FAIT DU JOUR Gaz de schiste : Total bientôt autorisé à explorer ?
Une nouvelle menace plane sur les anti-gaz de schiste. Fin janvier, Total pourrait récupérer le "permis de Montélimar" qui autoriserait le groupe pétrolier à explorer les sous-sols de plusieurs départements, dont celui du Gard.
En France, la loi du 13 juillet 2011 interdit la fracturation hydraulique, un procédé qui permet d'extraire du pétrole ou du gaz piégés dans des forages. Suite à cette interdiction, Total, qui a plus d'un tour dans son sac, a proposé une autre méthode : la stimulation électrique. Mais, cette dernière n'a pas convaincu les autorités qui ont préféré abroger, en octobre 2011, le permis dit "de Montélimar"*. Cinq ans plus tard, le temps a passé et il semble jouer en faveur du groupe pétrolier qui pourrait, d'ici fin janvier, récupérer son permis d'explorer.
En effet, l'avis rendu par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, le 8 janvier dernier, redonne de l'espoir à Total. Le rapporteur estime que sa requête est recevable puisque le groupe dirigé par Patrick Pouyanné assure qu'il n'utilisera pas la fracturation hydraulique. Et l'éventuelle bénédiction de la justice fait craindre le pire à certains. Pour Sébastien Espagne, membre du collectif Basta!Gaz, la technique de stimulation électrique déstabilise autant les couches géologiques : "C'est une grosse décharge électrique qui permet de fissurer la roche et dont les conséquences écologiques sont les mêmes que pour la fracturation. On augmente également le risque de séismes avec de fortes magnitudes".
"Une aberration" pour Fabrice Verdier
Fabrice Verdier, député du Gard, ne dit pas le contraire : "Réattribuer ce permis serait une aberration au regard des engagements pris par l’État lors de la COP21 pour lutter contre le réchauffement climatique puisque l’exploitation des gaz de schiste engendrerait quoi qu’il arrive de fortes émissions de CO2". L'élu de l'Assemblée nationale demande d'ailleurs au gouvernement que la loi du 13 juillet 2011 soit consolidée puis inscrite au sein du code minier. Devant tant de controverses, le PDG de Total a déclaré sur Europe 1, pour calmer le jeu : "Je n'ai pas envie de passer en force sur ce sujet-là. Si la collectivité nationale ne souhaite pas qu'on fasse d'exploration de gaz de schiste, nous ne le ferons pas".
Malgré le discours de Pouyanné, le collectif, méfiant, continue la bataille. Il prévoit un grand rassemblement regroupant citoyens et élus, le dimanche 28 février à Barjac. "Nous exigerons du gouvernement qu’il interdise définitivement toute exploration et exploitation de gaz et pétrole de schiste et autres hydrocarbures non conventionnels. Il faut laisser les énergies fossiles dans le sous-sol", assène Sébastien Espagne. Les anti, eux, loin d'être des fossiles, n'entendent pas rester en sous-sol.
*Le permis de Montélimar concerne l'Ardèche, le Gard, le Vaucluse, l'Hérault et la Drôme.
Élodie Boschet