Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 23.02.2022 - abdel-samari - 2 min  - vu 794 fois

ÉDITORIAL Avortement : un long parcours législatif pour rallonger les délais

Photo d'illustration DR

Le 26 novembre 1974, à la tribune d'une l’Assemblée nationale composée principalement d'hommes, Simone Veil, ministre de la Santé, demande l'adoption d'une loi donnant droit aux femmes d'avorter. Elle obtiendra gain de cause. Presque 50 ans plus tard, les députés devraient adopter définitivement ce mercredi la proposition de loi allongeant le délai légal de recours à l’avortement. Il passerait ainsi de 12 à 14 semaines de grossesse. Un texte qui fait écho à deux actualités dans le monde. D'abord en Colombie où, dans un arrêt rendu lundi 21 février, la Cour constitutionnelle colombienne a autorisé les femmes à avoir recours à l’avortement pour n’importe quel motif jusqu’au sixième mois de gestation. Et en Chine où, au contraire, l’association pour le planning familial a annoncé son intention "d'intervenir" afin de contribuer à réduire le nombre d’avortements auprès des femmes non mariées et des adolescentes. En France, en 2022, cette avancée sociale pour la protection des femmes s'est étonnamment heurtée à un long parcours législatif. Pourtant, cet allongement a pour but de répondre aux difficultés rencontrées par quelques milliers de femmes qui, chaque année, veulent avorter mais ne le peuvent pas parce qu’elles ont dépassé le délai légal des 12 semaines de grossesse. Quelques-unes renoncent ou traversent les frontières françaises. Pour se rendre notamment au Pays-Bas où l'IVG est autorisé jusqu'à 22 semaines. Alors qu'il avait été adopté en première lecture à l'Assemblée nationale en octobre 2020, le Sénat dominé par la Droite avait rejeté le texte. En février 2021, rebelote : une flopée d'amendements de plusieurs députés Les Républicains, hostiles, n'avait pas permis un débat serein. Finalement, et malgré les réserves du président de la République, Emmanuel Macron, et de son ministre de la Santé, Olivier Véran, peu enclin à une modification des dispositions légales, Christophe Castaner, patron des députés La République en marche à l'Assemblée nationale, a assumé. Loin des fantasmes. Et des pressions. Le représentant des parlementaires s'attache à répondre simplement à une réalité quotidienne. Point. Par son adoption définitive, cette loi repose le cadre : l'avortement est un droit, ce n'est pas un gadget comme certains veulent le faire croire. C'est avant tout une souffrance... Pour de nombreuses femmes qui n'ont pas vraiment le choix.

Abdel Samari

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