allait) recruter une vraie compétence » par Christian Roux, le maire se défendra en invoquant un « procès d’intention, on n’a pas encore recruté et vous nous dites déjà que le candidat retenu sera mauvais. » Le conseiller d’opposition (LR) Serge Rouquairol, jusque là silencieux, a alors pris la parole pour dénoncer « la discrimination positive, un écran de fumée pour ne pas aller au fond des choses. Je trouve ça choquant. »
« Dans ces critères des gens compétents on en trouvera, lancera le maire. Il y aura un jury, c’est extraordinaire de penser qu’on ne trouvera pas les compétences. » Le dialogue de sourds continuera avec Christian Roux, répondant à son tour qu’il n’avait « jamais dit ça, mais il va falloir nous prouver que vous trouverez des gens compétents. » « Parce que d’habitude on recrute des truffes ? » répliquera le maire, agacé, avant de renvoyer l’opposition à ses chères études : « c’est la base du contrat de ville, je vous invite à le regarder. Quand on l’a voté, vous n’aviez pas dit un mot. »
La délibération sera votée avec 8 voix contre, celles de l’ensemble de l’opposition.
Et aussi :
Budget supplémentaire et impôts : le conseil municipal a adopté un budget supplémentaire 2015 afin d’effectuer quelques retouches sur les différents budgets de la ville. On constate notamment dans le budget principal de fonctionnement un différentiel de -44 424 euros d’impositions directes et une hausse de 247 037 euros de la Dotation de Solidarité Urbaine (DSU) par rapport à ce qui était initialement prévu pour 2015. « La baisse de l’imposition directe prouve que notre ville s’appauvrit et continue de s’appauvrir, estimera Serge Rouquairol. A côté, la DSU augmente, et elle augmente pour les villes qui connaissent des difficultés sociales et budgétaires. » « Vous parlez de 44 000 euros de décalage sur 7,8 millions. Ce n’est pas la preuve d’une baisse des richesses de la ville mais de la précision de nos services, lui répondra Jean-Christian Rey. Et on a les taux d’impositions les plus bas du Gard. Regardez ce qu’il se passe à côté et arrêtez de dire qu’on est surfiscalisés. »
Le Schéma départemental de Coopération intercommunale (SDCI) adopté : le conseil municipal s’est prononcé pour le document du préfet qui prévoit notamment l’intégration de Saint-Laurent-des-Arbres dans l’agglo du Gard Rhodanien. La délibération a été votée à l’unanimité moins les trois voix contre des élus FN, qui ne se sont pas exprimés pour justifier leur vote.
« C’est une polémique inutile » : le secrétaire départemental du FN Yoann Gillet était dans le public du conseil municipal ce matin. Venu pour « remotiver les troupes », il a pu assister à la mise au point du maire en préambule du conseil municipal, après que les élus FN se soient émus de ne pas avoir été conviés aux deux conseils municipaux extraordinaires (et pas ouverts ni au public, ni à la presse) qui ont suivi les attentats de Paris le samedi 14 au matin et le lundi 16 novembre. « J’ai informé les présidents des deux groupes d’opposition M. Rouquairol et M. Pérez, a affirmé Jean-Christian Rey. M. Rouquairol a transmis l’information a son groupe, et M. Pérez n’a peut-être rien fait. J’ai ensuite reçu un courrier de Yoann Gillet m’informant que Stéphane Pérez n’était plus membre du FN. Je ne suis pas dans votre parti, heureusement, et je ne le savais donc pas. C’est une polémique inutile. »
9 œuvres données au musée Albert-André : le conseil municipal a voté à l’unanimité le don d’œuvres du sculpteur gardois Marcel Mérignargues, du peintre de Castillon-du-Gard Pierre Parsus et du peintre installé à Uzès Oliver Bevan au musée Albert André. Quatre sculptures, quatre toiles et une gouache viendront donc rejoindre les collections du musée bagnolais.
Une subvention pour l’association Retrouvons Lucas : la conseil municipal a décidé à l’unanimité d’accorder une subvention de 300 euros à l’association qui a pour objectif de tout mettre en œuvre pour retrouver le bagnolais Lucas Tronche, 16 ans, disparu depuis le 19 mars.
Minutes de silence et d’applaudissements : une minute de silence a été respectée au début du conseil municipal en mémoire des 130 victimes des attentats de Paris. Sur proposition de Claude Roux, une minute d’applaudissements a également été effectuée à l’issue de la séance.
Thierry ALLARD