BEAUCAIRE Le retour très attendu de la foire de l'Ascension
Après deux années d'annulation - chose qui n'était jamais arrivée, même en pleine période de peste - la foire de l'Ascension a fait son grand retour à Beaucaire ce jeudi 26 mai.
Plus de 200 exposants ont investi Beaucaire, le long du quai du Général-de-Gaulle, au boulevard du Maréchal-Foch jusqu'à celui du Maréchal-Joffre, ce jeudi 26 mai. Un retour après deux années d'absence, certains avaient même réservé leur emplacement "six mois à l'avance", d'après Alberto Camaione, adjoint au maire délégué aux Commerces. Sur les étals, il y en avait pour tous les goûts.
Des produits du terroir - fromages, vins, miels etc - aux gourmandises plus exotiques, des vêtements, des chaussures, des bijoux, du linge de maison et autres objets de décoration. Tous les publics y ont trouvé leur compte, surtout ravis de retrouver l'ambiance d'antan après deux années de frustration liées à la crise sanitaire. "En 2020, il n'était pas question de l'organiser et en 2021, les règles étaient si drastiques que c'était tout à fait infaisable", explique le maire, Julien Sanchez, achevant de déguster sa barbe à papa acidulée du Pastel.
Ces deux années passées sont une exception dans l'histoire de cette foire de l'Ascension qui remonte pourtant à la fin du XIIe siècle. Jusqu'au XVIIIe siècle, cet événement durait une semaine. "Puis elle est tombée en désuétude, il faut dire qu'au XVIIIe siècle, la foire la plus importante à Beaucaire était celle de juillet", indique Maurice Contestin, professeur d'histoire à la retraite, auteur et membre fondateur de la Société d'histoire et d'archéologie de Beaucaire. La foire de l'Ascension n'avait en effet pas le même volume que celle de la Madeleine.
"C'était une foire locale à retombées parfois régionales mais pas au-delà. Alors que la Madeleine était une foire nationale et même internationale", ajoute-t-il. Autrefois, on y trouvait des produits de première nécessité qui servaient aux travaux dans les champs, mais aussi de la poterie et des animaux. Elle se tenait exclusivement dans la partie nord-ouest de la ville dans le quartier de la Porte de la Croix alors qu'aujourd'hui, cette foire s'étend du canal au boulevard Maréchal-Foch jusqu'à celui du Maréchal-Joffre.
La peste de 1720 qui durera jusqu'à la fin de 1722 n'empêchera pas la tenue de la foire de l'Ascension contrairement à celle de la Madeleine. "Logiquement, en temps de peste, il n'y a pas de foire. Celle de la Madeleine a été suspendue et les Beaucairois ont dû se serrer la ceinture et ont été conduits à vivre un confinement pendant deux ans. Néanmoins, les Consuls ont décidé en 1721, 1722 de tenir la foire de l'Ascension, alors qu'il était interdit de commercer à cette époque", insiste Maurice Contestin. Une exception pour des raisons économiques et comme on le comprend aujourd'hui. Il y avait déjà en ce temps une sorte de pass sanitaire, nommé le billet de santé, tamponné du cachet de la ville d'où les personnes venaient. Les marchandises devaient également porter un plomb aux armes de la ville.
Stéphanie Marin