BAGNOLS Retraites, RIC, évasion fiscale : ce qu’il fallait retenir du Grand débat
Le Grand débat national est passé par la Pyramide de Bagnols mercredi soir. 150 personnes ont répondu à l’appel, selon le chiffre donné par le maire, Jean-Yves Chapelet.
« Pour Bagnols, c’est un grand moment de démocratie », lancera le maire en guise de mot d’accueil, avant de s’asseoir dans le public et de se contenter d’écouter les débats, comme (presque) tous les élus présents pour cette soirée, et au premier chef le député LREM Anthony Cellier. Une soirée animée par un certain Serge Lelaidier, animateur délégué par la préfecture.
Un animateur censé distribuer la parole et modérer les débats, mais qui sera lui même modéré par un citoyen, sous des applaudissements nourris, après un commentaire sur le référendum d’initiative citoyenne : « Nous ne faisons pas un débat avec vous. Nous posons des questions et nous n’attendons pas vos réponses. » Mis à part cette anicroche, la teneur du débat a été plutôt courtoise. S’il ne s’agit pas ici de faire un compte-rendu exhaustif des conversations, ce compte-rendu sera fait par les organisateurs et remonté à la préfecture, certains sujets sont néanmoins revenus régulièrement sur le tapis.
« Je suis descendu de 993 à 940 euros de retraite »
Le premier, tant chronologiquement que dans le nombre d’interventions, concerne les seniors et plus particulièrement les retraites. « Le gouvernement, êtes-vous conscient de ce que vous faites aux personnes âgées ?, lancera ainsi une femme se présentant comme retraitée. Les pensions n’ont pas été revalorisées depuis six ans. Il y a eu la hausse de la CSG et le prix d’une maison de retraite est de 2 300 à 2 600 euros par mois. Il faut revaloriser les pensions, annuler la hausse de la CSG pour ceux qui touchent moins de 3 000 euros bruts, laisser la pension de réversion actuelle et restituer la demi-part des impôts. » Plus tard, un autre retraité expliquera être « descendu de 993 à 940 euros de retraite à cause de la hausse de la CSG, alors (qu’il a) travaillé toute (sa) vie », et d’en conclure : « On vole les pauvres pour donner l’argent aux milliardaires », sous des applaudissements nourris de l’assistance.
Une demande sera aussi évoquée, celle de « laisser la possibilité aux plus de 70 ans de faire leur déclaration d’impôt par courrier. » Une autre retraitée abondera : malade et handicapée, elle doit remplir un dossier auprès de sa caisse de retraite et ne trouve personne pour l’aider. « Pourquoi j’ai payé tant d’impôts toute ma vie et aujourd’hui je ne peux pas avoir quelqu’un pour m’aider sur mon dossier ? On devient inhumain, il faut remettre de l’humain. »
Le RIC et le fric
Si la question des retraites a fait consensus dans la salle, celle du RIC, le fameux référendum d’initiative citoyenne, a fait débat - et pas qu’avec le modérateur. Un des Gilets jaunes présents dans la salle mettra le sujet sur le tapis, en affirmant que « dans la constitution de 1789, il est écrit que la souveraineté est assurée par le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Pour le mettre en pratique, il n’y a qu’une chose : le RIC. »
« Savez-vous combien de fois les Suisses ont voté sur la peine de mort ?, rétorquera un autre citoyen. Trois fois, pour la supprimer, la rétablir et la re-supprimer. Et comment Hitler a pris le pouvoir ? Par référendum. » Ce point Godwin (*) précoce électrisera quelque peu les débats - à ce stade, rappelons que Hitler a été nommé chancelier par le président de l’époque car il était le chef du parti qui avait remporté les élections législatives précédentes. Plus tard, l’un des leaders du mouvement des Gilets jaunes à Bagnols, Jérôme Jackel, précisera ce que serait le RIC : « Un pouvoir législatif, abrogatoire, révocatoire et constituant. »
Autre sujet fréquemment revenu : la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. « De l’argent, il y en a en France », lancera le secrétaire de la section locale du Parti communiste français, Michel Tortey, premier à intervenir. « Pour la planète, on va doucement, mais pour faire des cadeaux financiers, on va très vite », s’insurgera un autre citoyen, avant d’estimer que « sur l’évasion fiscale, rien n’est fait, alors que moi, si je ne paye pas un PV, on me retrouvera. Il y a deux poids, deux mesures. »
Autres pistes pour récupérer de l’argent, la baisse du nombre de députés et la suppression du Sénat, le lancement d’une grande réforme de l’État ou encore la taxation des carburants aériens et maritimes sont revenues dans les propos.
Reste que si ce Grand débat a finalement plutôt bien fonctionné, il n’est pas dit qu’il suffise à restaurer la confiance entre les Gilets jaunes, leurs soutiens et le gouvernement. « Nous avons viré Sarkozy et Hollande et élu Macron sur la base d’un contrat électoral qu’il ne respecte pas. C’est un menteur », lancera ainsi un citoyen. Un autre appellera à « sortir de l’hypocrisie » avant d’estimer que « là, en trois mois, on va régler tous les problèmes ? Ce n’est pas sérieux. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
* La loi de Godwin est une règle empirique énoncée en 1990 par Mike Godwin, d'abord relative au réseau Usenet, puis étendue à l'Internet : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1. »
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Un cahier de doléances est toujours disponible à l’accueil de la mairie. Une adresse mail a également été mise en place par l’Agglo du Gard rhodanien : cahierdedoleances@gardrhodanien.com.
Les Gilets jaunes organiseront, selon eux, un « vrai débat » ce vendredi 15 février à 18 heures à la salle multiculturelle de Bagnols.