Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 25.06.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 771 fois

FAIT DU JOUR Anthony Cellier : « on n’est pas élus pour ne faire que des mesures populaires »

Anthony Cellier, 43 ans, faisait partie il y a un an de ces « néo députés » venus du privé. Même si le Bagnolais s’était déjà frotté à la politique comme simple conseiller municipal.
Le député de la troisième circonscription du Gard, Anthony Cellier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Élu député de la troisième circonscription (Bagnols, Villeneuve, Remoulins), il a pris le parti de s’emparer de la thématique énergétique, obtenant un des tous premiers Contrats de transition énergétique pour sa circonscription. Il tire le bilan de cette première année d’un mandat auquel il a pris goût.

Objectif Gard : voici un an que vous avez été élu député. Vous vous souvenez de votre vie d’avant ? Elle ne vous manque pas trop ?

Anthony Cellier : elle est quand même très loin, effectivement. Si elle me manque ? Non car j’ai l’impression que celle que je vis aujourd’hui est tellement riche que ne je peux pas regarder en arrière.

Votre collègue députée de la quatrième circonscription, Annie Chapelier, a évoqué récemment dans une interview ses semaines « de 100 heures ». C’est aussi votre cas ? Ça risque d’être long, cinq ans à ce rythme…

Je suis incapable de dire ce que ça représente en volume horaire, je ne me suis pas amusé à compter. Je n’ai pas l’habitude de dire que je travaille trop. J’ai tendance à dire que je ne suis pas surpris. Ça correspond aux engagements pris dans le programme. Ne sont surpris que ceux qui ne croyaient pas qu’on allait faire ce qu’on a dit qu’on ferait. On respecte le programme, on rompt avec une mauvaise habitude, celle d'établir un programme et de ne jamais aller jusqu’au bout en prenant des prétextes. Là, pour nous prendre en défaut sur la continuité de nos engagements, il va falloir être bon ! On n'aura réalisé des choses qu’à partir du moment où l'on aura touché le quotidien des Français, donc dès le départ il faut y aller. On a un programme. Il sera tenu et pour le tenir il faut s’inscrire dans un calendrier, y compris en travaillant plus. C’est le contrat passé avec les Français.

« Pour nous prendre en défaut sur la continuité de nos engagements, il va falloir être bon ! »

Si vous deviez garder un seul moment de cette première année ?

(Il réfléchit) Il y a tellement de choses, mais je dirais la cérémonie aux Invalides pour Simone Veil, un moment d’histoire. Simone Veil représente un pan entier de notre histoire, donc participer à ce moment là, c’était très fort.

Vous vous êtes rapidement positionné sur la thématique de l’énergie. Ça restera la thématique du mandat ?

Oui, car maintenant je fais partie de la dizaine de députés identifiés sur ce sujet et que c’est une thématique intéressante, qui a un impact fort sur les années à venir. C’est important au niveau de l’indépendance énergétique du pays, du pouvoir d’achat des Français, dans les partenariats avec nos voisins européens, pour l’environnement, la société, la recherche et le développement. C’est vraiment une thématique transversale, qui touche l’ensemble des ministères.

« Le Contrat de transition écologique, on ne l’aurait pas eu si je ne m’étais pas intéressé à l’énergie »

Certes, mais est-ce vendeur politiquement ? D’autres élus préfèrent s’emparer de sujets plus polémiques.

Les Français ne sont pas complètement dupes des prises de paroles de certains qui ne sont que des prétextes pour attirer l’oeil des journalistes. C’est peut-être moins vendeur, mais ça a un impact au quotidien. Et le Contrat de transition écologique, on ne l’aurait pas eu si je ne m’étais pas intéressé à l’énergie.

À ce propos, il sera signé quand ce Contrat de transition écologique ?

On a la conférence des territoires à la mi-juillet. Les fiches actions sont remontées. La contractualisation sur le territoire sera pour la fin de l’été, début septembre.

D’ici moins d’une semaine, la vitesse maximale autorisée sur les routes départementales à double sens sans séparateur central passera à 80 km/h. Est-ce une bonne idée selon vous ?

Moi, les 80 km/h, du moment qu’à la fin des deux années d’expérimentation on fait un bilan qui montre qu’on a sauvé 300 ou 400 vies, OK. J’ai fait le test sur un trajet que je fais très souvent, entre Bagnols et la gare TGV d’Avignon et je suis arrivé exactement à la même heure. On expérimente et on fera le point. Dont acte.

« Le populisme, on en a déjà assez à l’Assemblée nationale »

Cette mesure ne semble pas très populaire, surtout dans les territoires ruraux...

On n’est pas élus pour ne faire que des mesures populaires. Le populisme on en a déjà assez à l’Assemblée nationale. Pour tout dire, je suis inquiet de ce qui se passe en Europe et outre-Atlantique. Face à cela, les représentants politiques doivent envoyer des signaux rassurants. L’Europe n’a jamais été autant prise en défaut qu'aujourd’hui.

Vous êtes cinq députés sur les six du département à faire partie de la majorité mais on n’a pas l’impression que vous formiez une équipe. On se trompe en disant cela ?

Si former une équipe c’est se voir régulièrement, représenter quelque chose de collectif, effectivement on ne fait pas équipe. Mais ce n’est pas comme ça que je vois le travail collaboratif. Je m’appuie sur les autres députés dans leur champ de compétence. Dernièrement, sur la question des sangliers, je suis allé voir Olivier Gaillard (député de la 5ème circonscription, ndlr), sur le handicap je vais voir Philippe Berta (député de la 6ème, ndlr), Annie Chapelier sur le travail législatif sur les femmes, notamment la loi Schiappa. Quant à Françoise Dumas (députée de la 1ère, ndlr), elle est souvent en déplacement, alors on se voit moins. J’ai des rapports cordiaux avec tout le monde.

Il y a un an vous étiez simple conseiller municipal, aujourd’hui vous êtes député. Et demain ?

Je ne dirai pas que continuer ce mandat dans quatre ans ne m’intéresse pas. J’aime être au coeur de la vie politique du pays. Ça me dérange quand on dit qu’on ne fera pas d’autre mandat.Ça envoie un drôle de message. Il n’est pas sale de vouloir continuer ce que j’ai commencé à faire et ce n’est pas être carriériste. Je fais le job avec tout mon coeur et mon énergie avec le sens de l’intérêt général. Plus localement, j’aime Bagnols. C’est important pour nourrir la réflexion parlementaire et je n’ai pas de raison de ne pas vouloir poursuivre. Mais concernant tout ça, ce n’est pas moi qui décide, ce sont les électeurs.

Propos recueillis par Thierry Allard

Thierry Allard

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