ÉDITORIAL CHU de Nîmes : prudence est mère de sûreté
Le directeur du centre hospitalier universitaire de Nîmes est au coeur d'une enquête préliminaire engagée en décembre dernier par le parquet national financier. Cette enquête porte sur des faits de corruption et de favoritisme et concerne la période allant de 2015 à 2018, lorsqu'il dirigeait le centre hospitalier Annecy Genevois et qu'un marché de 47 millions d'euros avait été passé avec le géant du BTP Eiffage "pour une extension-restructuration de l’établissement annécien", comme évoqué par nos confrères de l'Essor Savoyard. Mais alors qu'une perquisition s'est déroulée récemment au sein même de l'hôpital nîmois, que l'enquête suit son cours et que rien n'a filtré sur de possibles rebondissements judiciaires, la communauté médicale de l'établissement de santé associée à une trentaine de cosignataires a semble-t-il trouvé nécessaire d'apporter son soutien inconditionnel à son patron via un communiqué. "La communauté médicale souhaite réaffirmer sa totale solidarité et son entière confiance au directeur général dans ses actions pour le CHU. Elle entend continuer à travailler à ses côtés, en liens étroits, afin de consolider la dynamique de développement du CHU, engagée depuis le début de son mandat fin 2018, au bénéfice des patients et de toute la population du territoire", détaille ce dithyrambe un peu surprenant tant la prudence inciterait à attendre la suite des événements et les résultats de l'enquête. Mais pour les Sherlock Holmes en blouse blanche, qui auraient pu ou dû s'engager dans la police, la réputation de l'établissement semble prendre le pas sur le recul nécessaire. Si à ce stade le directeur de l'hôpital nîmois bénéficie légitimement de la présomption d'innocence, encore davantage alors qu'il n'a même pas été entendu par le parquet national financier ni mis en examen, on peut s'étonner de cette prise de parole qui pourrait instiller le doute. Faire bloc comme un geste salutaire mais vouloir imiter une société de la communication et de l'information qui veut quelques fois aller bien trop vite, pourrait finalement se retourner contre les auteurs.
Philippe GAVILLET de PENEY